En effet, les taux des crédits vont continuer d’augmenter, car en France ils ont accumulé du retard par rapport aux taux de marché. Nous allons assister à une hausse d’environ 20 centimes chaque mois jusqu’à une stabilisation autour de 3,5%, voire légèrement plus. Certes, les acheteurs se financeront encore à des taux négatifs au regard de l’inflation, mais ils seront confrontés à une contraction importante et brutale de leur pouvoir d’achat immobilier. Leurs mensualités seront 20% plus élevées que celles qu’ils auraient eues en empruntant, il y a seulement un an, à 1%.
Dans ce contexte haussier, les directives du Haut Conseil de stabilité financière, en vigueur depuis janvier 2022, qui plafonnent le taux d’endettement à 35% et la durée d’emprunt à 25 ans, constitueront un handicap supplémentaire pour les candidats emprunteurs.
D’autant que l’offre de crédit va rester sous contrainte, les banques françaises devant rembourser, d’ici juin, un montant très important – 350 milliards d’euros – de refinancements qui leur avaient été accordés par la Banque centrale européenne au début de la pandémie, lors du premier confinement. On peut légitimement s’attendre à ce qu’elles demeurent prudentes sur l’octroi de nouveaux crédits dans les prochaines semaines…tout en cherchant à accélérer la collecte d’épargne.
Si les conditions de marché restent ce qu’elles sont aujourd’hui, notamment en matière d’inflation, l’étau sur les emprunteurs pourrait se desserrer à l’été 2023. Le taux d’usure sera mieux corrélé aux conditions de marché, les coûts de refinancements des banques seront stabilisés – c’est déjà le cas depuis mi-octobre – comme, d’ailleurs, les taux directeurs de la Banque centrale européenne. Le relèvement de 0,5% annoncé par la BCE jeudi 2 février, qui était attendu et avait déjà été intégré par les marchés, sera sans doute l’avant-dernier de ce cycle.
Enfin, les volumes de transactions immobilières devraient connaître une baisse assez marquée, accompagnée d’une modeste correction des prix, de l’ordre de 5%.