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L’Observatoire solidaire de La Mutuelle Générale propose 10 déclencheurs pour aider les entreprises à améliorer la situation de leurs salariés-aidants

A l’occasion de son deuxième colloque, qui s’est tenu ce mardi 28 septembre au siège du groupe Les Echos Le Parisien, l’Observatoire solidaire des salariés-aidants (lancé en 2020 par La Mutuelle Générale) a présenté les résultats de son baromètre annuel réalisé auprès de 2 500 salariés français ainsi que le bilan de l’ensemble des travaux de réflexion menés en 2021 par son Conseil d’orientation. Les enseignements sont clairs : les entreprises ne sont pas encore mobilisées à la hauteur de l’urgence et de l’ampleur de la question des salariés-aidants, une population estimée à plus de 6 millions de personnes en France ; mais lorsqu’elles s’emparent du sujet et mettent en place des actions au sein de leurs organisations, la cause des salariés-aidants progresse significativement. Pour aider les employeurs à agir concrètement, le Conseil d’orientation de l’Observatoire solidaire a formulé une série de déclencheurs qui leur permettront de faire bouger les lignes.

Animé par Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Echos, et ouvert au public, le deuxième colloque de l’Observatoire solidaire a réuni de nombreux acteurs et experts des mondes politique, médical et scientifique, associatif ainsi que des dirigeants de La Mutuelle Générale autour de la cause des salariés-aidants. Brigitte Bourguignon, Ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’Autonomie, Patrick Sagon, Président de La Mutuelle Générale, Jocelyne Guidez, sénatrice de lEssonne, Stéphane Hugon PhD, sociologue et fondateur dEranos, et Serge Guérin, sociologue, se sont succédé à la tribune du colloque pour faire part de leur expérience et de leur expertise afin d’éclairer le sujet.

Assaël Adary, Président du cabinet d’études et de conseil Occurrence, a présenté les résultats du deuxième baromètre exclusif de l’Observatoire solidaire administré auprès de 2 500 salariés français. François-Xavier Albouy, directeur de recherche au sein de la Chaire Transitions Démographiques, Transitions Economiques (TDTE), a également présenté les résultats d’une étude commandée par la Fondation de La Mutuelle Générale sur l’impact des dispositifs d’accompagnement en faveur des proches aidants en entreprise, reposant sur l’interview de nombreux DRH.

Emilie Weight, responsable RSE de MERCK France, Benoit Durand, directeur délégué de France Alzheimer, Laurent Delannoy, fondateur dAvencod et le Docteur Vinh Ngo, directeur général du CIAMT ont à leur tour restitué le travail des ateliers prospectifs menés au cours de l’année par le Conseil d’orientation de l’Observatoire pour réfléchir sur les enjeux financiers de l’aidance et la mobilisation des PME. Enfin, un débat sur le thème des politiques incitatives permettant de déclencher une implication généralisée des entreprises et des différents acteurs a réuni Olivier Frezet, directeur médico-social de MSPB Bagatelle, Benoit de Saint-Aubin, directeur QVT dOrange, Jean-Luc Leymarie, médecin généraliste et Myriam El Khomri, ancienne Ministre du travail, auteur d’un rapport sur la valorisation des métiers du grand âge.

Des témoignages de salariés-aidants et de DRH ont aussi complété cette matinée très riche.

Principales tendances du baromètre 2021

Administré chaque année auprès de 2 500 salariés français, représentatifs des secteurs privé et public, le baromètre de l’Observatoire solidaire vise à mesurer l’exposition des actifs au sujet des aidants, leur envie de solidarité ou les modalités de leur engagement réel. L’édition 2021 a mis en évidence les tendances suivantes :

Limpact de la crise sanitaire

Tout en jouant un rôle de déclencheur pour se déclarer, la crise n’a pas pour autant assombri la situation des salariés-aidants dans les entreprises : le nombre de salariés-aidants (9%) est stable mais les conditions de leur prise en compte ont connu une amélioration significative (89% les jugent positives soit +7pts vs 2020).

Pour la moitié des salariés-aidants actuels qui ont informé leur employeur de leur situation, la crise sanitaire a été le principal fait déclencheur de leur déclaration.

Le sujet des salariés-aidants a besoin dactions concrètes

A peine un salarié-aidant sur trois (31%) se déclare auprès de son employeur, créant des situations de souffrance et faisant peser sur eux des risques de santé physique et morale.

Cette 2e vague de baromètre montre que les entreprises ne se sont en effet pas majoritairement saisies du sujet, et n’ont pas à ce titre fait œuvre de pédagogie et d’information vis-à-vis de leurs collaborateurs (concernés ou non).

De ce fait l’indice de solidarité, propre à mesurer la connaissance et l’intérêt des Français actifs pour la cause des salariés-aidants n’a pas progressé entre la vague de 2020 et celle-ci. Il s’établit à 40/100.

