Le meurtre de 29 musulmans chiites dans la province du Baloutchistan, au Pakistan, met en lumière l’incapacité des autorités pakistanaises à faire face aux violence interconfessionnelles dans le pays, a déclaré Amnesty International mercredi 21 septembre.
Mardi 20 septembre, 26 pèlerins chiites qui se rendaient en Iran ont été alignés devant leur bus et abattus à Mastung, au Baloutchistan. Trois autres personnes ont été tuées alors qu’elles tentaient de conduire les victimes de cette attaque à l’hôpital de Quetta, la capitale de la province. Lashkar-e-Jhangvi, groupe extrémiste anti-chiite, a revendiqué ces meurtres.
« Depuis le début de l’année, des attaques de ce genre se sont déroulées dans tout le pays et se sont multipliées au Baloutchistan. Il ne s’agit pas de meurtres perpétrés au hasard, mais bien d’homicides imputables à des groupes armés prenant délibérément pour cibles des chiites, a indiqué Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.
« Ces dernières décennies, on assiste régulièrement à des affrontements armés entre les groupes militants sunnites et chiites, mais les attaques récentes ont surtout visé des chiites non armés, chez eux, dans des magasins, pendant leurs déplacements, voire sur leurs lieux de culte.
« Il est très inquiétant de constater qu’il s’agit de plus en plus de pèlerins chiites, comme les victimes du 20 septembre. Ces agissements démontrent que, en l’absence de mesures urgentes et globales prises par le gouvernement, les chiites ne seront nulle part en lieu sûr, a poursuivi Sam Zarifi.
« Le mois sacré de mouharram, qui débute fin novembre, est particulièrement important pour les chiites et c’est une période à très haut risque pour eux, souvent émaillée de violences interconfessionnelles. Les autorités pakistanaises doivent garantir qu’elles sont prêtes à protéger tous leurs citoyens, quelle que soit leur appartenance religieuse. »
En 2011, Amnesty International a recensé pas moins de 15 attaques ayant pris délibérément pour cibles des musulmans chiites dans le pays, de Quetta dans l’ouest en passant par la zone tribale de Kurram, à la frontière nord-ouest avec l’Afghanistan, jusqu’à la province centrale du Pendjab et la ville de Karachi, dans le sud.
« Les gouvernements successifs manquent de détermination pour faire face aux menaces de plus en plus explicites auxquelles sont exposés les chiites, menaces émanant de groupes comme Lashkar-e-Jhangvi, qui opère ouvertement au Pendjab et à Karachi, et frappe semble-t-il ses victimes à sa guise au Baloutchistan et dans d’autres régions du pays, a indiqué Sam Zarifi.
« Depuis trop longtemps, le gouvernement pakistanais et les forces de sécurité ont renoncé à leur responsabilité de défendre chacun au sein de la société contre cette forme meurtrière de discrimination.
« L’incapacité persistante des autorités à remédier aux violences interconfessionnelles ne fera qu’accélérer l’effondrement général de l’ordre public au Pakistan. Seules des mesures d’urgence visant à protéger les droits de tous et à traduire les responsables présumés en justice dans le cadre de procès équitables respectant les normes internationales pourront enrayer le processus. »