En ce début de nouvelle année 2011, la France compte officiellement plus de quatre millions de chômeurs, s’approchant dangereusement du record absolu de 1999 avec 4,05 millions. De plus, ce chiffre masque la réalité d’un monde du travail globalement endifficulté, avec notamment des milliers de salariés subissant un temps de travail partiel imposé et des revenus en berne.
Dans ce contexte social difficile, certains sont tentés de remettre sur la table la vieille antienne usée jusqu’à la corde de « la faute aux 35 heures », et pas seulement au sein de la majorité présidentielle.
Alors faut-il « déverrouiller les 35 h » pour permettre aux Français de « travailler davantage »?
Le « travailler plus pour gagner plus » du candidat Sarkozy devenu président de la République a pourtant montré ses limites depuis bien longtemps.
Ce ne sont pas « les 35h » qui ont entraîné un certain nombre de dysfonctionnements, une baisse du pouvoir d’achat et une souffrance au travail d’un certain nombre de salariés français. C’est d’abord un système économique à bout de souffle, basé sur une compétition mondiale mortifère pour la planète. Celle-ci a nécessité une baisse systémique du coût de la main d’oeuvre, réclamée par les grands acteurs financiers, et la délocalisation d’un certain nombre d’activités économiques.
Même si les 35h ont connu des difficultés d’application dans certains secteurs, elles sont pourtant considérées par la majorité des salariés comme une amélioration de leur condition de travail.
La solution du « travailler plus » est d’un autre âge. C’est une idéologie qui a fait son temps, celle du laissez faire, de la dérégulation et de l’abandon des droits sociaux pour les salariés. Car les 35 heures reposaient sur un postulat simple, un postulat totalement bafoué par la majorité actuelle: celui du droit à l’emploi pour toutes et tous.
Alors Plutôt que de faire « de la polémique à deux francs cinquante façon années 90 », « oui ou non peut-on faire de la politique autrement? », dixit Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, ce matin sur France Inter.
A EELV, nous pensons que oui, qu’il faut sortir de l’idéologie dominante du « toujours plus » qui a montré toutes ses limites, pour reprendre la marche de la réduction du temps de travail et du partage des richesses par l’égalité réelle devant le temps de travail. Cela passe par l’acquisition de nouveaux droits sociaux pour les salariés. La réduction du temps de travail est indissociable du projet écologiste, parce qu’elle est créatrice d’emplois, et permet un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. La réduction du temps de travail est cohérente avec notre volonté de dépassement de la société de consommation. Plus de quatre millions de chômeurs méritent vraiment mieux qu’une polémique stérile et des propos de comptoir!
Djamila Sonzogni,
Porte-parole