Le bilan écologique de l’agriculture suisse est faible. Des mesures plus courageuses seraient nécessaires pour garantir que les objectifs environnementaux soient atteints à l’avenir. Pourtant elles ne figurent pas dans le message.
Les effectifs d’animaux beaucoup trop élevés ne sont pas concernés. La solution proposée pour réduire l’azote est trop laxiste. Les objectifs de réduction doivent être plus ambitieux et les délais de mise en œuvre plus courts.
Par ailleurs, le Conseil fédéral relâche la pression en matière de protection du climat. Avec sa proposition, la Suisse sera loin d’atteindre les objectifs climatiques fixés dans l’accord de Paris pour le secteur agricole.
Eva Wyss, cheffe de projet Agriculture au WWF Suisse:
«Il est regrettable que le Conseil fédéral n’adopte pas une démarche plus décisive, vus les problèmes massifs liés aux cheptels et aux émissions de CO2 de l’agriculture.»
«Nous avons besoin d’instruments efficaces et pas seulement de mesures volontaires dans le cadre des paiements directs.»
Personne ne l’ignore: l’agriculture suisse n’atteint aucun des objectifs environnementaux fixés par la loi. En termes de bilan écologique, l’agriculture est confrontée à des défis majeurs.
La Suisse est surfertilisée
Le bétail en surnombre, nourri avec du fourrage importé, produit trop d’engrais. Cela conduit à un déclin de la biodiversité. En effet, les engrais contiennent une forte proportion d’azote, qui s’échappe dans l’air et atteint ainsi des zones riches en espèces comme les prairies sèches et les zones humides. Ces dernières sont surfertilisées. Les plantes qui aiment les sols pauvres en nutriments sont remplacées par celles qui aiment l’azote, comme les pissenlits. Avec la disparition de ces espèces, ce sont autant d’éléments de la chaîne alimentaire auxquels tiennent, par exemple, des insectes ou des oiseaux, qui viendraient à manquer. La solution proposée aujourd’hui afin de réduire l’azote ne sera pas suffisante pour changer cette situation insoutenable. Les objectifs de réduction doivent être plus ambitieux, sinon les objectifs environnementaux resteront lettre morte.
Les pesticides polluent l’environnement
Les pesticides ont des effets négatifs sur les humains et les animaux. Ici aussi, la quantité – et surtout la toxicité – des substances utilisées doit être massivement réduite. La réhabilitation coûteuse des captages d’eau potable ne fait que combattre les symptômes, mais pas la cause du problème des pesticides dans l’agriculture. C’est pourquoi, comme l’envisage la Commission des affaires économiques et financières, l’inscription dans la loi des solutions de réduction des pesticides et des nutriments est la bonne approche. Toutefois, il faut à présent concevoir ce système de manière qu’il conduise au succès souhaité. L’introduction d’une taxe incitative basée sur la toxicité des pesticides est un instrument efficace. Cette mesure doit être introduite en cas de non-réalisation des objectifs.
Les objectifs climatiques sont ignorés
L’Accord de Paris oblige la Suisse à réduire ses émissions de CO2 dans tous les domaines. L’agriculture a un rôle important à jouer à cet égard. Il est important d’avoir de plus petits cheptels et d’utiliser systématiquement les terres arables pour la production directe d’aliments végétaux destinés à la consommation humaine. Ce n’est qu’ainsi que l’agriculture pourra apporter une contribution pertinente à la protection du climat. Pour atteindre cet objectif, le Conseil fédéral doit s’appuyer sur des réglementations efficaces et des incitations accrues. Cela inclut des lignes directrices claires pour les terres agricoles.
Les fausses incitations sont toujours à l’ordre du jour
Les fausses incitations doivent être supprimées, sinon tout progrès dans la nouvelle politique agricole sera inefficace. Pour ne prendre qu’un exemple, il est incompréhensible que le Conseil fédéral s’en tienne à la promotion des produits animaux. En outre, le taux réduit de TVA sur les moyens de production tels que les engrais minéraux et les pesticides doit être augmenté.