Le jury* de la Résidence BMW a choisi à l’unanimité son projet car il se démarque par son approche holistique. Almudena Romero a une démarche expérimentale et scientifique originale avec une réflexion engagée sur les rapports entre écologie et production. Sa recherche sur les changements pigmentaires est non seulement technique mais aussi d’une grande force visuelle. Son travail fait totalement écho avec la vision qu’à le BMW Group de l’innovation et de la production qui se doivent toujours durables et respectueuses de l’environnement.
Son projet « The pigment change »
Utilisant la matière organique comme substrat photographique, The pigment change, explore les formes et les matériaux durables en photographie dans le cadre d’une réflexion plus large sur la durabilité.
Face à la disparition inéluctable du procédé argentique, elle recherche une pratique vertueuse à partir de matériaux vivants. Son propos est d’expérimenter une technique « écologique » à l’aide de procédés naturels et vivants au détriment de la chimie. Son principal support est naturel, les plantes et son matériau la lumière, propre aux plantes et à la photosynthèse.
Ce projet se divise en 4 séries : Faire une photo, Family album, Offspring et The act of producing.
Elle est accompagnée dans sa recherche par les professeurs du département photo de GOBELINS, Jerôme Jehel et Ricardo Moreno et est assistée par deux étudiants Nicolas Jenot et Thinlay Silva-Vincent.
Sa démarche est d’expérimenter et d’explorer le médium photographique au sens large, en utilisant les changements de pigment afin de produire :
- Des installations
- Des environnements qui réfléchissent sur la nature de la photographie, les lieux où la photographie existe, les formes où se manifeste la photographie
- Le matériel photographique pour fournir au public des objets-images ainsi que des expériences
de façon à élargir notre compréhension du médium et faciliter l’interaction avec la photographie de manière contemporaine.
« Pigment Change » utilise des procédés photographiques qui se produisent naturellement dans les plantes et la matière organique, comme le photopériodisme* et le photoblanchiment*, pour créer des œuvres d’art photographiques. Ce projet explore les formes et les matériaux photographiques en relation avec d’autres formes d’art, notamment la vidéo, la performance et l’installation. Les plantes et la matière organique sont exposées à des quantités spécifiques de lumière et à des longueurs d’onde particulières pour produire des objets-images et des expériences photographiques qui explorent un sens expansif du médium.
Dans « Automne » et « Printemps » de la série Faire une photo, des plantes sont soumises à des régimes de lumière spécifiques pour forcer un changement de la pigmentation des feuilles, tandis que dans Family album, Almudena expose des négatifs de ses archives familiales directement sur des panneaux de culture de cresson pour faire pousser des tirages photographiques.
Dans Printemps, une source artificielle est créée dans le studio d’Almudena avec un ensemble d’éclairage continu et lumineux qui permet à un groupe de 50 Poinsettias ou « plante de noël » de recevoir quotidiennement une quantité de lumière printanière pendant une période de 10 semaines. Grâce à ce régime lumineux, les plantes produisent des feuilles vertes riches en chlorophylle qui absorbent l’énergie lumineuse disponible tout en libérant des feuilles blanches inutiles.
La société BenQ est partenaire de ce projet à travers la mise à disposition d’un projecteur Laser BlueCore permettant à Almudena d’éclairer durant 20 000 heures consécutives les semences de cresson et d’obtenir ainsi des images avec un contraste et une définition élevée à partir de ce matériau pour la série Family album.
Dans The act of producing et la série Offspring, Almudena Romeroutilise des plantes entières comme toiles photographiques pour enregistrer des images.
The act of producing, expose des collages de plusieurs feuilles de très grand format (1,5 x 2 m) à des quantités extraordinaires de lumière UV pour forcer un changement de pigment sur les feuilles. Ce changement de pigment est basé sur le mécanisme de survie des plantes qui consiste à remplacer les pigments de chlorophylle (vert) par des caroténoïdes (jaune) pour libérer l’excès d’énergie.
L’artiste utilise la capacité de la plante à changer de pigment pour enregistrer des images très détaillées de ses propres mains tout en travaillant avec les plantes.
Offspring (ou progéniture en français) utilise les stratégies de reproduction sélective des plantes comme une métaphore pour exprimer le point de vue de l’artiste qui a choisi de ne pas devenir mère en raison de la crise climatique et environnementale actuelle. À l’appui des données scientifiques démontrant les difficultés auxquelles l’homme sera confronté dans les décennies à venir, de nombreuses jeunes femmes ne souhaitent pas avoir d’enfant. Si le choix de ne pas devenir mère est souvent associé à tort à des facteurs génétiques, émotionnels ou socio-économiques, un nombre croissant de femmes expriment leur volonté de ne pas devenir mère, de même que certaines plantes peuvent ne produire que deux feuilles dans leur vie entière dans le cadre d’une stratégie de reproduction contrôlée.
Cette série comprend un time-lapse de 30 jours documentant la naissance d’une nouvelle feuille et une série d’impressions textuelles directement réalisées sur des feuilles de plantes.
Faire une photo, Family album, Offspring et The act of producing représentent le point de vue de l’artiste sur la production ou la cause de l’existence, parfois en faisant une déclaration claire sur la maternité (Offspring), parfois en se concentrant sur l’acte de produire en tant que tel.
