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Accord de Paris sur le climat: la Suisse abandonne les énergies fossiles d’ici 2038



Le délai référendaire arrivant à échéance ce soir, la Suisse va maintenant pouvoir ratifier définitivement l’Accord de Paris sur le climat. Des calculs effectués à la demande du WWF montrent que si la Suisse veut contribuer à la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris, elle ne doit plus brûler de pétrole, de charbon ni de gaz d’ici 2038.

Même si la Suisse fait partie des derniers pays à ratifier l’Accord de Paris sur le climat, il est réjouissant de la voir passer ce cap. Il n’en reste pas moins que la mise en œuvre des objectifs par la Suisse est décisive. L’Accord de Paris vise en effet à contenir le réchauffement climatique global, si possible en dessous de 1,5 °C, mais certainement en dessous de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, dans le but d’éviter des conséquences catastrophiques inévitables pour la majorité de la population terrestre.

Mandaté par le WWF, le bureau de conseil EBP Suisse a calculé la part que doit fournir la Suisse pour parvenir à ce résultat. A cette fin, les experts se sont basés sur le texte de l’Accord et sur des éléments scientifiques. Le résultat de l’étude est clair: la Suisse doit réduire ses émissions de CO2 à zéro d’ici 2038. En d’autres termes, elle doit entièrement abandonner les énergies fossiles d’ici là. Concrètement, nos émissions de CO2 doivent diminuer de 3,8 point de pourcentage par an. Si la baisse est linéaire, la réduction devrait être de 67% en 2030 par rapport au niveau de 1990. A titre de comparaison, le Conseil fédéral a proposé que la Suisse réduise ses émissions propres de seulement 1 point de pourcentage par année au cours de la prochaine décennie. Toujours selon le gouvernement, les émissions en Suisse ne doivent baisser que de 30% d’ici 2030.

«La Suisse ne produit pas de pétrole, de charbon ou de gaz naturel, mais des technologies de pointe contre le gaspillage énergétique et pour l’utilisation des énergies propres», affirme Patrick Hofstetter, responsable climat et énergie au WWF Suisse. «La Suisse ne peut donc que sortir gagnante d’un abandon rapide des énergies fossiles». Pour que ce tournant soit un succès, il est nécessaire de cesser immédiatement tout investissement dans des infrastructures utilisant des énergies fossiles. L’an prochain, le Parlement définira les nouveaux objectifs climatiques pour la Suisse et les mesures nécessaires pour y parvenir. Commentaire de Patrick Hofstetter à ce sujet: «La nouvelle étude montre que les ambitions du Conseil fédéral ne sont pas suffisantes et que le Parlement doit intervenir. Nous devrions prendre des pays comme la Suède ou la Grande-Bretagne pour modèles.» Ces nations ont des objectifs de réduction deux fois plus élevés que la Suisse. La Grande-Bretagne a déjà décidé la fin des moteurs à essence et diesel. Quant à la Suède, elle est presque entièrement sortie des énergies fossiles.

L’étude repose sur l’hypothèse d’une limitation du réchauffement climatique à 2 °C, au sens de l’Accord de Paris, et part du principe que tous les individus pourront émettre des quantités égales de CO2. Les émissions historiques ont été prises en compte depuis 1990. Le groupe d’experts inter-gouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avait alors publié son premier rapport et la politique climatique suisse se base sur cette année de référence. En revanche, si l’on tient compte des émissions historiques de manière plus large, que l’on suit un objectif plus sévère visant à contenir la hausse des températures en dessous de 1,5 °C et que l’on fait peser dans la balance les importantes possibilités financières et techniques de la Suisse, notre pays devrait abandonner les énergies fossiles nettement plus vite.