Depuis le 15 mai nos ami-e-s espagnol-e-s, ont décidé d’occuper la rue afin de critiquer le manque de démocratie ainsi que la classe politique dominante et ses plans de rigueur qu’elle impose à la société.
En tant qu’objecteurs-trices de croissance nous soutenons cette démarche et nous nous félicitons aussi de son extension à la France !
Nous tenons à souligner le caractère non-violent de cette initiative et l’organisation mise en place : autogestion, discussion en assemblée générale et réflexion sur la démocratie participative, critique du patriarcat- bien loin du triste spectacle donné en France par nos « élites » ! Nous soulignons une recherche de cohérence entre les idées et la manière de faire avec, par exemple, la mise en place de panneaux solaires sur la Puerta del Sol à Madrid.
Les idées de la Décroissance se retrouvent dans plusieurs des revendications mises en avant comme la convocation d’une assemblée constituante, une décroissance des inégalités (le revenu inconditionnel d’existence a même été évoqué dans des discussions), une plus grande justice sociale, un plus grand contrôle des banques, une critique radicale du pouvoir de l’oligarchie et une reprise en main démocratique, notamment à travers une relocalisation, des « biens communs » (énergie, réseaux de communication, alimentation, transports, services publics…).
Nous participons à ces rassemblements, en Espagne et en France, afin de défendre ces idées mais aussi mettre en garde contre le risque d’un essoufflement d’une telle démarche. Ce qui s’est passé en Tunisie et Égypte, où les révolutions sont toujours en cours, montre l’importance de l’obstacle. C’est pourquoi nous souhaitons proposer un véritable projet de transition pour sortir du capitalisme et nous réapproprier nos choix de vie. Aujourd’hui nous ne faisons pas face qu’à une crise économique et sociale et mais belle et bien à une convergence de crises économique, sociale, environnementale, énergétique, politique et culturelle. Nous faisons face à une crise anthropologique qui demande une remise en question radicale de notre modèle de société capitaliste, productiviste et consumériste. Nous, objecteurs-trices de croissance, proposons :
L’instauration d’un Revenu Maximum Autorisé à la fois pour diminuer les inégalités sociales devenues indécentes, pour limiter les gaspillages des biens communs et aussi pour rompre avec la place qu’a pris dans nos imaginaires le mode de vie des plus aisés.
La mise en place d’une Dotation Inconditionnelle d’Autonomie pour relocaliser l’économie, sortir de la centralité de la valeur travail et du capitalisme, tendre vers des souverainetés alimentaires (et énergétiques) et participer à une réappropriation de la politique. Cette dotation sera effective de la naissance à la mort, de manière inconditionnelle, en droit de tirage (eau, gaz, électricité), d’accès gratuit au services publics de première nécessité, en monnaies locales fondantes et aussi, éventuellement, pour partie, en euros.
L’ouverture d’une réflexion sur nos modes de consommation pour une décolonisation de nos imaginaires. Il est temps de sortir de notre toxico-dépendance à la consommation. Travailler moins, pour produire moins mais mieux, pour consommer moins mais mieux et surtout pour vivre mieux ; privilégier la culture, la convivialité, le partage et la solidarité plutôt que la compétition économique ; s’affranchir des frustrations engendrées par la publicité, se libérer des replis identitaires et des guerres.