Dans la presse quotidienne régionale, à la radio, sur internet : fin 2019, Orano a martelé les messages du type « eh non, on ne réchauffe pas la planète ! » ou « 96% du combustible nucléaire usé est recyclable ». Pourtant, l’entreprise n’a rien à vendre au grand public : cette publicité surfant sur les préoccupations environnementales a en réalité pour principal objectif de redorer le blason d’une industrie en difficulté et améliorer l’acceptabilité sociale du nucléaire… voire de préparer le terrain pour la construction de nouvelles centrales ?
Pour dénoncer cette publicité mensongère, Greenpeace France et le Réseau “Sortir du nucléaire“ avaient saisi le Jury de déontologie publicitaire et déposé une première plainte le 19 décembre 2019, suivie d’une deuxième déposée par le Réseau “Sortir du nucléaire“ le 16 janvier 2020. Dans un avis publié ce 29 avril, le JDP a reconnu que ces publicités violaient plusieurs recommandations de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité.
Non seulement le nucléaire n’est pas recyclable, mais il pollue notre planète pour de milliers d’années !
Dans ces publicités, Orano joue sur la confusion entre retraitement et « recyclage », et banalise les déchets radioactifs en les mettant sur le même plan que les déchets ménagers soumis au tri sélectif. Pourtant, comme l’a relevé le Jury de déontologie publicitaire, seul 1% du combustible usé est effectivement recyclé (1).
Pour le Réseau “Sortir du nucléaire“ et Greenpeace France, mettre en avant ce prétendu « recyclage » est une tentative de présenter le nucléaire comme « vertueux » pour occulter la pollution durable engendrée par cette industrie.
Nos associations rappellent par ailleurs que le combustible usé ne constitue qu’une petite part des déchets radioactifs et qu’une bonne partie des déchets de l’industrie nucléaire échappe toujours à cette classification (uranium appauvri, stériles et résidus miniers, etc…).
Non, le nucléaire ne sauvera pas le climat !
Comme le souligne le Jury de déontologie publicitaire, si le nucléaire est effectivement peu émetteur, il n’est pas acceptable d’insinuer que ses émissions seraient nulles et de suggérer une absence totale d’impact (2).
Nos associations rappellent par ailleurs que les émissions peu élevées du nucléaire ne suffisent pas à en faire un allié du climat. Pour répondre à l’urgence climatique, une option ne doit pas seulement être peu émettrice, mais déployable rapidement et à un coût abordable. L’EPR de Flamanville (plus de 10 ans de retard et des coûts multipliés par 3,5) l’illustre bien : miser sur le nucléaire pour produire une électricité « bas-carbone » revient à perdre du temps et de l’argent, quand les énergies renouvelables et les économies d’énergie s’avèrent bien plus efficaces.
Alors que la France s’achemine vers une récession sans précédents, engloutir des milliards dans cette technologie dangereuse, polluante et inadaptée à l’urgence climatique serait une faute monumentale. Dans un monde plus incertain, misons plutôt sur un système sobre, renouvelable et décentralisé.
Retrouver les avis 634/20 (sur le « recyclage » des déchets) et 625/20 (sur les émissions de gaz à effet de serre) du JDP.