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Loi sur le CO2: les compensations à l’étranger coûtent 3,75 milliards



Le Conseil fédéral prévoit d’acheter des certificats étrangers à large échelle pour atteindre les objectifs climatiques de la Suisse en la matière. Le WWF évalue le coût de ces certificats à au moins 3,75 milliards de francs. Pourtant, des mesures de protection du climat prises en Suisse permettraient d’économiser de l’argent.

Selon le projet de consultation du Conseil fédéral, la Suisse doit à l’avenir compenser 20% de ses émissions de CO2 par l’achat de certificats climatiques étrangers au lieu de réduire ses émissions dans le pays. Les estimations du WWF montrent que la Suisse doit s’attendre à des coûts d’au moins 3,75 milliards de francs pour l’achat de certificats durant la période de 2021 à 2030. Si ces coûts sont aussi élevés, c’est que l’Accord de Paris enjoint tous les pays à se fixer des objectifs climatiques. Les Etats vont garder les potentiels de réduction du CO2 avantageux pour eux-mêmes et ne vendre que les opportunités de réduction les plus onéreuses par l’intermédiaire des certificats. Par ailleurs, un système de certificats solide s’avère complexe et onéreux.

«La Suisse est pratiquement le seul pays à miser de manière aussi offensive sur les certificats étrangers. En effet, les expériences faites avec de tels certificats sont mauvaises et leur avenir est extrêmement incertain depuis l’Accord de Paris, indique Patrick Hofstetter, responsable climat et énergie au WWF Suisse. Ils sont en tout cas onéreux, alors que les mesures de protection du climat en Suisse permettent des économies d’énergie et donc d’argent.»

La Suisse importe chaque année des combustibles fossiles pour plusieurs milliards de francs. Les mesures prises en Suisse permettent d’économiser de l’argent, puisqu’elles réduisent les besoins du pays en énergie d’origine fossile. «Aujourd’hui déjà, nous économisons chaque année une somme de l’ordre du milliard», affirme Patrick Hofstetter «Dans le domaine des transports et du chauffage, la protection du climat est dans la plupart des cas bénéfique à l’économie publique.» Le potentiel de la Suisse est particulièrement important dans ces domaines, puisque notre pays présente toujours des valeurs record, tant en matière de consommation d’essence par les voitures qu’en matière de chauffages à mazout.

A l’étranger, la Suisse peut obtenir de meilleurs résultats sans certificats. Pour cela, l’Etat et les investisseurs privés devraient miser de manière déterminée sur les technologies les plus respectueuses du climat. Patrick Hofstetter d’ajouter: «Une politique climatique ambitieuse est la meilleure politique économique: avec des mesures d’économie de l’énergie en Suisse, des exportations ménageant le climat et une place financière investissant dans des alternatives à l’échelle mondiale.»