ANASE. Il faut mettre fin à la discrimination dont sont victimes les femmes en vue d’améliorer la santé maternelle


L’association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) doit prendre des mesures de toute urgence afin que tous ses États membres puissent réaliser les cibles inscrites dans les Objectifs de développement du millénaire (OMD) en ce qui concerne la santé en matière de sexualité et de procréation des femmes et des jeunes filles, écrit Amnesty International vendredi 14 octobre dans une nouvelle synthèse.

Ce document, intitulé Making the fair choice: Key steps to improve maternal health in ASEAN, fondé sur des études de cas en Indonésie et aux Philippines, est rendu public alors que la Commission intergouvernementale des droits humains de l’ANASE se réunit à Manille pour débattre des moyens d’améliorer la santé maternelle dans les 10 États de la région.

« Il est très décevant que certains pays de l’ANASE soient en passe de faillir à leurs promesses de faire baisser la mortalité maternelle, alors qu’ils s’y sont engagés il y a tout juste un an, a indiqué Aurora Parong, directrice de la section philippine d’Amnesty International.

« C’est l’occasion pour l’ANASE de faire en sorte qu’aucun de ses États membres ne soit à la traîne lorsque la vie des femmes est en jeu. Au niveau international, l’une des manifestations les plus criantes de la discrimination qui touche les femmes et les jeunes filles est le nombre élevé de décès évitables liés à la maternité. »

Amnesty International a demandé aux États membres de l’ANASE de supprimer les obstacles à la santé en matière de sexualité et de procréation des femmes et des jeunes filles qui mettent leur vie en péril, en particulier d’en finir avec les lois et les politiques discriminatoires et de faire évoluer les attitudes et les pratiques des professionnels de la santé.

En 2010, les États de l’ANASE se sont engagés à améliorer l’accès aux services de santé sexuelle et de procréation et à des méthodes de planification familiale qui soient sûres.

Il est peu probable que les Philippines atteignent leur objectif fixé dans le cadre des OMD consistant à faire baisser le taux de mortalité maternelle de 94 à 52 pour 100 000 naissances d’enfants vivants. L’accès à la contraception est restreint et les politiques gouvernementales privilégient les méthodes de planning familial « naturelles », non fiables, comme le retrait du partenaire pendant le rapport sexuel.

En Indonésie, pour 100 000 naissances d’enfants vivants, 228 femmes perdent la vie. Le gouvernement indonésien a reconnu en 2010 qu’il n’atteindrait pas l’objectif visant à réduire la mortalité maternelle à 102 pour 100 000 naissances d’enfants vivants d’ici 2015.

En Indonésie, l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive est fortement entravé en droit et dans la pratique. Les femmes doivent obtenir l’accord de leur époux pour bénéficier de méthodes ou traitements contraceptifs, ce qui rend ces méthodes inaccessibles aux femmes non mariées et aux jeunes filles, et les restreint pour les femmes mariées.

Quant à l’avortement, il est érigé en infraction dans la plupart des cas en Indonésie et en toutes circonstances aux Philippines.

« Il est navrant de constater que les femmes sont confrontées à autant d’obstacles pour exercer leurs droits. Limiter l’accès à la contraception conduit à des grossesses non désirées et concourt aux dizaines de milliers de cas d’avortements clandestins pratiqués dans de mauvaises conditions qui représentent le premier risque pour la santé des femmes », a expliqué Aurora Parong.

Le gouvernement philippin débat actuellement d’une loi sur la procréation, déjà présentée en 1999, qui vise à améliorer l’information et l’accès aux services de santé sexuelle, reproductive et maternelle. Il s’engage également à faire une priorité de l’accès aux services de santé pour les femmes et les enfants vivant dans la pauvreté.

« Le temps n’est plus aux belles paroles ni aux déclarations de politique vides de sens. Les pays de l’ANASE doivent se déclarer résolus non seulement à adopter des lois, mais aussi à les mettre en œuvre, a poursuivi Aurora Parong.

« Ils doivent réviser les lois et politiques discriminatoires et former les professionnels de santé et les citoyens afin d’initier un changement dans les comportements envers les femmes et les jeunes filles.

« C’est le seul moyen d’obtenir un réel changement en ce qui concerne les taux de mortalité maternelle et la santé en matière de sexualité et de procréation des femmes dans les pays membres de l’ANASE. »

Complément d’information
Making the fair choice: Key steps to improve maternal health in ASEAN est une synthèse qui s’appuie sur le travail de recherche qu’a mené Amnesty International dans le cadre de sa campagne mondiale Exigeons la dignité, au sein de laquelle la santé maternelle et les droits en matière de sexualité et de procréation des femmes et des jeunes filles occupent une place prépondérante.

En 2010, Amnesty International a publié Left without a choice: Barriers to reproductive health in Indonesia, rapport qui met en lumière les multiples obstacles auxquels se heurtent les femmes et les jeunes filles pour exercer leurs droits sexuels et reproductifs en Indonésie.

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