Ainsi, l’Europe produit plus de produits animaux qu’elle n’en consomme. C’est notamment le cas de la viande, dont la production de bœuf, de porc et de volaille est supérieure de respectivement 4 %, 16 % et 8 % à la consommation actuelle. De même, par rapport à ce qui est consommé, l’Europe produit 14 % de produits laitiers en trop.
Concernant l’ensemble des céréales utilisées en Europe, la majeure partie (59 %) sert à nourrir des animaux, et seulement 24 % à nourrir des personnes. En outre, 53 % des légumineuses riches en protéines et 88 % du soja sont également utilisés pour l’alimentation animale. Par ailleurs, environ 60 % de l’huile de colza utilisée en Europe sert à alimenter des véhicules [1].
Cette étude est publiée alors que la réforme de la Politique agricole commune (PAC) sera votée au Parlement européen à partir du 19 octobre prochain. Ce vote crucial doit déterminer quel type d’agriculture va être soutenu pour les sept prochaines années : les eurodéputé.es ont le pouvoir de mettre fin à une agriculture dominée par un élevage qui s’industrialise de plus en plus et de permettre le maintien d’une agriculture écologique et familiale.
« Depuis le début de la crise sanitaire, nous entendons souvent parler de souveraineté alimentaire et de relocalisation de la part de nos responsables politiques, dont Emmanuel Macron, explique Suzanne Dalle, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace France. Pourtant, les accords de libre-échange signés par ces mêmes dirigeants et les politiques agricoles européennes favorisent toujours la surproduction de viande, les importations massives de soja et remplissent les réservoirs des voitures. L’UE doit stopper cette course à l’industrialisation, en particulier pour l’élevage : elle ne doit pas produire davantage, mais produire autrement. »
Greenpeace appelle l’UE à opérer de toute urgence une transition dans ses politiques alimentaires, agricoles et commerciales. Pour mettre en place un système alimentaire vraiment résilient, relocalisé et diversifié qui produit une nourriture saine, il faut réduire l’utilisation de la production agricole et des terres agricoles pour l’alimentation des animaux et la fabrication d’agrocarburants. La mise en place d’un système agricole plus résilient et respectueux de l’environnement passera nécessairement par une production plus écologique au service de régimes alimentaires basés sur des produits locaux et plus sains, garantissant des rémunérations dignes aux agriculteurs et agricultrices.
[1] Le rapport se fonde sur l’analyse que Greenpeace a réalisée à partir des bases de données FAOSTAT et Eurostat. La plupart des données datent de 2016.