Cette annonce fait suite à une accumulation d’échecs de l’entreprise dans sa stratégie économique et environnementale pour cette usine. Elle signe aussi la défaite de Total dans la longue bataille contre ce site engagée par les associations dont Greenpeace France qui avait mené une action spectaculaire en octobre 2019 à l’intérieur du site industriel de La Mède. Elle intervient également après la décision du tribunal administratif de Marseille suite à un recours juridique porté par plusieurs associations dont Greenpeace France. En avril 2021, la justice a ainsi annulé partiellement l’autorisation d’exploitation de La Mède au motif de l’irrégularité de l’étude d’impact environnemental de Total qui n’analyse pas les impacts climatiques indirects des importations d’huile de palme. Le tribunal reste saisi de l’affaire et Total devra quand même analyser les impacts de cet approvisionnement climaticide sur les trois prochaines années, peu importe que la fin des importations soit fixée à 2023.
Par ailleurs, depuis maintenant deux ans, Total s’entêtait à soutenir ce modèle industriel alors que le législateur français et le conseil constitutionnel ont, en 2019, confirmé l’exclusion des agrocarburants (huile de palme et soja compris) des avantages fiscaux pour des motifs environnementaux.
“Cette décision marque l’échec manifeste de Total dans son combat pour soutenir coûte que coûte pendant des années un modèle destructeur à La Mède pour le climat et les forêts. Elle ne doit cependant pas dédouaner le groupe de réaliser une étude d’impact exhaustive pour continuer à exploiter de l’huile de palme à la Mède d’ici à 2023. Par ailleurs, le business modèle de TotalEnergies, quelle que soit la tentative de verdissement de son nouveau nom, continue de reposer à 90% sur l’exploitation des énergies fossiles. Cette exploitation mortifère pour la planète est à l’origine de vagues de chaleur insupportables comme celle qui frappe le Canada ou d’accident terrible comme celui qui a embrasé l’océan dans le Golfe du Mexique ce week-end”, indique François Chartier, chargé de campagne Pétrole à Greenpeace France.
Si cette décision est une bonne nouvelle pour Greenpeace, Total doit cependant tirer immédiatement les conclusions qui s’imposent : cesser toute incorporation d’huile de palme, mais aussi d’huile de soja dont les bilans sont les plus désastreux en matière environnementale. Dans l’interview donnée, M. Pouyanné reconnaît lui-même que les agrocarburants à base d’huiles végétales n’ont pas d’avenir, à cause de leur impact sur les terres agricoles et les espaces naturels (forêts, prairies, zones humides…).
Enfin, cette décision intervient dans un contexte où la réputation de la multinationale est de plus en plus challengée par les ONG et l’opinion publique alors que l’entreprise tente par tous les moyens de se rendre fréquentable, par exemple en associant son nom à des événements sportifs populaires, dans sa stratégie de tenter d’étendre son soft power, le dernier en date étant la Coupe du monde de rugby en 2023.