Pour tenir l’objectif gouvernemental de généralisation de la fibre optique jusqu’à l’abonné d’ici 2025 prévu par le plan France THD, certains freins sont encore à lever, les prises les plus difficiles sont à déployer et à raccorder, la qualité et la pérennité des réseaux est à prioriser, etc.
Cédric O, Secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, est venu saluer le travail accompli par la profession et a annoncé un assouplissement réglementaire qui permettra d’accélérer les déploiements en zones rurales. Il a également rappelé son exigence sur les enjeux de qualité des réseaux, sujet dont s’est déjà emparé la filière et pour lequel les travaux se poursuivent. Enfin, il a esquissé les perspectives pour la filière : d’un futur service universel au développement des « territoires intelligents », en passant par les opportunités de développement à l’international. La connectivité est devenue un des piliers du développement des territoires et la filière des infrastructures numériques est pleinement tournée vers l’avenir.
1500 participants étaient réunis ces 6 et 7 octobre à Saint-Etienne dans le cadre de l’Université du THD (Très Haut Débit). Un rendez-vous annuel devenu incontournable, qui s’est déroulé symboliquement au cœur d’un territoire numérique exemplaire puisque la Loire figure en tête des départements français en matière de déploiement du THD, avec 100% de sa zone publique finalisée.
Le satisfecit est général quant au rythme national de déploiement. La politique partenariale a parfaitement fonctionné et permettra de dépasser l’objectif 2022 du plan France THD : le THD accessible pour tous les français, dont 80% en fibre optique. Mais la fédération InfraNum, co-organisatrice de l’événement avec IdealCo et l’Avicca, rappelle que le chantier n’est pas terminé.
L’horizon 2025 – la fibre pour tous, nécessite de rendre raccordables encore un tiers des foyers et entreprises français.
Si les déploiements en zones RIP marquent une accélération très nette en 2021, les pouvoirs publics restent très attentifs au bon achèvement des déploiements en zone d’initiative privée.
Et les bons chiffres globaux masquent des difficultés opérationnelles importantes : pénurie de poteaux, disponibilité de la sous-traitance, infrastructure répertoriée mais non existante, problèmes d’élagage, difficultés d’accès dans certaines copropriétés, raccordements longs, complexes ou spécifiques, etc.
La qualité est placée au rang 1 des priorités. Véritable « poil à gratter » du gouvernement, Fabienne Dulac, CEO d’Orange France a pourtant annoncé que les taux d’échec de raccordement sont passés de 25% à 17% en quelques mois. La mobilisation d’InfraNum, qui a débouché sur la mise en place d’un contrat cadre dit « STOC V2 », commence à porter ses fruits. Mais tous les opérateurs d’infrastructure n’ont pas encore signé la totalité de leurs contrats avec les opérateurs commerciaux et les indicateurs de qualité peinent encore à être produits.
Au-delà de la signature des contrats, l’enjeu réside donc dans leur mise en application sur le terrain et leur suivi. « La mise en place d‘indicateurs de qualité de service est indispensable vis-à-vis des utilisateurs et aussi du côté des opérateurs pour maintenir les couts d‘exploitation » insiste Laure de la Raudière, Président de l’ARCEP.
Cédric O, Secrétaire d’État à la transition numérique et aux communications électroniques, a cependant réjoui les industriels et les collectivités en annonçant un accord décisif sur les modalités d‘accès aux appuis communs afin d’en simplifier drastiquement la procédure. « L‘énorme travail mené par Infranum, Enedis, l‘Avicca et les services de l‘Etat, pour accélérer le rythme des déploiements dans les zones rurales grâce à l‘utilisation de ces poteaux électriques, devrait ainsi déboucher sur un arrêté très attendu qui va concerner au total 5 millions de supports » a commenté Patrick Chaize, Sénateur de l’Ain et Président de l’Avicca.
Si l’emploi n’est plus un problème en termes de recrutement puisqu’on a atteint le pic cette année (la profession compte désormais 33.000 collaborateurs directs), la reconversion des personnels devient en revanche une thématique urgente. « Nous devons travailler à la bascule » confirme Cédric O. Les technologies relais sont d’ores et déjà connues (5G, smart territoires, données…) et chacun sait qu’il faudra continuer à exploiter, maintenir, étendre ces réseaux. Le soutien et l’encadrement de ces sujets dans le cadre d’un nouvel EDEC appelé des vœux d’InfraNum depuis 18 mois devient donc urgent. Déjà prêt, sa signature imminente a été confirmée par le ministre.
Le fibrage de toute la France pose alors la question de l'(in)utilité à terme du réseau cuivre historique. Sa dépose devient, pour des raisons économiques et environnementales, un enjeu évident mais le chantier est gigantesque et « le dé-commissionnement du cuivre, qui doit l‘encourager, reste un sujet complexe auquel nous sommes attentifs » explique Etienne Dugas, Président d’Infranum.
Il pose également la question du service universel. « Une consultation publique a été lancée ce matin sur la définition de ce service universel car il faut travailler à une formalisation juridique » a annoncé Cédric 0. En la matière, tout reste en effet à définir : quel niveau de débit, quelle(s) technologie(s), comment le financer, etc. L’épineux sujet des raccordements longs, complexes ou spécifiques et le financement de la complétude (qui concerne 2 millions de prises en France) revient alors comme un leitmotiv. Mais une chose est sûre : le raccordement sera un droit, comme pour l’eau ou l’électricité.
Car en termes de raccordement, les entreprises et foyers français montrent leur appétence. Près de 15 millions de foyers sont aujourd’hui abonnés à la fibre et cela s’est fait dans un délai extrêmement court ! Ainsi, « la courbe des abonnements fibre croisera bientôt celle des abonnés au DSL (attendue au 3e ou 4e trimestre 2021). Tout un symbole ! » se réjouit la fédération.
« Déployer et raccorder, n‘ont d‘intérêt que si cela apporte un meilleur service aux citoyens » poursuit InfraNum. La question des usages, de l‘inclusion numérique et des territoires intelligents s’annonce alors comme l’étape d’après…
« Nous faisons le parallèle avec le plan France THD, qui est un succès. Un état stratège, des collectivités à la manœuvre, des industriels à la réalisation, nous semble le modèle le plus approprié » explique Etienne Dugas, même si celui-ci reconnaît que le sujet est plus complexe du fait de la multiplicité des métiers impactés, ainsi que des enjeux en termes de cyber sécurité et de gouvernance des données, que les « territoires intelligents » impliquent.
Cédric O a abondé confirmant son ambition d’avancer dans ce sens « Des normes et des standards doivent être dégagés. Pour cela, un appel à projets doté de 30 millions d‘euros va d‘ailleurs être lancé ».
Ainsi, loin de s’éteindre avec l’échéance finale du plan France THD, les perspectives pour cette jeune filière stratégique sont nombreuses. D’autant que l’excellence française désormais reconnue (la France est en tête des pays européens en termes de nombre de prises déployées et raccordées) offre de réelles opportunités à l‘international. Si beaucoup d’industriels s’y intéressent déjà, InfraNum a d’ailleurs annoncé que 2 VIE viennent d’être recrutés dans le cadre du CSF. L’une est basée à Düsseldorf et l’autre à Abidjan.
Une histoire à suivre l’an prochain, à Toulouse puisque la Haute-Garonne accueillera l’UTHD 2022.