SANTÉ, ENVIRONNEMENT ET NUMÉRIQUE EN TÊTE DES VOTES DES CONSOMMATEURS
Au début de l’été, et à partir des réflexions de son Mouvement sur l’adaptation de notre modèle de consommation aux conséquences de la crise sanitaire, l’UFC-Que Choisir avait soumis aux consommateurs 17 propositions concrètes qui visaient à permettre l’émergence d’une consommation plus sobre, plus juste et responsable. Ce sont plus de 100000 Français qui ont ainsi apporté leur pierre à l’édifice de la réflexion sur la « consommation d’après »(1), avec un soutien très affirmé aux différentes pistes de réformes. Ainsi, 12 propositions sur 17 ont reçu plus de 95 % de soutien, et aucune n’était à moins de 83 % d’approbation.
Dans le détail, si la santé est logiquement, compte tenu du contexte, au cœur des attentes, la sécurisation de la société numérique et surtout la transition écologique ressortent très clairement. Sur la dimension environnementale, les consommateurs réclament ainsi l’allongement de la durée de garantie et une obligation de résultat pour les travaux de rénovation énergétique.
DES DOUTES SUR L’AMBITION ÉCOLOGIQUE DE LA RELANCE
Si l’attente des consommateurs est forte, la réponse dans le cadre du projet de loi de finances est plus timorée. On ne peut en effet que déplorer les effets d’annonce et les mesures à contre-sens prises par les pouvoirs publics, qui mettent en doute la portée environnementale du plan de relance. Ainsi sur la rénovation énergétique : le plan annonce en faire une priorité, ce qu’on ne peut que saluer, d’autant plus que l’approche globale des travaux commence enfin à être favorisée. Mais les 2 milliards d’euros budgétés sur deux ans pour aider les ménages s’inscrivent dans un contexte de disparition d’une autre aide à la rénovation (le crédit d’impôt pour la transition énergétique), d’un montant comparable. En réalité, l’effort public total en faveur de la rénovation des logements ne sera pas plus élevé les deux prochaines années qu’il ne l’était en 2018 ! En outre, tant que le gouvernement ne mettra pas en œuvre l’obligation de résultats pour les travaux de rénovation, l’argent public investi risque, comme jusqu’à présent, de largement servir à arroser le désert(2).
Il en est de même des ambitions en matière d’agroécologie, qui doit recevoir 1,2 milliard d’euros sur deux ans. Comment comprendre la stratégie de la France en la matière, alors que dans le même temps, un projet de loi est examiné par l’Assemblée nationale pour réautoriser l’usage de dangereux insecticides, les néonicotinoïdes ?
UN PLAN DE RELANCE QUI DÉDAIGNE LA CONFIANCE DES CONSOMMATEURS
Enfin, les consommateurs ont également appelé de leurs vœux une consommation sobre et créatrice de liens (promotions des circuits courts, régulation du commerce en ligne pour s’assurer d’une juste concurrence avec le commerce indépendant, création d’un « prix vert ») et qui ne laisse personne sur le bord de la route (droit opposable à un internet de qualité, plafonnement des frais bancaires). On ne peut dès lors que regretter que le plan de relance du Gouvernement n’ait pas pris en considération les aspirations des Français à une nouvelle consommation. Les mesures demandées par les consommateurs seraient pourtant indispensables pour favoriser le retour de la confiance et la réorientation des pratiques consuméristes, qui sont les véritables déterminants de notre modèle économique.
Au vu de ces éléments, l’UFC-Que Choisir, à partir des contributions des plus de 100000 consommateurs participants, a traduit en une proposition de loi de quinze articles ses mesures pour faire émerger une consommation responsable et l’adresse aujourd’hui à l’ensemble des parlementaires, pour qu’elle soit mise à l’ordre du jour du Parlement au plus tôt.
(1) 103627 réponses au questionnaire mis en ligne sur www.quechoisir.org entre le 25 juin et le 4 septembre 2020.
(2) L’ADEME a montré en 2018 que les trois-quarts des rénovations énergétiques de logements ne permettaient pas de gagner ne serait-ce qu’une classe de DPE (diagnostic de performance énergétique).