Au lendemain du 1e tour de la primaire du Parti socialiste, Greenpeace revient sur les engagements des deux candidats toujours en lice, leur vision de la transition énergétique et plus spécifiquement de l’avenir du nucléaire en France, ligne de fracture entre Martine Aubry et François Hollande.
“Le premier débat télévisé a montré que la sortie du nucléaire est un sujet de désaccord dur entre les deux vainqueurs du premier tour de la primaire. Elle sera au cœur de la campagne électorale. L’opinion des français a évolué depuis l’accident de Fukushima : une majorité se prononce pour une sortie du nucléaire“rappelle Karine Gavand, chargée des questions politiques pour Greenpeace France.
François Hollande : l’attentisme ou le choix du non-choix
François Hollande entretient le flou sur son scénario de transition énergétique, tout en prétendant à force de chiffres et de pourcentages être le plus précis. Le candidat socialiste veut que la France fasse les mêmes efforts que son voisin allemand en réduisant la part du nucléaire français de 75% à 50% du mix électrique d’ici à 2025. Mais un pourcentage sans dénominateur ne veut rien dire. Personne ne peut dire à quoi correspondrait cet effort, notamment combien de réacteurs devraient être fermés.
“L’objectif de 50% et l’échéance de 2025 sont des slogans imprécis qui masquent un manque de vision et de volonté de changement pour le secteur énergétique français“explique Karine Gavand.
Dans l’hypothèse d’une consommation stable, un tel scénario impliquerait la prolongation de la durée de vie de 15 réacteurs, ou la construction de 10 nouveaux EPR. Ce sont jusqu’à 100 milliards d’euros de moins pour développer l’efficacité énergétique, les renouvelables et autant de risques nucléaires qui pourraient être évités. Il est à noter que ce scénario du candidat François Hollande est également à l’étude dans la Commission Energies 2050 du Ministre UMP de l’industrie Eric Besson.
“Il est temps d’engager un pays, ses industries, sa recherche, sur une trajectoire claire. La transition énergétique, et donc la sortie du nucléaire, doivent être amorcées dès 2012. La vieillesse de nos centrales, l’épuisement des ressources en pétrole, la crise climatique nous placent à la croisée des chemins“poursuit Karine Gavand.
Martine Aubry : engagée pour une sortie indéterminée
Martine Aubry, engagée sur le principe d’une sortie du nucléaire, devient de plus en plus énigmatique sur la date de cette sortie. Si elle avait affirmé en mars dernier qu’il était possible de sortir du nucléaire en 20 à 30 ans, il n’en est plus rien aujourd’hui.
“Martine Aubry dit vouloir voir naître la génération de l’après-nucléaire. Une ambition aussi floue pourrait nous amener à une sortie du nucléaire dans 70 ans !“rajoute Karine Gavand Ce rétropédalage de la candidate socialiste s’explique certainement par son refus de se positionner clairement sur l’avenir du chantier de Flamanville.
“Martine Aubry doit choisir. Soit elle veut sortir du nucléaire, soit elle veut mettre en service l’EPR de Flamanville »
Arnaud Montebourg : le flou artistique
Arnaud Montebourg, le potentiel “faiseur de roi », est celui qui défend le concept le plus flou sur le nucléaire, une énergie “dépassable” selon lui. S’il évoque la nécessité de nous défaire de notre toxicomanie énergétique, il ne parle que d’une réduction de la part du nucléaire entre 2012 et 2017, sans fixer aucun objectif chiffré, ni proposer aucune vision au-delà de 2017.
Les candidats encore en lice devraient avant tout écouter les sympathisants du PS, à 86% favorables à une sortie du nucléaire (sondage Ifop pour le JDD, juin 2011).