La modélisation de plus de 1000 cartes, correspondant chacune à une situation météorologique survenue au cours des années 2017, 2018 et 2020, permet d’évaluer la direction et la dangerosité du nuage radioactif généré si un accident de type Fukushima devait se produire à la centrale nucléaire du Tricastin.
En moyenne, sur l’ensemble des 1096 configurations météorologiques étudiées, plus de 13 millions de personnes recevraient en quelques heures une dose de radioactivité supérieure à la limite d’exposition du public, fixée à un mSV par an. Selon les variations météorologiques, presque toutes les régions et grandes villes en France pourraient être contaminées ainsi que les pays voisins comme l’Italie, la Suisse, l’Allemagne ou l’Autriche.
« La centrale nucléaire du Tricastin, vieillissante et exposée au risque sismique mais qu’EDF veut faire fonctionner encore au moins dix ans, est une menace pour des millions de personnes, d’abord en Auvergne-Rhône-Alpes mais aussi à l’échelle nationale et européenne », estime Roger Spautz, chargé de campagne Nucléaire à Greenpeace France.
Greenpeace a dénoncé à plusieurs reprises les risques posés par cette centrale. La cuve d’un des réacteurs compte plus de 20 fissures. La centrale se trouve à six mètres en dessous du niveau du canal de Donzère-Mondragon. En cas de séisme, une rupture de la digue fragilisée ne peut pas être exclue. Une inondation en résultant pourrait conduire à un accident de fusion du combustible nucléaire des quatre réacteurs de la centrale.
La centrale du Tricastin se trouve dans une zone avec un risque sismique élevé, comme l’a rappelé le séisme du Teil du 11 novembre 2019. L’IRSN a publié mercredi 16 juin 2021 un nouvel avis sur les mouvements sismiques à prendre en compte pour la sûreté des installations nucléaires de Cruas et du Tricastin à la suite de ce séisme, et considère que « en l’état des connaissances, les arguments fournis par EDF ne permettent pas d’écarter un impact du retour d’expérience du séisme du Teil sur la définition de l’aléa du site du Tricastin. L’IRSN estime qu’une consolidation des connaissances relatives à l’aléa sismique de la région du site du Tricastin est nécessaire ». Près de 20 mois après le séisme du Teil, on ne sait toujours pas si la centrale nucléaire du Tricastin est conçue pour résister à un séisme de forte intensité.
« Le gouvernement français doit faire preuve de responsabilité en actant dès maintenant la date de fermeture de la centrale du Tricastin. C’est la seule façon de protéger les populations, tout en anticipant la reconversion du territoire », affirme Roger Spautz.