Mercredi 17 avril, un débat public sur les déchets nucléaires doit être lancé dans le cadre du Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs 2019-2021.
Greenpeace France considère que ce débat, qui donnera lieu à des dizaines de réunions partout en France, doit être l’occasion pour les citoyen.ne.s de se saisir d’un sujet grave dont l’empreinte écologique est largement sous-estimée.
Avec ses 58 réacteurs et ses 60 ans de programme nucléaire, la France produit des déchets nucléaires en masse, alors qu’elle ne dispose à l’heure actuelle d’aucune solution satisfaisante pour les gérer. Aujourd’hui, environ 1,6 million de m³ de déchets radioactifs s’entassent sur le territoire national, auxquels s’ajoutera inévitablement l’amas de déchets liés au démantèlement de notre parc vieillissant [1].
Pour Yannick Rousselet, porte-parole sur les questions nucléaires pour Greenpeace France :
« A force de fuite en avant, nous sommes aujourd’hui dans une situation de crise que l’industrie nucléaire s’entête à nier, en faisant semblant de maîtriser la situation. Pourtant, lorsque l’industrie prétend que 96 % des matières produites sont recyclables, elle ne dit pas qu’en réalité, moins de 1% du combustible usé est finalement réutilisé [2] ! Le mythe du déchet nucléaire valorisable ou recyclable a trop duré. Il faut couper le robinet des déchets nucléaires. Nous ne pouvons pas laisser un tel fardeau aux générations futures, tant sur le plan financier qu’environnemental ».
Comment les déchets produits par l’industrie électro-nucléaire sont-ils stockés aujourd’hui ? Combien de temps resteront-ils radioactifs ? Où sont-ils situés ? Les installations sont-elles sécurisées et durables ? Combien de convois radioactifs y a-t-il sur nos routes ? Quelles sont les autres options possibles ? Quels sont les vrais coûts liés aux déchets nucléaires ? Toutes ces questions légitimes doivent être placées au cœur des discussions. Ce débat doit être un moment de vérité ! Par exemple sur le projet contesté de Cigéo à Bure, dont les failles devront être exposées, ou encore sur l’intérêt pour la France de poursuivre la politique de retraitement.
« Les choix qui ont été faits dans le passé nous exposent quotidiennement à des risques majeurs pour la santé et l’environnement, poursuit Yannick Rousselet. C’est le cas du projet à Bure, dont la réversibilité n’est pas prouvée et qu’il serait scandaleux d’imposer contre la volonté de la population. Idem pour le retraitement, qui aggrave le problème en créant plus de déchets et des déchets encore plus dangereux. Tous les pays ont abandonné cette technique, trop coûteuse et inutile : la filière est à bout de souffle, il est temps d’en sortir ! ».
Alors que les sites existants arrivent à saturation, obligeant l’industrie à rechercher de nouveaux sites pour gérer les déchets nucléaires, Greenpeace France estime qu’il faut sortir de cette impasse. La problématique des déchets nucléaires ne doit plus être confisquée par les industriels du secteur et des responsables politiques aveuglément pro-nucléaires.
Les demandes de Greenpeace France :
- Renoncer au projet d’enfouissement profond Cigéo et privilégier d’autres options, comme le stockage à sec en sub-surface.
- Mettre un terme au retraitement du combustible usé, qui multiplie les risques.
- Mettre fin aux transports nucléaires inutiles (notamment ceux liés au retraitement) et interdire les passages en zone de concentration urbaine.
- Comptabiliser les « matières radioactives » non réutilisées dans la liste des déchets nucléaires d’EDF.
- En priorité : cesser de produire des déchets nucléaires en planifiant une sortie du nucléaire qui s’appuiera sur les économies d’énergie, l’efficacité énergétique et le développement d’énergies renouvelables, selon des scénarios compatibles avec la lutte contre le changement climatique.
[1] Aux 2,3 millions de m3 de déchets issus du démantèlement, s’ajoutent les 21 000 m3 de déchets produits chaque année par l’industrie nucléaire, et les plus de 360 000 tonnes (tML) de « matières » radioactives qui pourraient être requalifiées en déchets (source ANDRA).
[2] Source : rapport du Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (p.6).