A l’occasion de la Semaine mondiale 2016 pour un bon usage des antibiotiques, l’UFC-Que Choisir s’associe à l’action de Consumers International en demandant au Conseil de l’Union Européenne d’entériner les propositions du Parlement Européen pour mieux encadrer l’utilisation des antibiotiques dans les élevages.
L’efficacité des antibiotiques est désormais menacée alors que les bactéries pathogènes deviennent toujours plus résistantes. Ce phénomène d’antibiorésistance aux traitements cause chaque année 25 000 décès en Europe. A l’origine de ce problème se trouvent bien-sûr les prescriptions trop fréquentes d’antibiotiques en médecine humaine, mais aussi dans les élevages qui à eux seuls sont responsables de 63 % des consommations d’antibiotiques en France. En effet, les résistances chez les bactéries pathogènes se développent d’autant plus que les mauvaises pratiques d’élevage sont légion :
– Des antibiotiques trop automatiques : une utilisation prudente des antibiotiques voudrait qu’ils ne soient donnés que lorsque des signes de maladie sont effectivement constatés et seulement aux animaux malades. Mais dans la pratique, les antibiotiques sont trop souvent administrés de manière préventive et dans 91,6 % des cas sous la forme de traitements groupés (1), c’est-à-dire aussi bien aux animaux malades qu’aux animaux sains.
– Les antibiotiques de dernier recours menacés : il est vital de préserver l’efficacité des antibiotiques les plus récents, tels que les céphalosporines de dernières générations et les fluoroquinolones, notamment en les réservant à la médecine humaine, car ils constituent l’ultime recours lorsque les autres molécules se révèlent inefficaces sur les germes les plus résistants. Pourtant depuis 1999 l’utilisation des fluroquinolones a augmenté de plus de 50 % et celle des céphalosporines de dernière génération a quasiment doublé (2) dans les élevages français !
– Des contaminations généralisées : Ce sont ces mauvaises pratiques qui contribuent à la diffusion dans l’environnement de bactéries résistantes, tout au long de la chaîne alimentaire. Ainsi, en mars 2014, l’UFC-Que Choisir avait publié un test sur la viande fraîche de volaille révélant que 61 % des échantillons contaminés par E. Coli étaient porteurs de germes résistants à un ou plusieurs antibiotiques !
Au vu de ses éléments et alors que les Parlementaires Européens se sont prononcés pour un renforcement de la réglementation sur les antibiotiques dans les élevages, l’UFC-Que Choisir presse les Etats membres réunis au sein du Conseil de l’Union Européenne :
. d’entériner les mesures votées par le Parlement Européen visant à interdire l’usage préventif des antibiotiques, et à réserver les antibiotiques critiques à la médecine humaine ;
. de supprimer toute incitation financière à la prescription d’antibiotiques pour les vétérinaires, afin d’aboutir à une réforme pleinement ambitieuse.
[1] Rapport ‘Sales of veterinary antimicrobial agents in 29 European countries in 2014’ – Agence Européenne des Médicaments – octobre 2016
[2] Rapport ‘Suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antibiotiques en 2015’ – Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, Alimentation, Environnement, Travail – Octobre 2016