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Biodiversité marine en Guyane : une « zone vitale » à protéger pour de nombreuses espèces

Baleine à bosse photographiée dans les eaux de Guyane pendant l’expédition Greenpeace 2019. Crédit : Pierre Baëlen

Deux semaines seulement après le lancement d’une expédition scientifique au large de la Guyane, les équipes de Greenpeace [1], en collaboration avec les chercheurs du CNRS présents à bord du navire, ont pu collecter suffisamment de données pour affirmer que les eaux guyanaises sont une zone vitale pour des cétacés tels que les baleines à bosse et doivent donc faire l’objet de mesures de protections spécifiques.

Depuis le navire de Greenpeace MY Esperanza, les scientifiques ont pu observer une dizaine d’espèces différentes de cétacés et collecter de nombreuses données sur leur comportement.

Pour Olivier Van Canneyt, biologiste marin à l’observatoire Pelagis (CNRS/La Rochelle Université), la région est une zone importante pour la survie de ces espèces : « Cette mission confirme que les eaux guyanaises sont plus qu’une route migratoire pour certaines espèces : pour la première fois, nous avons vu des baleines comme le rorqual tropical se nourrir dans cette zone, c’est donc pour lui une zone d’alimentation. Nous avons également observé des baleines à bosse avec leurs petits : leur présence confirme bien que c’est aussi une zone vitale de reproduction, de mise-bas et d’allaitement. » Certains cétacés comme le grand cachalot et le pseudorque ont également été identifiés grâce à l’utilisation d’un hydrophone.

Le navire a sillonné les eaux de Guyane, sur le talus continental qui descend de 200 à 2000 mètres de profondeur [2]. Greenpeace a pu filmer et photographier pour la première fois certaines espèces dans les eaux de Guyane, comme le requin soyeux, le dauphin d’Electre et le rorqual de Bryde. Plusieurs grands poissons pélagiques ont aussi été observés : requins marteaux, espadons-voiliers, poissons-lunes…

La zone étudiée est également riche en oiseaux marins. « Le pétrel de Bulwer est une espèce peu observée en Guyane, déclare Amandine Bordin, chargée de programme biologie marine au GEPOG [3]. Nous avons également vu des sternes fuligineuses et des puffins de Baillon. Les quelques scènes de chasse observées étaient assez exceptionnelles avec de nombreux grands prédateurs, illustrant bien la richesse de la diversité marine guyanaise. »

« Cette mission vient compléter les inventaires réalisés depuis seulement une dizaine d’années au large de la Guyane et l’état des connaissances sur la mégafaune marine, conclut Olivier Van Canneyt. Ces observations permettent de mettre en évidence l’importance des habitats en mer et d’appréhender certains enjeux de conservation. »

Il n’est pas souhaitable que ces écosystèmes uniques soient menacés par les ambitions d’activités d’exploration pétrolière au large de la côte nord du Brésil. Ces activités pourraient avoir des conséquences irréversibles sur l’ensemble de la zone. Greenpeace rappelle de nouveau le besoin d’appliquer le principe de précaution et de tout mettre en œuvre pour protéger cette biodiversité et ces milieux marins.

Cette région devrait faire partie des zones prioritaires de conservation. Greenpeace demande la création d’un vaste réseau de réserves marines qui couvrirait au moins 30 % des océans d’ici à 2030, un objectif également défendu par les scientifiques de l’Union internationale pour la conservation de la nature.

« Il est impératif de mieux connaître ces écosystèmes avant d’envisager toute activité industrielle potentiellement destructrice, déclare Edina Ifticène, chargée de campagne Océans pour Greenpeace France. Les observations effectuées montrent à quel point il est important de mettre en place des mesures de conservation efficaces et surtout, d’avoir un traité mondial solide pour les océans [4]. C’est maintenant que les gouvernements doivent agir pour les préserver, le statu quo actuel autour du traité ne va pas nous aider à sauver les océans, la situation déjà alarmante ne fera qu’empirer. »

[1] Cette mission s’inscrit dans le cadre d’une expédition en mer menée par Greenpeace pour une durée d’un an, au cours de laquelle le navire l’Esperanza traversera l’océan Atlantique, depuis l’Arctique jusqu’en Antarctique, pour mettre en valeur la richesse des écosystèmes marins et dénoncer les menaces qui pèsent sur les océans.
[2] Carte d’observation de la mégafaune marine, réalisée pendant l’expédition de Greenpeace avec le CNRS, le GEPOG et l’association Evasion Tropicale (29/08/19 au 10/09/19)
[3] GEPOG : Groupe d’étude et de protection des oiseaux en Guyane
[4] Un traité international ambitieux pourrait constituer le cadre juridique nécessaire à la protection de la haute mer, et ainsi permettre la création de réserves marines, zones où sont exclues les activités humaines néfastes.