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Rénovation énergétique : Performance zéro des professionnels !



Un an après la Loi de Transition énergétique, et alors que le secteur de la rénovation énergétique est un poste important de litiges pour les consommateurs, l’UFC-Que Choisir a de nouveau mené une enquête de terrain pour vérifier la qualification et la fiabilité des professionnels du secteur. Au vu des résultats désastreux, l’UFC-Que Choisir alerte les consommateurs sur les piètres performances des artisans de la rénovation et exige des pouvoirs publics un renforcement significatif du cadre législatif et réglementaire.

Face à l’ampleur du parc ancien et énergivore à rénover, à la croissance du budget énergie des logements (+21% entre 2009 et 2014(1)), à l’enquête accablante de 2014 auprès de professionnels RGE, et à la recrudescence des litiges liés à la rénovation énergétique traités par ses associations locales, l’UFC-Que Choisir a décidé de mener une nouvelle enquête de terrain en septembre 2016. L’association a collecté des devis pour 10 maisons mal isolées, auprès de professionnels labélisés « RGE », largement promus par les pouvoirs publics et devenus maintenant incontournables si le consommateur souhaite bénéficier de subventions(2) . Cette nouvelle enquête, comme la précédente, révèle des défaillances de fond en comble.

Une visite de courtoisie plutôt qu’une évaluation minutieuse du bâti

Alors qu’un diagnostic d’ensemble du logement est indispensable pour établir des recommandations de travaux fiables, seulement 8% des artisans ont fait un examen consciencieux du bâti (enveloppe du logement, ventilation et production de chaleur). Malgré une formation sur la thermique du bâti(3), 1 seul artisan sur les 11 testés avec une mention « RGE spécialisé » a fait une évaluation d’ensemble. Plus inquiétant, sur les 26 professionnels RGE bénéficiant des mentions spécifiques à la rénovation globale(4), seuls 2 ont conduit une évaluation globale du bien. Les auditeurs (professionnels de l’efficacité énergétique) ne font guère mieux puisque seuls 2 sur les 5 testés ont analysé scrupuleusement les trois critères. De tels diagnostics partiels aboutissent inévitablement à des prescriptions de travaux inadaptés.

Préconisations de travaux : du grand n’importe quoi

Au vu de l’ancienneté et de l’état énergétique des maisons, aucun des artisans testés (1 sur 23 dans l’enquête 2014), quelle que soit sa mention RGE, n’apporte de solution de rénovation globale cohérente et performante, c’est-à-dire touchant à la fois à l’isolation et à la production de chaleur. Résultat, la baisse moyenne estimée de la consommation d’énergie suite aux travaux préconisés n’est que de 27%, loin de l’objectif fixé par la loi (- 75% sur l’ensemble du bâti résidentiel d’ici 2050). Même les rapports d’auditeurs, pourtant payants (entre 900 € et 1140 €), n’adoptent pas une approche globale satisfaisante. Un auditeur est même parvenu à promettre des économies supérieures à la facture énergie actuelle du propriétaire de la maison !

Un marché de la rénovation plombé par des prix excessifs et des aides souvent oubliées

Peu à même de proposer des solutions cohérentes, les professionnels ont en outre la main lourde sur la facture. Les prix des prestations proposées sont jusqu’à 2,8 fois supérieurs (pour un enduit) aux prix constatés sur le marché par des artisans efficaces. Et les consommateurs ne pourront pas compter sur leurs conseils pour alléger la douloureuse grâce aux aides publiques : si 80% des professionnels testés abordent le crédit d’impôt transition énergétique, rares sont ceux qui évoquent les autres aides (26% pour les certificats d’économies d’énergie et 23% pour les aides locales). Plus rares encore sont ceux qui les intègrent dans le calcul du devis (2 professionnels), pour proposer un coût net.
Pratiques commerciales : zéro pointé à l’écrit comme à l’oral
Un seul devis récolté est conforme aux obligations légales en la matière. 94 % des devis sont imprécis sur le libellé des travaux, et dans 71 % des cas, le nom de la compagnie d’assurance n’est pas indiqué. Ce n’est guère mieux à l’oral où, pour pousser à la vente, 65% des professionnels testés font miroiter des réductions de facture allant jusqu’à 50%… en se gardant bien de les notifier sur le devis pour éviter tout engagement. Les auditeurs sortent également le parapluie en annonçant que les gains présents dans leur rapport ne sont donnés qu’à titre « indicatif ».
Une absence de responsabilité qui aboutit à une recrudescence de litiges
L’absence de responsabilité des professionnels du secteur est une source importante de litiges. Rien que pour le photovoltaïque, nos associations locales ont traité plus de 2500 dossiers depuis 2010. Des consommateurs se sont en effet retrouvés à payer un crédit affecté aux travaux, sans que l’installation ne fonctionne. La loi Transition énergétique pour la croissance verte, loin de leur venir en aide, aggrave la situation en limitant les engagements de performance à une simple obligation de moyens, non engageante. L’absence de responsabilité du prêteur sur la solvabilité et la fiabilité des professionnels est tout aussi inadmissible.
Décidée à assainir des pratiques préjudiciables aux consommateurs et à l’environnement, l’UFC-Que Choisir :

• alerte à nouveau les consommateurs et leur conseille de réfléchir à deux fois avant de suivre les recommandations des professionnels du secteur ;

• et exige des pouvoirs publics :

– Une totale remise à plat de la qualification RGE, avec un renforcement de la formation et des contrôles des professionnels qualifiés.

– De promouvoir une nouvelle filière d’experts indépendants capables de coordonner les travaux et d’accompagner les consommateurs tout au long de leur démarche de rénovation énergétique.

– D’instaurer une obligation de résultat, que les consommateurs pourront invoquer dès lors que les allégations de performance énergétique faites par les professionnels n’auraient pas été atteintes.

– Une responsabilisation du préteur dans le cadre d’un crédit affecté afin que ce dernier vérifie la réalisation de la prestation prévue mais aussi la solvabilité et les capacités du professionnel partenaire.

(1) http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/indicateurs-indices/f/2486/0/part-budget-menagesconsacre-lenergie.html
(2) L’association a fait intervenir 37 artisans « RGE » et 5 auditeurs indépendants « RGE », avant de faire analyser les devis et rapports d’audits par un cabinet d’expert indépendant.
(3) Obligatoire pour obtenir la qualification « RGE »
(4) RGE offre globale, RGE Eco-artisan et RGE Pros de la performance