Alors que le Bureau national du Parti socialiste s’apprête à adopter le texte de l’accord avec Europe Ecologie-Les Verts, une dizaine d’activistes de Greenpeace et 4 véhicules bloquaient, hier à 16h45, la rue de Solférino, où se trouve le siège du PS. Greenpeace interpellait la direction du PS et son candidat à l’élection présidentielle, qui refusent de s’engager sur une sortie du nucléaire.
« Si cet accord est adopté par EELV et le PS, et si les socialistes s’entêtent dans leur refus de stopper l’EPR de Flamanville, il est clair que François Hollande ne sera pas le candidat du changement ni celui du rassemblement », commente Karine Gavand, chargée des questions politiques à Greenpeace France.
Bonne nouvelle : l’arrêt du retraitement et de la production de Mox
Pour Greenpeace, la bonne nouvelle de cet accord, c’est l’engagement en faveur d’un arrêt du retraitement des déchets nucléaires et de la production de Mox, combustible très dangereux. Le PS et EELV pourraient ainsi mettre un terme à l’industrie du plutonium, spécificité française très controversée sur la scène internationale, ainsi qu’aux transports de matières sensibles et dangereuses.
« En cas d’élection de François Hollande en mai 2012, cet accord l’engagerait à supprimer le maillon de la chaîne du nucléaire le plus polluant, le plus dangereux et le plus risqué en termes de prolifération », poursuit Karine Gavand.
Fausse bonne nouvelle : la prolongation de la durée de vie des réacteurs
L’accord entre EELV et le PS prévoit la fermeture de 6 centrales nucléaires et 24 tranches d’ici à 2025. Ce serait l’objectif à atteindre pour obtenir 50 % de nucléaire dans le mix électrique dans ce laps de temps. Or ce pourcentage est déterminé par le niveau de la consommation d’électricité en 2025, qui reste une grande inconnue dans le projet d’accord PS-EELV. Et cette proposition implique la prolongation des réacteurs au-delà de leur durée de vie prévue : 54 réacteurs au-delà de 30 ans, et 13 au-delà de 40 ans.
« À première vue, la démarche enfin engagée de fermeture de réacteurs nucléaires semble une bonne chose, constate Karine Gavand. Mais à y regarder de plus près, elle manque de cohérence et de consistance. Et surtout, elle implique la prolongation de la durée de vie de nombreux réacteurs. C’est une décision inacceptable après l’accident nucléaire de Fukushima, qui a prouvé encore que le nucléaire sûr n’existe pas. »
Mauvaise nouvelle : le syndrome de l’erreur persistante sur l’EPR de Flamanville
Greenpeace tient à rappeler que l’arrêt de l’EPR de Flamanville n’est ni un caprice d’écologistes, ni une demande symbolique. Si le chantier se poursuit, il mobilisera des financements nécessaires à la transition énergétique, que le candidat socialiste appelle pourtant de ses vœux, et entravera le développement des renouvelables.
« Mettre en service ce réacteur du siècle dernier, c’est prolonger la “nucléocratie française”, ouvrir la porte à d’autres EPR aussi dangereux et coûteux et enchaîner la France au nucléaire pour au moins les 60 années à venir », explique Karine Gavand.
Les problèmes de sécurité et de sûreté ont été à maintes reprises soulignés non seulement par Greenpeace, mais aussi par l’Autorité de sûreté nucléaire. Au-delà des nombreuses malfaçons, ce réacteur ne tient aucunement compte des leçons de la catastrophe de Fukushima. Quant aux arguments économiques, ils ne résistent pas à l’épreuve des faits : son coût a déjà doublé et risque encore d’exploser dans les années à venir, en faisant la technologie nucléaire la plus chère sur le marché de l’énergie.
« Nous ne comprenons pas l’obstination de François Hollande à poursuivre ce projet. Le candidat socialiste ne doit pas s’enfermer dans une posture de prétendue fermeté qui confine au syndrome de l’erreur persistante. Tout indique qu’une attitude crédible et responsable consisterait à arrêter de ce chantier », conclut Karine Gavand.