Un journaliste radio irakien connu pour son franc-parler a été abattu chez lui


L’homicide d’un éminent journaliste radio à Bagdad met en lumière l’incapacité des autorités irakiennes à protéger les journalistes contre les menaces et les violences dont ils font l’objet, a déclaré Amnesty International vendredi 9 septembre.

L’homicide d’un éminent journaliste radio à Bagdad met en lumière l’incapacité des autorités irakiennes à protéger les journalistes contre les menaces et les violences dont ils font l’objet, a déclaré Amnesty International vendredi 9 septembre.

Hadi al Mahdi, 44 ans, a reçu deux balles dans la tête à son domicile, dans le quartier de Karrada, à Bagdad, jeudi 8 septembre, alors qu’il prévoyait d’assister à une manifestation place Tahrir le lendemain.

Selon ses amis, il craignait pour sa vie après avoir reçu une série de menaces ces dernières semaines.

« Les journalistes continuent de payer le prix fort dans le contexte des violences qui secouent l’Irak. Des attaques à caractère politique comme celle-ci ne doivent plus être tolérées, a indiqué Philip Luther, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Les autorités irakiennes doivent condamner avec fermeté le meurtre de Hadi al Mahdi, mener une enquête approfondie afin d’identifier les assassins et les traduire en justice. Elles doivent aussi veiller à ce que les journalistes visés par des menaces bénéficient d’une protection adéquate, s’ils en font la demande. »

Hadi al Mahdi était un opposant politique qui ne mâchait pas ses mots ; dans son émission populaire To Whoever Listens sur Radio Demozy, il traitait d’un grand éventail de sujets. Il n’épargnait aucun responsable politique, quelle que soit sa tendance, et son analyse était qualifiée d’irrévérente et de spirituelle, s’inspirant de son expérience du théâtre.

Des représentants du gouvernement du président Nuri al Maliki se seraient plaints à Radio Demozy au sujet de l’émission.

Hadi al Mahdi a cessé de la diffuser sur les ondes il y a près de deux mois, semble-t-il parce qu’il craignait pour sa sécurité.

En début de semaine, Hadi al Mahdi avait relayé via des sites de médias sociaux des informations sur une manifestation organisée le 9 septembre place Tahrir, à Bagdad, où il avait participé à des rassemblements chaque semaine ces derniers mois.

Quelques heures avant qu’il ne soit tué à la veille de la manifestation, il a publié une note sur Facebook dans laquelle il écrivait qu’il se sentait en danger :

« J’ai passé les trois derniers jours dans un état de terreur. Certaines personnes m’appellent et me mettent en garde contre les descentes de la police et les arrestations de manifestants. Quelqu’un me dit que le gouvernement va faire ceci et cela. Une personne sous un faux nom vient sur Facebook pour me menacer. »

Hadi al Mahdi avait relaté précédemment à Amnesty International qu’un groupe d’une quinzaine de soldats l’avaient détenu, lui et trois autres journalistes, le 25 février, à la suite de leur participation à une manifestation organisée sur la place Tahrir pour réclamer des réformes.

Ces quatre journalistes ont été détenus pendant une nuit pour être interrogés au quartier général de la 11e division de l’armée, où Hadi al Mahdi a été frappé, menacé de viol et a subi des décharges électriques, avant d’être libéré sans inculpation.

Au mois d’août, le Parlement irakien a promulgué une nouvelle loi relative à la protection juridique des journalistes, actuellement en butte à des menaces et des agressions motivées par des considérations politiques. Toutefois, la loi ne prévoit pas de mesures pour leur protection physique.

« Le meurtre de Hadi al Mahdi, un mois après l’adoption de cette nouvelle loi, met très clairement en lumière la large faille que comporte cette mesure, a conclu Philip Luther.

« Il importe que les autorités irakiennes redoublent d’efforts afin de garantir que les journalistes puissent mener leur travail en toute sécurité. »

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