Garroté par les restrictions de crédits que lui impose le gouvernement, le CNRS vient d’annoncer la suppression de ses allocations doctorales, notamment celles destinées aux ingénieurs, dites « BDI ». Cette décision est d’autant plus regrettable que ces BDI sont l’une des rares façons concrètes de rapprocher les mondes de l’ingénierie et de la recherche.
Au moment où, se comparant à l’Allemagne, la France semble découvrir la faiblesse de son tissu de PME de hautes technologies, il faut rappeler que les entreprises françaises sont les premières victimes d’un cloisonnement ancien et persistant : les responsables d’entreprises sont le plus souvent formés dans des écoles d’ingénieurs, quasiment sans interaction avec le monde académique et l’université. Or, c’est dans les laboratoires de recherche publique que surgissent les découvertes fondamentales qui peuvent demain se traduire en innovations. Les BDI fournissent donc des passerelles précieuses à développer. Dans le même ordre d’idée, il est urgent d’agir pour que les entreprises françaises accueillent plus de docteurs et que l’expérience doctorale soit mieux reconnue et valorisée.
En octobre 2008, Valérie Pécresse semblait d’ailleurs avoir pris conscience du problème : « il faut orienter plus de jeunes ingénieurs vers une première expérience de recherche, avant de rejoindre d’autres métiers, de la production, de la finance ou du management », disait-elle alors ( Discours de Valérie Pécresse | Collège de France | 7 octobre 2008 ). Force est de constater qu’une fois de plus les actes sont à l’opposé des paroles.
La ministre a beau multiplier les discours, les effets d’annonces et les milliards furtifs, lancer appel sur appel à l’excellence, les faits parlent d’eux-mêmes : la dotation du CNRS, l’un des principaux organismes de recherche au monde, est bel et bien en baisse en 2011. Ce n’est que par un artifice comptable (l’intégration des pensions de retraite des anciens agents, en hausse régulière) qu’il est possible de cacher l’évidence. Dès aujourd’hui, les laboratoires subissent des baisses de budget de 11% en moyenne ! L’autonomie pour le CNRS aujourd’hui comme pour les universités demain résidera de plus en plus dans le choix des secteurs à sacrifier.
Alors que trop de doctorants travaillent encore sans financement, Europe-Ecologie Les Verts refuse cette nouvelle coupe dans la formation doctorale. La campagne BDI de la rentrée 2011 doit être maintenue, quitte à être financée à titre exceptionnel par le ministère ou à être prélevée sur les budgets de la Prime d’Excellence Scientifique, dispositif qui favorise l’individualisme et est à ce titre rejeté par une large part de la communauté de la recherche. Plus généralement, le budget du CNRS doit faire l’objet d’une rectification à la hausse lors du budget rectificatif 2011.
Europe Ecologie Les Verts