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Le COVID-19 est-il la cause exclusive du recul du nombre de crédits immobilier traités ?

D’un côté, si les acteurs requis pour concrétiser un projet immobilier se voyaient isolés chez eux, les acheteurs se retrouveraient restreints et rencontreraient des difficultés pour trouver un interlocuteur pour visiter un bien ou préparer son financement.

Certes, aujourd’hui, le numérique permet à une grande partie des acteurs de travailler de chez eux, et offre la possibilité d’avancer de son domicile sur un dossier ou de transmettre les documents dématérialisés. En revanche, pour l’acheteur, la visite d’un bien en faisant appel à tous ses sens ou pour les acteurs financiers, la réalisation des contrats avec des contraintes de confidentialité et de sécurisation des données, requièrent des rendez-vous de visu. Ne pas traiter ces dossiers entraînerait inévitablement un retard, induisant un recul de la demande et de nombre de dossiers financés.

De l’autre côté, l’effondrement des marchés financiers pousse les investisseurs à se tourner vers la valeur sûre qu’est la pierre, qui de plus, assure un rendement important lorsqu’on le rapporte au risque pris.

Ce sont les acheteurs qui décideront si oui ou non le marché de l’immobilier va continuer sur sa dynamique malgré les inquiétudes liées au coronavirus. Les banques centrales, elles, continueront de donner les moyens aux marchés de distribuer de l’argent « pas cher » et à des taux intéressants pour relancer l’économie. De fait, l’annonce par BCE, ce jeudi 12 mars, du maintien inchangé de ses taux ne doit pas être interprétée comme un signal d’alerte. Les taux étant déjà au plus bas, inutile de les baisser plus. La décision de racheter de la dette est, elle, plus utile, car les Etats vont devoir s’endetter pour soutenir les entreprises et minimiser les impacts économiques du Coronavirus : en tirant à la baisse les taux des OAT, ce second arbitrage devrait, justement, profiter aux crédits immobiliers.

Pour le moment, la demande de crédit n’a pas baissé malgré ce début d’année difficile, entre les contraintes apportées par le HCSF et la Banque de France et l’arrivée du COVID-19. Alors que le nombre de demandes est identique à celui observé en début d’année 2019, le nombre de refus de crédits a plus que doublé passant de 10% à plus de 20% des demandes présentées par CAFPI, à cause de la pression mise par ces institutions. Parmi les premiers touchés, on trouve les primo accédants et les investisseurs.

Cet épisode pourrait avoir comme aspect positif de calmer la pression du marché immobilier, notamment en zones tendues, en contenant quelque peu la hausse des prix. Mais il n’y aura pas d’abandon de l’immobilier : malgré le contexte chaotique, la stabilité de la demande de crédit prouve, s’il en était besoin, que l’immobilier reste le placement refuge préféré des Français.