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#CHASINGPELLETS: à la poursuite des Granulés Plastiques Industriels en Méditerranée

GPI à Tarragone : des études menées depuis 2018

En 2018, un groupe de passionnés de l’océan espagnol de Good Karma Projects, une ONG environnementale basée en Catalogne, a signalé, pour la première fois, la présence massive de granulés de plastique sur la plage de La Pineda, à Vila-seca. Ces petites sphères de plastique utilisées comme matière première dans la fabrication de la plupart des articles en plastique peuvent être déversées à chaque étape de la chaîne de valeur ; ces Granulés Pétroles Industriels (GPI) sont manipulés en quantités énormes par le plus grand complexe pétrochimique d’Europe du Sud, à Tarragone, à quelques kilomètres loin de la mer.

Résistantes aux phémonènes de dégratition, ces GPI (aussi poétiquement appelées « Larmes de sirène », malgré la gravité de leurs conséquences) causent des dommages irréversibles à la biodiversité marine : ils intègrent progressivement la chaîne alimentaire à travers les poissons que nous mangeons et peuvent aussi être vecteurs de déploiement de bactéries et de contaminants chimiques dans les milieux aquatiques.

Faute de vagues et de vents, des GPI peuvent être trouvés tous les jours sur la plage. Des quantités plus élevées peuvent également être observées lors de phénomènes météorologiques tels que la tempête Filomena de janvier 2021. Good Karma Projects a observé et surveillé leur présence sur la plage à plusieurs reprises. En outre, en 2018, Greenpeace indiquait déjà qu’environ 120 millions de pellets pouvaient être trouvés sur la plage(1) .

Dans le cadre de sa lutte contre la pollution par les microplastiques et de ses actions de plaidoyer auprès de l’Union européenne, Surfrider Foundation Europe et sa délégation espagnole ont rejoint Good Karma Projects à l’automne 2020 à travers son programme Surfrider Coastal Defenders, afin de soutenir cette lutte locale et de continuer à exiger un réponse à cette pollution de la part des États membres et de l’Union Européenne, qui sont bien conscients des effets dévastateurs de cette pollution temps au niveau européen qu’au niveau mondial.

Opération Clean Sweep : la fausse bonne action de la plasturgie ?

Malgré les appels répétés d’ONG environnementales telles que Surfrider Europe à prendre cette pollution au sérieux et à adopter des mesures – Surfrider Europe a publié un rapport détaillé en novembre dernier sur cette même question – apportant des preuves solides de la pleine responsabilité de l’industrie, cette dernière continue de s’opposer à l’adoption d’un nouvelle législation sur les granulés plastiques. Comment? En plaidant en faveur de laisser à l’industrie le soin de s’occuper de cette pollution à travers son initiative volontaire appelée Operation Clean Sweep (OCS). Cette initiative qui fournit des recommandations sur les meilleures pratiques pour empêcher la perte de granulés dans l’environnement a été lancée par l’industrie elle-même. En rejoignant OCS, les entreprises sont censées s’engager à respecter une série de bonnes pratiques en matière de manipulation des pellets et de prévention des pertes. Pourtant, malgré cette initiative déjà ancienne, des granulés sont toujours présents, en nombre destructeur, à proximité de la zone industrielle de Tarragone, prouvant l’incapacité de l’opération Clean Sweep à traiter efficacement le problème. Des milliers voire des millions de granulés continuent de polluer la Méditerranée.

Découvertes récentes sur ce cas de pollution

En décembre 2020, après avoir réalisé les premières évaluations portant uniquement sur la plage de la Pineda, Good Karma Projects avec le soutien de Surfrider Europe a décidé de poursuivre ses investigations à l’intérieur des terres, en suivant la rivière Francoli, qui traverse la zone pétrochimique. En coordination avec Surfrider Europe, Good Karma Projects a récemment présenté l’avancée de son étude lors du Congrès national espagnol de l’environnement – CONAMA – qui s’est tenu à Madrid fin mai 2021. « Les sources d’émission des granulés plastiques sont claires, nous les avons trouvées dans tous les cours d’eau et rivières situés à proximité des entreprises qui les produisent ou les manipulent. Il existe des concentrations importantes de boulettes dans les cours d’eau jusqu’à 20 km à l’intérieur des terres. » dit Jordi Oliva de Good Karma Projects.

#Chasingpellets : une nouvelle expédition pour continuer la surveillance des pellets dans toute la Méditerranée

A plusieurs kilomètres de Tarragone, aux Baléares, d’autres ONG comme « Save the med » ou « Per la Mar Viva » ont signalé qu’elles trouvaient également des quantités importantes de pellets sur leurs côtes. Compte tenu de la direction du Mistral qui souffle dans cette zone et de l’orientation des côtes des Baléares par rapport à Tarragone, une question est venue à l’esprit des équipes Good Karma Project et Surfrider : les pellets trouvés sur les plages des îles Baléares seraient-ils identiques à ceux trouvés dans le fleuve Francoli et sur les plages de La Pineda ? C’est pourquoi Good Karma Projects et Surfrider Foundation Europe lancent, ce 19 juin 2021, l’expédition #ChasingPellets. Pendant dix jours, Jordi Oliva, Albert Font de Rubinat, tous deux fondateurs de Good Karma Projects et Simon Witt, responsable du programme Coastal Defenders de Surfrider Europe auront pour objectif de collecter les pellets présents en Méditerranée à l’aide d’un filet de type Manta, entre Tarragone et les Baléares. Accompagnée de Marta Sugrañes biologiste et océanographe travaillant sur le suivi scientifique pour Good Karma Projects, l’équipe rapportera des échantillons de leur voyage de navigation qui seront analysés avec les techniciens et scientifiques de l’Université de Barcelone.

Avec l’aide d’Ainhoa Muñoz, photographe et vidéaste qui partagera des images quotidiennes de l’expédition, les militants tenteront de montrer l’étendue des dégâts, démontrant que les granulés déversés par la zone industrielle de Tarragone se répandent en mer, à des centaines de kilomètres de leur origine.

Au-delà d’informer les citoyens espagnols et européens sur cette pollution, cette expédition vise avant tout à alerter les décideurs publics sur l’inefficacité d’initiatives volontaires comme l’Opération Clean Sweep et à les inciter à adopter de nouvelles lois pour obliger toute la chaîne des GPI à arrêter les déversements et contrôler leurs actions.

Pour en faire une vraie réussite, les citoyens sont invites à partager, tout au long du voyage, nos photos et vidéos sous le hashtag #ChasingPellets !

 1 https://www.diaridetarragona.com/costa/La-playa-de-La-Pineda-acumula-mas-de-120-millones-de-bolas-de-plastico-20190317-0014.html