Une enquête miroir auprès des salariés de La Mutuelle Générale

Particulièrement impliquée dans la cause des salariés-aidants, La Mutuelle Générale a mis en œuvre un certain nombre de mesures et d’actions d’information et de sensibilisation à destination de ses collaborateurs au cours des 12 derniers mois (publication d’un guide des aidants, animation d’une communauté d’aidants, mise à disposition d’une plateforme d’écoute spécifique, élargissement des possibilités de dons de jours de congés entre salariés…).

L’enquête menée en miroir auprès des collaborateurs de La Mutuelle Générale a révélé une évolution significative de l’indice de solidarité, passant entre 2020 et 2021 de 44/100 à 52/100 (+8 points).

Cela montre que la mise en pratique des préconisations émises en 2020 par l’Observatoire solidaire pour mettre en mouvement les entreprises et leurs collaborateurs permet de créer un cercle vertueux qui fait progresser la solidarité et son ressenti envers les salariés-aidants.

Au-delà des observations et des mesures d’évolution du niveau de connaissance et d’empathie des salariés français envers les salariés-aidants, le Conseil d’orientation de l’Observatoire a formulé des propositions concrètes afin que les entreprises puissent réellement s’emparer du sujet et agir pour leurs salariés-aidants. A quelques jours de la journée nationale des aidants du 6 octobre et à quelques mois des élections présidentielles, le Conseil d’orientation a donc retenu 10 déclencheurs pour permettre aux différents acteurs concernés de passer à laction : 

Tout dabord, faciliter lidentification et améliorer la reconnaissance des salariés-aidants :

  1. Statuer sur une définition de laidant plus large que celle inscrite dans le Code du Travail depuis décembre 2019, trop focalisée sur le congé proche aidant, qui soit acceptée et reconnue par tous. Parallèlement, définir les critères universels qui permettent d’être déclaré comme aidant au sein d’une entreprise et d’une branche professionnelle.
  2. Labelliser le statut de laidant dans l’entreprise pour mieux identifier les situations individuelles et accorder des droits spécifiques.
  3. Faciliter lidentification de laidant dans un certain nombre de démarches administratives (ajout d’une case « aidant familial » sur la déclaration d’impôts, le dossier Pôle Emploi, les imprimés de recensement ou les dossiers médicaux).
  4. Prendre en compte les compétences acquises par les aidants durant leur parcours d’aidant dans le cadre de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) ou a minima dans le système d’évaluation des compétences interne à l’entreprise.

Mais aussi, assurer linformation de lensemble des acteurs économiques des enjeux spécifiques à la population des aidants dans le monde du travail :

  1. Diffuser aux entreprises, et en particulier aux PME et TPE, une information packagée, mutualisée et gratuite, en s’appuyant sur les réseaux de médecine du travail, les experts comptables, les organisations syndicales, les fédérations et branches professionnelles, le tissu associatif et les collectivités territoriales.
  2. Informer les équipes Ressources Humaines de lexistence de dispositifs de soutien aux aidants déjà opérationnels (CESU aidants, fonds Haut Degré de Solidarité…), qui peuvent être mis en place en concertation avec les partenaires sociaux.

 Capitaliser sur les dispositifs existants et mieux les déployer :

  1. Assouplir les conditions de recours au Congé proche aidant (extension au-delà des GIR 1 à 3 notamment) et limiter les impacts négatifs de la prise de ce congé (intégration dans la période de cotisation du système de retraite).
  2. Ajouter à larrêt de travail un nouveau motif lié à laccompagnement dun proche en situation de dépendance.

Enfin, faciliter laccompagnement quotidien des salariés-aidants en œuvrant à la mise en place dun « tiers-aidant » dans lentreprise :

  1. Inciter les entreprises à avoir recours à des métiers de coordination du type TCAPSA (Technicien-Coordinateur de l’Aide Psychosociale aux Aidants), mutualisables pour garantir un accompagnement dans le temps et une optimisation des dépenses.
  2. Mettre en place des outils de financement du recours à un « tiers aidant » (régime d’exonération de cotisations patronales, contrat collectif de protection sociale, plan d’épargne dépendance…).

« Les travaux que nous menons depuis plus dun an au sein de lObservatoire solidaire nous ont amenés à constater que les entreprises ne sont pas encore suffisamment mobilisées autour de la question des salariés-aidants. Il est pourtant urgent dagir car lenjeu est de taille dici 2030, 1 salarié sur 4 sera aidant de lun de ses proches. Pour permettre aux entreprises de passer à laction, nous avons formulé 10 propositions concrètes pour améliorer significativement la situation des salariés-aidants » ont déclaré les membres du Conseil dorientation de lObservatoire solidaire de La Mutuelle Générale.

Le replay du Colloque sera disponible dans les jours qui viennent sur le site de lObservatoire solidaire :
https ://observatoire-solidaire.lamutuellegenerale.fr/