La transparence est pourtant un enjeu central de la lutte contre la déforestation liée à l’industrie de l’huile de palme. En décembre 2018, le plus gros négociant mondial, Wilmar, s’est engagé à cartographier et surveiller plusieurs centaines de ses fournisseurs pour vérifier qu’ils ne contribuent pas à la déforestation. Le gouvernement indonésien semble vouloir freiner ces efforts.
« Le gouvernement indonésien paraît déterminé à empêcher les entreprises de savoir si l’huile de palme qu’elles produisent détruit les forêts. Cela démontre une nouvelle fois que c’est aux pays importateurs d’imposer un système strict de traçabilité. La France en particulier doit mettre en œuvre les engagements pris au sein de la Stratégie nationale contre la déforestation importée, qui reste pour l’instant une déclaration de bonnes intentions non suivie d’effets », explique Clément Sénéchal, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France.
Il y a environ deux ans, la Cour suprême Indonésienne a enjoint au gouvernement de rendre publiques toutes les informations concernant les exploitations de palmiers à huile. A l’inverse, les ministres indonésiens, comme Luhut Panjaitan (ministre des Affaires maritimes) et Darmin Nasution (ministre des Affaires économiques) s’opposent délibérément à la communication de données et d’informations concernant ces exploitations. Le deuxième prétend qu’il s’agit d’une réponse aux entreprises qui “flirtent” avec l’Union européenne, celle-ci cherchant à mettre un terme à l’utilisation d’huile de palme dans les agrocarburants en raison des risques de déforestation induits.
Pour Clément Sénéchal, « l’attitude du gouvernement indonésien montre que le projet de raffinerie de Total à la Mède ne peut offrir aucune garantie environnementale. Déjà plusieurs milliers de tonnes d’huile de palme ont été livrées sur le site, en provenance d’un fournisseur… indonésien. Le gouvernement français avait promis que l’huile de palme utilisée à la Mède serait “durable”. Nous voyons qu’il s’agissait d’un écran de fumée destiné à préserver les intérêts de Total, sans garde-fou sérieux. Le gouvernement français doit maintenant réagir et mettre un terme à ce désastre écologique ».