Le Président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a inauguré deux nouveaux espaces publics, l’esplanade « Solidarność 1980 » et l’agora « Simone Veil », devant le bâtiment du Parlement Altiero Spinelli à Bruxelles, ce mardi. Ces espaces sont conçus pour rendre hommage à deux géants de l’Europe d’après-guerre: le syndicat polonais « Solidarnosc », dont les activités ont conduit à l’effondrement du communisme en Europe centrale, et Simone Veil, première Présidente du PE directement élu en 1979.
« Madame Simone Veil était présidente du Parlement européen lors de la création de Solidarność en Pologne. Peu nombreux étaient ceux qui pensaient alors que l’Europe allait changer si rapidement. Mais Simone Veil a été l’une des rares à faire montre de suffisamment de foi. Merci pour cela », a déclaré le Président Buzek lors de la cérémonie. Il a ajouté « il y a 25 ans nous avions l’habitude de dire en Pologne: « Il n’y a pas de liberté sans solidarité « Aujourd’hui, ici à Bruxelles, au cœur de l’Europe, nous disons: ‘Il n’y a pas d’Europe sans solidarité » (…). La valeur de la solidarité est aujourd’hui indispensable en Europe, mais aussi partout dans le monde ».
Simone Veil s’est déclarée émue du fait que l’espace en face du PE porte son nom. « Cet endroit est un symbole de la lutte contre des divisions qui sont difficiles à imaginer aujourd’hui pour les jeunes générations. Nous avons réussi ici à mettre fin à des conflits cruels et interminables. Et aujourd’hui, l’Europe peut être un modèle pour toute la planète ». Elle a également souligné que la crise financière présente un danger réel pour le modèle européen et appelé les dirigeants politiques à établir un climat de confiance dans l’UE.
Bogdan Borusewicz, Président du Sénat polonais, l’un des fondateurs de Solidarnosc, s’est référé à la lutte des nations nord-africaines pour la liberté. « Nous avons gagné notre combat grâce à l’aide de l’Europe occidentale. Nous nous sommes battus pour la liberté, les droits civils. Les personnes en Afrique du Nord se battent pour ces valeurs aujourd’hui et nous devons le leur rappeler ».
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, le Premier ministre belge Yves Leterme, l’ancien Premier ministre néerlandais Wim Kok, le Président de la Commission européenne José Manuel Barroso, l’ancien Président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering, le ministre français des affaires européennes, Jean Leonetti, le bourmestre d’Ixelles, Willy Decourty, ont également pris part à la cérémonie officielle et au dévoilement des plaques commémoratives.
L’esplanade « Solidarność 1980 » est parallèle à la rue de Trèves entre la Chaussée de Wavre et la rue Belliard. La partie centrale de l’esplanade, entre le bâtiment du Parlement européen Altiero Spinelli et la Place du Luxembourg a été nommée l’Agora « Simone Veil ».
Simone Veil : témoin, combattante pour les droits des femmes, Européenne engagée
Simone Veil est née en 1927 dans une famille juive à Nice en France. Avec sa famille, elle a été arrêtée en 1944 et envoyée dans les camps de concentration nazis d’Auschwitz-Birkenau, de Bobrek et finalement de Bergen-Belsen. Ses parents et son frère sont morts dans les camps.
Mme Veil est devenue ministre de la santé de la France en 1974 et est célèbre pour avoir mené la légalisation de l’avortement en 1975. Entre 1979 et 1982, elle a présidé le premier Parlement européen directement élu au suffrage universel et est restée députée européenne jusqu’en 1993, avant de retourner à la vie politique française.
Mme Veil a été élue à l »Académie Française » en 2008 et demeure très populaire en France.
Solidarność, un jalon dans l’histoire récente de l’Europe
Après son apparition en 1980 lors de la grève dans les chantiers navals de Gdansk, Solidarność a transformé la Pologne, ce qui conduit à l’effondrement du régime communiste en 1989. Solidarność fonctionne encore en Pologne en tant que syndicat et demeure une source d’inspiration pour les gens qui luttent pour la démocratie.
Il a été formé lorsque les travailleurs se sont rassemblés pour demander des droits, notamment des syndicats indépendants, le droit de grève, la liberté d’expression et la libération des prisonniers politiques. Les autorités se sont inclinées face à ces demandes et les deux bords ont signé un accord en août 1980. Le nombre d’adhérents a atteint 9,5 millions en septembre 1981, soit un tiers de la population active.
Cependant, redoutant l’influence croissante de Solidarność dans les autres pays du bloc communiste, le régime introduit la loi martiale en Pologne le 13 décembre 1981, interdisant Solidarnosc et arrêtant ses dirigeants. Le mouvement entra dans la clandestinité, survécut au régime et continua à jouer un rôle crucial dans les négociations de transformation. Il a pris part aux premières élections libres en 1989 et Lech Wałęsa devint le premier Président de la Pologne démocratiquement élu en 1990.
Solidarność a déjà marqué sa présence au Parlement européen. Les mâts d’acier situés à l’avant du bâtiment du Parlement européen à Strasbourg ont été fournis par le chantier naval de Gdansk lors de la création de l’Union.