Finies les copies grossières de marques de luxe. En 2016, les contrefaçons sont devenues des répliques parfaites vendues sur des sites grand public. D’où une forte hausse de faux produits, dans tous les secteurs. Et surtout pendant les périodes de fin d’année. Les fabricants et les Etats s’organisent pour riposter, avec les experts de Bureau Veritas.
Les chiffres étonnants de la contrefaçon
– 338 milliards d’euros de marchandises échangées en 2013, soit 2,5 % du commerce mondial
– 6 milliards d’euros perdus chaque année par les entreprises françaises
– 7,7 millions de produits saisis par la douane française en 2015, contre 2,7 dix ans plus tôt
– 87 % des produits saisis par les douanes françaises en 2015 viennent d’Asie
– 7 ans de prison et 750 000 € d’amende pour les contrefacteurs (en France)
Des méthodes de plus en plus sophistiquées
Au total, 7,7 millions de contrefaçons ont été stoppées aux frontières françaises l’an dernier, presque trois fois plus qu’il y a 10 ans (les vêtements, chaussures, et téléphones mobiles occupant le podium, selon les douanes françaises). Une augmentation liée à l’efficacité accrue des services de douane… mais aussi à une montée en puissance de la contrefaçon, qui s’est industrialisé, selon l’Unifab, association française de lutte anti-contrefaçon. Les réseaux criminels qui se sont emparés de cette activité emploient des méthodes professionnelles : certains trafiquants acheminent désormais les produits « nus » et les logos séparément, pour les assembler au dernier moment. D’autres recouvrent le faux produit d’un tissu ou d’un plastique, qui est retiré une fois le contrôle effectué. Parfois, le marketing imite celui des sociétés classiques, et le prix est quasiment le même.
Les contrefaçons touchent les jouets… mais aussi les huîtres et le champagne !
Ce sont près de 4 consommateurs sur 10 qui se sont déjà laissés prendre par une contrefaçon en pensant acquérir un produit original. Pendant la période de Noël, elles sont partout et c’est là qu’il faut être le plus attentif. Les produits qui demandent la plus grande vigilance sont les jouets (3,7 millions d’articles stoppés par les Douanes européennes en 2015), les vêtements, les parfums et… les aliments ! Les grandes marques de foie gras, d’huitres, grands vins et Champagne sont très largement copiés.
Les noms de site internet comprenant des mots tels que « soldes », « pas cher », « moins cher » sont souvent prisés des vendeurs de contrefaçons.
Les coulisses de la lutte contre la contrefaçon, d’après les experts Bureau Veritas
Dans le cadre de son activité « Services aux gouvernements et commerce international », Bureau Veritas dispose ainsi d’une équipe de plus de 1 500 contrôleurs chargés d’identifier les produits non conformes, dont notamment les contrefaçons.
Pour être sûrs de ne pas se tromper, ces experts du faux utilisent un système de notation très complexe. « Une cinquantaine d’indicateurs sont ainsi étudiés, puis pondérés en fonction du degré de risque », confie Vincent Travers directeur de la Vérification de la Conformité chez Bureau Veritas.
En exclusivité, voici un aperçu de ces critères, pour aider les consommateurs à faire le tri :
– les marques à forte valeur ajoutée. Les produits les plus contrefaits restent ceux dont l’écart entre le coût de revient et le prix de vente est le plus important. Attention donc aux marques haut de gamme, qu’il s’agisse de vêtements ou de high tech.
– un pays d’expédition éloigné du pays de fabrication. En toute logique, une marchandise de marque française ou italienne envoyée depuis l’Asie doit éveiller les soupçons.
– des marchandises identiques, mais dont le logo diffère. Les contrôleurs Bureau Veritas dénichent régulièrement dans une même expédition des produits identiques en tous points, mais avec des marques différentes et souvent concurrentes. Vigilance si un site internet vend ces faux jumeaux.
– des obligations non respectées. Dans la plupart des Etats, les produits doivent suivre un certain nombre d’obligations réglementaires. Cela inclut des marquages facilement vérifiables, comme la composition d’un produit alimentaire, du pays de fabrication d’un vêtement… Sans ces indications, le bien a de grande chance d’être un faux et de présenter des risques pour la santé et la sécurité de ses utilisateurs.
– des étiquettes ou emballages suspects. Les contrefacteurs ne maîtrisant pas toujours le français, il est parfois possible de trouver des indications absurdes ou contradictoires sur le produit. Comme deux pays de fabrication différents par exemple.