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L’accord de Paris entrera bientôt en vigueur, la Suisse est déjà distancée



Aujourd’hui, le Conseil de l’Europe ratifie l’accord de Paris sur le climat, ce qui va permettre à ce dernier d’entrer en vigueur. Le virage énergétique global avance à grand pas. Pourtant, la Suisse peine à suivre le mouvement.

Le monde s’attèle à sauver la planète: en 2015, 195 Etats ont signé un contrat historique à Paris. La vitesse à laquelle certaines nations, en tête desquelles la Chine et les Etats-Unis, ont décidé de ratifier cet accord est tout aussi spectaculaire. Les 55 pays nécessaires représentant au moins 55% des émissions globales de gaz à effet de serre sont officiellement réunis, de sorte que l’accord peut désormais entrer en vigueur. Pour la première fois, les Etats s’engagent à protéger le climat et à viser un objectif ambitieux, reposant sur des bases scientifiques, celui de limiter le réchauffement global de la Terre à 1,5 degré ou nettement au-dessous de la barre des 2 degrés. En Suisse, la nouvelle loi sur le CO2 doit servir à mettre en œuvre l’accord de Paris sur le climat. Le projet de loi présenté n’est toutefois de loin pas en mesure de répondre à cette exigence.

Dans son ébauche, le Conseil fédéral n’a repris ni les objectifs définis à Paris, ni les mesures nécessaires à leur réalisation. Dans ces conditions, et selon le projet de loi, les émissions de la Suisse ne devraient diminuer que de 1% par année au cours de la décennie à venir. Même les Etats-Unis et l’UE font mieux, avec un objectif de 2%, donc deux fois plus ambitieux. Pour satisfaire les exigences de l’accord de Paris, 4% seraient nécessaires. Ou, pour faire parler d’autres chiffres: les émissions en Suisse ne devraient pas diminuer de 30%, comme proposé, mais de 60% d’ici 2030, par rapport à celles de 1990. Pour Philip Gehri, chef de projet Climat et énergie au WWF Suisse, «le Conseil fédéral fait de l’accord de Paris une bonne résolution qu’il ignore superbement.»

Il y a plusieurs mois déjà, le WWF a présenté un «Masterplan Climat Suisse» avec le concours de l’Alliance climatique. Celui-ci définit les exigences que doit satisfaire la nouvelle loi sur le CO2 et la manière dont les émissions de gaz à effet de serre peuvent être réduites à la mesure nécessaire. Car le WWF Suisse est convaincu que la Suisse ne se rend pas service en refusant d’investir dans un avenir sûr. Finalement, les pays profitant le plus de la protection du climat et du virage énergétique global sont ceux qui vont de l’avant d’un pas décidé. Il serait souhaitable que la Suisse ne se contente pas de jubiler lorsque les choses avancent à l’échelle globale, mais qu’elle assume également ses responsabilités.