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Il faut gagner la bataille de l’eau avant qu’il ne soit trop tard !



Point de vue d’Hervé Biancarelli, Vice-président de Connexion 21

L’eau est l’un des enjeux les plus cruciaux pour tous les habitants de la planète. Des populations sont déjà obligées de migrer, du fait de l’épuisement de la précieuse ressource mais la gabegie continue. Elle n’est pas seulement le fait d’individus insouciants. Certes, nous ne nous comportons pas toujours de manière responsable, lorsque nous ne fermons pas un robinet comme il conviendrait. Mais cela n’est rien à côté des 1000 milliards de litres d’eau perdus chaque année en France, à cause de la vétusté des canalisations!

Chaque année, dans notre pays, le quart de l’eau potable est perdu à cause de fuites dans les installations trop anciennes. Mais dans les zones rurales, la proportion passe à 80%!Il est impérieux de lancer au plus tôt un vaste chantier de rénovation. Au rythme actuel des pouvoirs publics, il faudrait 170 ans pour renouveler tout le réseau, alors que la durée de vie maximale d’une canalisation ne doit pas excéder 80 à 100 ans.

D’autres pays agissent. Pourquoi pas nous ? Des pays confrontés à la rareté, à l’exemple de l’Australie ou d’Israël, ont développé des techniques de traitement des eaux usées pour recharger les nappes souterraines. En France, nous maîtrisons ces technologies en la matière, mais nous ne les mettons pas en pratique. Nos citoyens contribuables doivent avoir leur mot à dire.

L’effort demandé à chaque foyer s’élèverait à 4€ par an ! Si c’est à ce prix que la bataille de l’eau potable peut être gagnée en France, qui ne signerait pas en faveur d’un tel investissement ? C’est une question de salubrité publique. Mais il faut faire vite. Si un retard trop important est pris, il sera très couteux de le rattraper.

Notre pays compte les meilleures sociétés du monde en matière de gestion et de traitement de l’eau. Leur savoir-faire est impressionnant. C’est pourquoi il est si rageant de le voir sous-employé. Nos entreprises ont pris le virage du digital, de la responsabilité sociétale, de l’économie frugale. Elles sont en mesure de répondre techniquement aux enjeux. Encore faut-il que des commandes leur soient passées.

La chaîne de l’eau pourrait, d’ores et déjà, être connectée, prédictive, en un mot, intelligente. Si leur utilisation était généralisée, des capteurs pourraient transmettre, en temps réel, des centaines de milliers d’informations sur le débit des fleuves, la qualité de l’eau, le niveau des stations de pompage, les prévisions météo. De la sorte, chaque usine de traitement pourrait moduler son rythme de production afin d’éviter la pénurie ou la surconsommation.

De même, les 900 000 km de canalisations que compte notre pays pourraient être équipés de capteurs de repérage de fuites. Tandis que les compteurs installés chez les particuliers pourraient aussi se révéler de précieux informateurs. Les stations d’épuration pourraient produire leur propre énergie. Tout cela est techniquement possible. Seul manque le passage à l’action. Faudra-t-il une mobilisation citoyenne pour que les pouvoirs publics comprennent l’urgence en la matière ?