La Résidence BMW à Gobelins lui permet d’élargir ses recherches grâce aux moyens mis à sa disposition. Elle expérimente ainsi avec des matériaux complexes, fragiles, onéreux (les plantes, les semences), et de grande dimension dans l’environnement de GOBELINS, avec l’assistance de deux étudiants et l’accompagnement de professeurs.
Les résultats obtenus lui permettent d’obtenir et de développer une nouvelle écriture qui se déploiera sur les prochaines années dans sa pratique.
Vous pouvez découvrir Almudena Romero dans son laboratoire à GOBELINS, l’école de l’image, dans la vidéo de présentation en cliquant sur ce lien.
LA LAURÉATE 2020 DE LA RÉSIDENCE BMW À GOBELINS, L’ÉCOLE DE L’IMAGE.
Née en 1986 à Madrid, Almudena Romero est une artiste plasticienne. Professeure à l’université de Stanford, elle est membre de l’Académie de l’Enseignement Supérieur, titulaire d’un troisième cycle en art, design et communication ainsi que d’une maîtrise en photographie de l’Université des Arts de Londres.
François Cheval, directeur artistique de la Résidence BMW commente « Almudena Romero a fait de l’utilisation des processus photographiques anciens et contemporains plus qu’une technique habile, un propos sur la relation complexe qu’entretient la photographie, la société et la nature. Particulièrement intéressée par les premières techniques d’impression de la photographie, cyanotype ou collodion sur plaque humide, elle hybride l’ancien et le nouveau, créant ainsi des images surprenantes, des impressions sur végétaux notamment ».
Depuis 2015, son travail a été exposé à la Tate Modern, la Tate Britain, The Photographer’s Gallery, au Tsinghua Art Museum, au 104 Paris, à Unseen Amsterdam et à la Fundacion Mapfre. Ses œuvres font parties de diverses collections, notamment la Stephan Loewentheil Collection, la Penumbra Foundation, la Gabriela Cendoya-Bergareche Collection, Jerome Kohler – The Philanthropic Lab, le Bow Arts Trust, la Lucy Art Residency et la BBC Four. Elle a également reçu des commandes de Team London Bridge, du Southwark Council, d’Emergency Exit Artist, du Wellcome Trust + University College London, et du Bow Arts Trust.
LE DISPOSITIF DE LA RÉSIDENCE BMW.
La Résidence BMW donne carte blanche à un lauréat chaque année et met à disposition les moyens humains, financiers, artistiques et logistiques pour que l’artiste puisse mener à bien un projet d’expérimentation.
La dotation de BMW Group France pour la Résidence BMW comprend:
- Une bourse de 8 000 € pour le lauréat
- Le financement de la production des recherches et des œuvres pendant la résidence
- La production des expositions personnelles montrées aux Rencontres d’Arles et à Paris Photo.
- L’édition d’un livre dans la collection BMW Art & Culture
- La direction artistique assurée par François Cheval qui accompagne le lauréat dans ses recherches et assure l’appareil critique et le commissariat des expositions.
- GOBELINS, l’école de l’image partenaire de la Résidence BMW coordonne le projet sur le plan humain et technique. Le lauréat est accompagné́ par l’équipe pédagogique et assisté par un étudiant photographe.
- BMW et GOBELINS partagent la même volonté de transmission et de diffusion des pratiques artistiques. C’est pourquoi BMW accompagne le programme d’égalité des chances créé par l’école, en donnant une bourse à deux étudiants pour leur cursus en photographie, chaque année.
Initiée en 2011, la Résidence BMW est née du souhait de développer les pratiques photographiques contemporaines, de l’envie d’aller vers de nouveaux espaces de création. La Résidence BMW favorise l’émergence de talents et offre à ses lauréats un espace de libre expression, accompagne leur production artistique et permet une visibilité́ exceptionnelle auprès des professionnels et des amoureux de la photographie.
Depuis 15 ans, BMW Group France soutient la photographie, en cohérence avec son activité fondamentalement basée sur l’innovation. Cet engagement s’est d’abord concrétisé à Paris Photo en 2003, s’est ensuite poursuivit avec le partenariat avec les Rencontres d’Arles, en 2010 avant de se renforcer en 2011, avec la mise en place de la Résidence BMW.
Ce mécénat de BMW Group France s’inscrit dans une politique de mécénat initiée il y a près de 50 ans par BMW Group qui soutient plus de 100 projets culturels dans le monde entier.
* Jury de la Résidence BMW : Maryse Bataillard, responsable du mécénat BMW Group France – Nathalie Berriat, directrice de GOBELINS – François Cheval, directeur artistique de la Résidence BMW – Hervé Digne, collectionneur – Chantal Nedjib, fondatrice de l’image par l’image – Sam Stourdzé, actuel directeur de la Villa Médicis et directeur des Rencontres d’Arles lors du jury – Christoph Wiesner, actuel directeur des Rencontres d’Arles et directeur artistique de Paris Photo lors du jury.
* Photopériodisme : le photopériodisme est le rapport entre la durée du jour et de la nuit. Ce paramètre est un facteur écologique qui joue un rôle prépondérant sur les végétaux et les animaux.
* Photoblanchiment : Le photoblanchiment est la perte de fluorescence d’une molécule.