Les arguments mis en avant pour justifier le partenariat d’un événement extrêmement populaire atteignent un haut niveau de cynisme : les deux parties affirment avoir l’ambition de “placer le développement durable au cœur de leur stratégie, de leurs projets et de leurs opérations”.
“L’organisation française de la Coupe du monde ‘France 2023’ n’aurait pas pu choisir pire partenaire pour son tournoi ainsi que pour ses ambitions d’organiser un événement vertueux sur le plan climatique, commente Edina Ifticène, chargée de campagne pétrole chez Greenpeace France. La transition du business model de Total est un leurre, qui passe surtout par son changement de nom et une communication bien rodée sur les énergies renouvelables. Mais Total est et restera un producteur et un vendeur d’énergies fossiles, de pétrole principalement mais aussi de gaz, sans aucune volonté de lutter contre le changement climatique tant que ses profits sont préservés. Est-ce à ces projets que le monde du rugby veut associer ses valeurs ?”.
En 2020, les fossiles représentaient encore 90% du mix énergétique de Total et, cette même année, la major a produit 447 unités de fossiles pour une unité d’énergie renouvelable. Avec sa stratégie actuelle, Total aura augmenté de 50% sa production en hydrocarbures d’ici à 2030 par rapport à 2015 (date de la signature de l’accord de Paris).
La responsabilité de ‘France 2023’ engagée
La lutte contre le changement climatique doit être la responsabilité de tous et toutes, y compris des institutions qui acceptent ce type de sponsoring par des entreprises qui participent directement au réchauffement climatique. “En continuant d’accepter ce type de partenariat avec Total, ‘France 2023’ cautionne l’activité climaticide du groupe et indirectement la destruction de la planète, continue Edina Ifticène. La lutte contre le changement climatique est un enjeu collectif ; ‘France 2023’ ne peut plus détourner le regard et devenir complice du greenwashing de Total. Bien que certainement confortables pendant longtemps, ces pratiques ne sont désormais plus acceptables et sont de plus en plus dénoncées dans le monde de la culture ou du sport. L’organisation doit prendre ses responsabilités et renoncer à ce partenariat. Plusieurs événements ont déjà franchi le pas, comme la ville de Paris qui a refusé que l’entreprise sponsorise les Jeux olympiques de 2024”.
Pour documenter la stratégie de soft power de Total, qui participe à son acceptabilité sociale et dont ce partenariat n’est qu’un exemple, Greenpeace France a produit une série documentaire intitulée ‘l’Emprise Total’, visible ici.