Jeudi soir l’avenir du nucléaire en France a été l’un des éléments qui a suscité le plus de débats entre les six candidats à la primaire du Parti socialiste: « Greenpeace se félicite d’entendre les candidats à la primaire socialiste débattre de l’avenir énergétique de la France, note Karine Gavand, chargée des questions politiques à Greenpeace France. Mais aucun d’entre eux n’a encore fait un choix clair et ferme en faveur d’une sortie du nucléaire, qui implique notamment l’arrêt du chantier de l’EPR de Flamanville ».
Sortir du nucléaire ou non, il faut choisir
Greenpeace constate une réelle démarcation entre les candidats comme Martine Aubry ou Ségolène Royal, qui se positionnent fermement pour une sortie du nucléaire, et ceux qui s’y refusent, tels que François Hollande ou Arnaud Montebourg : « La décision politique de sortie du nucléaire est absolument fondamentale pour faire sauter le verrou qui bloque le développement de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, constate Karine Gavand.
Il est trop facile de se réfugier derrière l’argument qui consiste à dire qu’il est impossible de s’engager sur des promesses à 20 ou 30 ans. C’est précisément ce qui a été fait en Allemagne : une décision politique de sortie du nucléaire qui a envoyé un signal fort aux acteurs industriels qui ont pu investir en toute sécurité dans la maîtrise de la demande énergétique et les renouvelables.
Sortir du nucléaire, à quelle échéance ?
Si l’on ne se borne, comme l’envisage François Hollande ou Manuel Valls à réduire de 25% la part du nucléaire d’ici à 2025, et même si l’on envisage, comme Ségolène Royal, une sortie du nucléaire en 40 ans, il faudra investir des milliards d’euros dans la prolongation de la durée de vie des réacteurs en service ou dans la construction de nouveaux réacteurs.
« Ce sont potentiellement 15 à 50 milliards d’euros qui manqueront cruellement pour faire de la France, comme ils prétendent tous le vouloir, une championne des énergies renouvelables » poursuit Karine Gavand.
L’EPR de Flamanville, le marqueur d’une réelle sortie du nucléaire
Autre sujet de débat entre les candidats à la primaire socialiste, la poursuite du chantier de l’EPR de Flamanville, dont le cout minimum est évalué à 6 milliards d’euros, avec un temps de construction qui s’approche des 10 ans.
« Il est hypocrite de prétendre vouloir sortir du nucléaire tout en défendant l’EPR de Flamanville, constate Karine Gavand. Soit l’EPR est utilisé 60 ans, comme prévu, et dans ce cas il n’est absolument pas rentable de maintenir pour un seul réacteur tout le système nucléaire de la production du combustible à la sûreté des installations ; soit il est stoppé en même temps que les dernières centrales en fin de vie, ce qui rend l’investissement aussi peu rentable. « Dans tous les cas, l’EPR de Flamanville mobilise inutilement le capital nécessaire au développement d’autres technologies plus efficaces en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec des temps de développement plus courts… ».
Or tous les candidats, ou presque, jugent nécessaire de mettre en service ce réacteur, le plus puissant donc le plus dangereux au monde.
« La question de l’EPR de Flamanville illustre la sincérité des positions des candidats socialistes sur le nucléaire. Et nous nous inquiétons des propos tenus par Martine Aubry, contradictoires et flous, sur le chantier de Flamanville : ‘ On le fait… on attend…’ Il est temps pour la candidate socialiste qui se targue de défendre la position la plus claire sur l’avenir du nucléaire de préciser sa position ! »