Les amoureux de la Manta et leurs modèles très spéciaux
Sur les 40 Manta présentes à Timmendorfer Strand, quatre se démarquaient:
C’était le cas du magnifique exemplaire de Manfred Henning, l’organisateur : «je suis venu avec une D.O.T. Turbo Broadspeed noire. Ce véhicule n’était disponible que sur le marché britannique, et seulement 28 ont été construites. On ne recense que six véhicules encore présents dans le monde entier; certains sont en très mauvais état. Le mien n’a été utilisé sur la route et en rallye que de 1975 à 1978. Après cela, la voiture a été garée dans un garage pendant des décennies. Depuis que j’ai fini de la restaurer en 2015, la voiture a retrouvé tout le lustre qu’elle avait quand elle était neuve.»
Autre exemplaire peu banal, celui de Jürgen Schwartz, fan de Manta depuis le début: «ma voiture a une peinture personnalisée où l’on peut voir une Manta stylisée sur le capot par ailleurs noir. J’ai acheté ma première Manta, également jaune citron, en 1973. J’ai peint celle-ci exactement de la même façon en 1980 et je roule avec depuis maintenant 40ans.»
Celle de Torsten Hack, «Greenkeeper», est immanquable. «J’ai restauré ma Manta A GT/E il y a quelques années en la rendant parfaitement fidèle à l’original. La voiture vert fluo est tout simplement magnifique. Aucun constructeur ne proposerait cette combinaison de couleurs aujourd’hui.».
Et pour l’aspect sport, celle du pilote Roland Barleben. «Ma Manta Steinmetz a les élargisseurs d’ailes typiques des années 70 et se distingue par d’autres appendices classiques dans le monde du tuning. Quand on voit ma voiture, que j’ai soigneusement restaurée, on comprend que la Manta avait également du succès dans le monde du sport automobile.»
Manta: merci au commandant Cousteau…
Retour en arrière. Un samedi matin de 1969, George Gallion prend l’avion pour Paris. Le designer américain qui travaille chez Opel a demandé à rencontrer l’équipe de l’océanographe français Jacques-Yves Cousteau.
«Nous nous étions arrêtés sur le nom de Manta,» se souvient George Gallion, 51 ans après sa mission à Paris. «A cette époque, donner des noms d’animaux était dans l’air du temps. La Ford Mustang et la Corvette Stingray avaient eu beaucoup de succès aux Etats-Unis. Notre Manta s’inscrivait aussi dans la mode des pony car. Nous avions dix jours pour trouver un logo, mais nous n’avions pas trouvé comment la symboliser au mieux.»
George Gallion prend donc l’avion pour Paris et va chez Cousteau pour trouver son bonheur dans les films tournés par l’équipe de l’océanographe. Pendant des heures, il passe en revue les images. Jusqu’à ce qu’il trouve finalement un plan dans lequel une gigantesque raie manta est filmée en contreplongée, et se détache sur la surface réfléchissante de la mer. Bingo. C’est ça. Belle prise. L’Opel Manta a trouvé son identité et l’on peut désormais fixer le célèbre emblème chromé sur ses ailes avant.
La Manta présentée sur les bords de la Baltique
Autre retour en arrière. La Manta, coupé en habits de sport, est présentée en septembre 1970. Fort à propos, la présentation a lieu à Timmendorfer Strand, sur la côte de la mer Baltique. Pour Opel, la Manta représente une percée dans de nouveaux territoires. «Au lieu de rendre un modèle existant obsolète, la voiture que nous présentons aujourd’hui vient compléter notre gamme et répond à une nouvelle attente du marché,» dit le dossier de presse.
La Manta est moderne, intelligente et sportive, et parfaitement en phase avec le marché. Les jolis coupés pouvant accueillir quatre personnes sont très en vogue à l’époque. Il est important de pouvoir de se démarquer: la forme et les lignes de la Manta correspondent exactement à ce que le marché recherche. Au cours de la première année complète de vente, Opel parvient à vendre 56.200 exemplaires de la Manta; au total, le constructeur en construira 498.553. La plateforme, la suspension et les moteurs sont partagés avec l’Ascona. Le moteur le plus puissant de la Manta est le quatre-cylindres 1.9S de 90ch, issu en droite ligne de l’Opel Rekord.
En 1972, la gamme Manta commence avec le 1.2 de 60ch, suivie en novembre de la même année par une Manta Berlinetta luxueusement équipée. La dotation de série comprend un volant sport, une lunette arrière chauffante, des phares halogènes, un lave-glace électrique et un toit en vinyle. Les cinq années de production seront émaillées de nombreuses versions spéciales – «Holiday», «Plus», «Swinger» et «Summer Bazar» – sachant offrir des spécifications haut de gamme en gardant des prix abordables. La Manta GT/E, propulsée par un moteur 1,9litre de 105ch à injection Bosch L Jetronic, apparait en 1974. Au plan esthétique, les chromes laissent place au noir mat, tendance très évidente sur la Manta GT/E. La dernière série limitée est présentée en 1975, peu avant le lancement de la Manta B. La «Black Magic», basée sur la GT/E, est peinte en noir avec des bandes orange sur les flancs.