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L’historien Jean-Pierre Azéma jugé pour diffamation suite à son rapport public sur le sort des malades mentaux sous le régime de Vichy



L’historien Jean-Pierre Azéma sera jugé le 23 novembre 2018 à 13h30 par la 17e chambre correctionnelle du TGI de Paris pour diffamation et atteinte à l’honneur d’un individu suite à la plainte déposée par l’auteur Armand Ajzenberg. Des infractions commises dans un rapport public rédigé par Jean-Pierre Azéma et destiné à orienter une décision à prendre par un Président de la République à propos du sort tragique des malades mentaux sous le régime de Vichy.

– 78 000 malades mentaux morts dans les hôpitaux psychiatriques sous le régime de Vichy

Mais aussi :

– 50 000 vieillards de plus que n’en prévoyait la mortalité ordinaire, également morts, dans le même temps et sous le même régime, dans les hospices
– 10 000 êtres humains environ enfermés dans les prisons françaises, non condamnés à mort, et cependant morts sous le régime de Vichy

Tous morts de faim avant que leur dernière heure ne soit vraiment arrivée, sans loi ni décret, par non-assistance à personnes en danger du régime pétainiste d’alors.

C’est ce que Jean-Pierre Azéma, dans un rapport public (Mission sur le drame que les personnes handicapées mentales ou malades psychiques ont connu dans les hôpitaux psychiatriques et les hospices français entre 1941 et 1945) demandé par François Hollande, a voulu cacher au Président de la République d’alors, ainsi qu’a tous les Français.

La vérité historique, dans son rapport, s’agissant de l’hécatombe des fous sous le régime de Vichy, dépendrait selon lui de deux thèses : soit une volonté exterminatrice des fous par dénutrition d’un gouvernement de Vichy, ce serait la thèse soutient-il d’Armand Ajzenberg, soit la non-existence de toute directive exterminatrice provenant de ce même gouvernement. Absence de directive prouvant la non-implication de ce gouvernement en la matière, c’est la thèse de Jean-Pierre Azéma. Il s’agit là de deux thèses fallacieuses. L’une, celle qu’il a imputé à Armand Ajzenberg, est une allégation mensongère. Et Jean-Pierre Azéma, fort de son mensonge, tranche en faveur de la seconde. Il en fait sa vérité historique. Pourtant sa thèse, résultant d’un non-fait, ne prouve en rien qu’il n’y ait pas eu alors non-assistance à personnes en danger de mort, ceci de plus en connaissance de cause.

Pour arriver à sa conclusion, l’historien transforme la thèse de non-assistance par Vichy à personnes en danger de mort en « intentionnalité du régime de Vichy d’éliminer les malades mentaux ». Ainsi il lui est facile de ne pas trouver la preuve d’une directive allant en ce sens. En effet, la non-assistance à personnes en danger de mort ne relève pas, par définition, d’une directive écrite, sinon elle serait « intention éliminatrice » et non plus « non-assistance ». C’est cette allégation mensongère qui permet à Jean-Pierre Azéma d’éliminer la thèse opposée à la sienne.

« Aujourd’hui encore, la polémique reste en embuscade » écrivait la journaliste Élise Rouard à la fin d’un important article (une page) publié dans Le Monde daté du 8 mai 2018. Elle constatait, elle aussi, que « Dans son texte celui-ci (Jean-Pierre Azéma) soutient la thèse d’Isabelle von Bueltzingsloewen, ignorant les autres qui concluent à une faute, une non-assistance à personnes en danger de la part des autorités de l’époque ». Ce qui conduisit François Hollande à déclarer : « Cette hécatombe n’a pas été voulue, n’a pas été planifiée, […] – elle est arrivée par l’indifférence, par l’oubli, par l’ignorance ».

Jean-Pierre Azéma écrit en effet (page 6 de son rapport) : « Armand Ajzenberg, en collaboration avec André Castelli […] publiait L’Abandon à la mort… de 76 000 fous par le régime de Vichy (éd. L’Harmattan 2012) […] C’est… avant tout une réponse à Isabelle von Bueltzingsloewen sur un ton inutilement polémique. En tout cas, il n’apporte pas la preuve que le gouvernement de Vichy a rédigé puis diffusé une directive officialisant « l’hécatombe » des malades mentaux ». Ainsi, à partir de cette allégation mensongère, Jean-Pierre Azéma croit pouvoir clore la polémique. En effet pour arriver à la conclusion d’Isabelle von Bueltzingsloewen, il lui est indispensable d’ignorer, de gommer, de censurer la non-assistance à personnes en danger de mort.

Mais le mensonge finalement démasqué, l’argumentation développée par Isabelle von Bueltzingsloewen et Jean-Pierre Azéma conduisant à la non-implication du régime de Vichy dans toutes ces morts tombe à l’eau, que reste-t-il alors ? Ce qu’ils ont tant voulu ignorer, gommer, censurer : la non-assistance à personnes en danger de mort. Une page de l’histoire de ce régime collaborationniste sera alors, le 23 novembre 2018, peut-être ajoutée.

Le vendredi 23 novembre 2018 à 13h30 – TGI de Paris

29-45 Avenue de la Porte de Clichy, 75017 Paris

L’historien Jean-Pierre Azéma devant la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance pour diffamation publique et atteinte à l’honneur d’Armand Ajzenberg