Fragilisés et menacés par les pressions anthropiques et le changement climatique, les écosystèmes coralliens sont surveillés de près. Bordée par des récifs plus ou moins dégradés selon les secteurs, les côtes Ouest et Sud de l’Ile de La Réunion font l’objet d’une vigilance particulière. Les scientifiques y traquent toute trace de blanchissement ou autre indice de mauvaise santé des coraux, que ce soit par observation directe en plongée sous-marine ou par imagerie aérienne ou satellite. Ces méthodes complémentaires sont cependant limitées par la profondeur : au-delà de 10 mètres, la tranche d’eau altère la qualité des données récoltées depuis le ciel ou l’espace ; au-delà de 20 mètres, le suivi par un plongeur autonome devient difficile – notamment sur les pentes externes entre Saint-Benoît et Saint-Pierre, qui sont balayées par de forts courants et exposées à de fortes houles donc peu accessibles et peu connues.
L’imagerie sous-marine au secours des coraux profonds
Pour que les nombreuses espèces de coraux qui colonisent ces pentes récifales profondes ne passent plus sous leurs radars, des scientifiques de différentes unités de l’Ifremer et de l’Université de La Réunion testent une nouvelle solution dans le cadre du projet Récif3D utilisant le Vortex. Doté d’un câble léger, ce robot sous-marin développé par la direction de la Flotte océanographique française, peut être déployé depuis un petit navire. Il a été récemment modernisé pour descendre jusqu’à 200 m de profondeur. Equipé pour l’occasion d’une caméra hyperspectrale sous-marine et un appareil photo numérique très haute définition, il sillonne les écosystèmes coralliens de la surface jusqu’à 100 mètres de profondeur. Grâce aux images ainsi recueillies, les scientifiques seront capables de reconstruire finement les lieux en 3D, de distinguer les différents habitats (coraux, roches, sable, algues …) et les différentes espèces présentes ainsi que de collecter des informations pour évaluer l’état écologique des récifs.
* Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de La Réunion (DEAL), Direction de la mer sud océan Indien (DSMOI), UMR Entropie (IRD, Université de la Réunion, Ifremer, CNRS, Université de Nouvelle-Calédonie), bureau d’études Marex, membres du groupe de travail « Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique » (ZNIEFF) de La Réunion, Grand Port Maritime de La Réunion (GPMLR), entreprise « Travaux Sous-Marins Océan Indien » (TSMOI).