Des enfants suivis, mais dépistés trop tardivement
Premier enseignement de l’étude menée par Ipsos, les jeunes Français sont suivis régulièrement une fois qu’ils ont intégré le parcours de santé visuelle. En effet, parmi ceux qui sont touchés par un problème de vue, près de 9 sur 10 (88 %) consultent un ophtalmologiste une fois par an au minimum, fréquence qui double chez un de ces enfants sur 5.
Cependant, l’enquête révèle aussi que l’âge moyen du dépistage de troubles spécifiques s’avère relativement tardif, à 6 ans en moyenne, ce qui correspond au moment de l’apprentissage de la lecture. Pourtant, un diagnostic plus précoce et, donc, une prise en charge adaptée augmenteraient les chances de récupération visuelle de façon significative.
Le sondage fait également ressortir que, chez les enfants âgés de 4 à 16 ans, plus d’un sur 3 (35 %) est suivi pour au moins un trouble visuel. Le plus souvent, il s’agit de myopie (15 %), d’astigmatisme (15 %) et/ou d’hypermétropie (14 %).
De plus en plus de cas de myopie… et de temps passé devant des écrans
Comme l’indique l’étude, plus de 4 ophtalmologistes sur 5 (81 %) observent une augmentation des cas de myopie chez les enfants et les adolescents, voire d’une forme sévère pour près d’un tiers d’entre eux (28 %). En outre, ils évaluent la progression de cette pathologie à 14 % sur les 10 dernières années. Une propagation encore plus frappante chez les 13-17 ans (79 % des spécialistes le constatent) et même chez les enfants dont les parents ne sont pas myopes (selon 70 % des ophtalmologistes).
En cause, pour une large majorité de ces professionnels, la nette diminution du temps passé à l’extérieur (84 %), auquel se substitue trop souvent un usage excessif des écrans (83 %), particulièrement délétère : 2 h 54 par jour en moyenne chez les enfants et adolescents. Parmi eux, 71 % ont déjà passé plus de 4 h consécutives devant des écrans, 21 % le faisant même souvent. Et cette durée augmente beaucoup avec l’âge, passant de 2 h par jour en moyenne pour les 4-7 ans à 4 h 06 pour les 14-16 ans, soit le double.
Du côté des parents, plus de la moitié (55 %) reconnaissent éprouver des difficultés à contrôler l’usage d’écrans par leurs enfants ou adolescents. Un constat que les ophtalmologistes confirment, puisque 78 % estiment que les comportements préventifs dans ce domaine ne sont pas adoptés de façon satisfaisante. Or, ce serait l’un des meilleurs moyens de limiter le risque de développement d’une myopie.
Le bon réflexe ? Consulter son opticien
Majoritairement, les parents se disent mal informés sur la myopie, y compris quand leur enfant est concerné. Ils sont 82 % à reconnaître leur manque de connaissances sur les facteurs accroissant le risque ou le niveau de cette pathologie chez les plus jeunes et même 69 % parmi ceux qui ont un enfant myope. Ils méconnaissent également les conséquences d’une forme sévère de ce trouble sur la santé visuelle de leur progéniture lorsqu’elle devient adulte (83% de l’ensemble des parents et 71 % des ceux ayant des enfants myopes).
Afin de combler ce déficit d’information, l’opticien a donc un rôle essentiel à jouer. Il est le 2e professionnel de la vue le plus souvent consulté par les parents pour suivre la santé oculaire de leurs enfants (60 %), derrière les ophtalmologistes (96 %), mais devant les orthoptistes (39 %). De plus, les Français font très majoritairement confiance à leur opticien (84 %) pour les informer sur les comportements à adopter, afin de prévenir la myopie ou son aggravation.
Patrice Camacho, directeur Santé et Réglementation de KRYS GROUP
« Ce sondage fait ressortir un point essentiel : selon les ophtalmologistes, on peut clairement établir un lien de cause à effet entre le fait que les enfants passent de moins en moins de temps à l’extérieur, et de plus en plus devant des écrans, devenus omniprésents. à la clé, on observe également une nette augmentation des cas de myopie, avec des conséquences importantes au quotidien. Parviendra-t-on à enrayer l’épidémie de myopie avant qu’il ne soit trop tard comme en Asie ?
L’opticien a donc un rôle central à jouer dans la prévention, d’autant qu’il est souvent proche des familles, qu’il peut écouter, conseiller et orienter. »
MÉTHODOLOGIE
Cette enquête d’Ipsos pour KRYS GROUP a été réalisée du 21 juillet au 18 août 2016 auprès, d’une part, de 1 011 parents d’enfants âgés de 4 à 16 ans et, d’autre part, de 200 ophtalmologistes exerçant en milieu libéral, mixte ou hospitalier. La représentativité de l’échantillon des parents a été assurée par la méthode des quotas appliquée aux variables de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle de la personne de référence au sein du ménage, de région et de catégorie d’agglomération.