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Jean-François Milou, Le patrimoine sous une lumière nouvelle


Même dans le domaine de l’architecture et du patrimoine, la « French touch » s’exporte bien. Après le succès incontestable de la réhabilitation du Carreau du Temple, à Paris, c’est à Singapour que le StudioMilou réalise un autre grand chantier, celui de la National Gallery. « Un voile de lumière posé délicatement sur deux monuments historiques » qui révèle le mariage réussi du passé et du futur en plein cœur de la Cite état. L’agence ne délaisse pourtant pas la France : Studio Milou travaille à de nombreux projets et participe à l’appel à projets innovants « Réinventer Paris ».

Donner une nouvelle vie à des bâtiments sans changer leur âme est un art complexe et subtil. Dans ce domaine très réservé, ou l’expérience est clé, StudioMilou voit son savoir-faire aujourd’hui internationalement reconnu. En témoigne le grand projet qui a mobilisé pendant quatre ans une grande partie des effectifs de l’agence : la construction de la National Gallery Singapore, remportée en 2008 à la suite d’un concours international ouvert qui a attiré tout le gratin de la profession. Les chiffres avaient de quoi effrayer (60.000 mètres carrés pour un budget de près de 335 millions d’euros), mais le gigantisme et la technicité du projet ont surtout stimulé l’énergie de Jean-François Milou. « Ayant travaillé sur le plan directeur d’un grand musée de taille comparable à Tbilissi, en Géorgie, j’avais une bonne connaissance des problèmes opérationnels des grand projets de musées en milieu historique. Les autorités de Singapour se sont laisse séduire par le projet simple et élégant et ont su nous faire confiance pour le réaliser».

Comme dans la plupart des projets de l’agence, StudioMilou a privilégié les matériaux traditionnels (pierre, bois, acier et verre) pour composer une architecture contemporaine paisible qui semble glisser dans le site sous une lumière spectaculaire « Nous travaillons beaucoup sur la polychromie des bâtiments en intégrant l’évolution naturelle des matériaux, leur patine, explique Jean-François Milou, et en imaginant comment le nouveau bâtiment va jouer sous la lumière naturelle dans un temps long, dans un contexte large »

Décidé à « affronter » la complexité culturelle d’un grand chantier en Asie, Jean-François Milou a d’ailleurs choisi de s’installer à Singapour où il a créé une filiale dédiée au projet de la National Gallery et qui compte aujourd’hui une quinzaine d’architectes. « Nous avons choisi de développer une agence sur place avec des architectes asiatiques, mais plutôt construite sur un modèle professionnel européen. » Cette forte implication a permis à StudioMilou de réussir le pari un peu fou de la National Gallery dans les délais et le budget impartis, mais aussi de se positionner sur d’autres appels d’offres dans la zone Asie-Pacifique. A l’instar de la rénovation de la cité impériale de Thang Long à Hanoi, dont l’agence vient de remporter le concours. « Composée d’un fin déambulatoire survolant les substrats archéologiques, en plein cœur de la capitale vietnamienne, ce nouveau musée de site permettra l’ouverture au public de ce patrimoine mondial de l’Humanité de l’Unesco. Le projet se propose de réaliser une des plus beaux jardins de Hanoi », déclare Jean-François Milou…

L’architecture ? C’est un peu par hasard qu’il y est venu. « J’ai sans doute hérité de ma mère protestante la capacité de rester concentre longtemps sur un problème. Du coup, J’en arrive à penser qu’il existe toujours une solution élégante aux problèmes les plus complexes, l’architecture est un laboratoire naturel pour tester cela». C’est avec le projet du musée archéologique des tumulus de Bougon, dans les Deux-Sèvres, qu’il trouve la direction de son travail actuel. « Ce projet m’a permis d’expérimenter cette composition par tissage, ou le contemporain recherche avec respect le parfaitement ajustement avec le site archéologique ». Cette « intuition » professionnelle a conduit Jean-François Milou à devenir consultant pour l’Unesco sur des musées de site et des projets de mise en valeur et de préservation du patrimoine mondial, tout particulièrement en Inde et Asie du Sud-Est.

« Il est vrai que j’aime travailler à une forme architecturale qui trouve sa place paisiblement et révèle le patrimoine sous une lumière nouvelle». Cette approche, que Jean-François Milou qualifie de « baroque », concile liberté architecturale et grand respect pour le patrimoine existant. « J’aime penser à l’architecture au plus près du site, telle une robe du soir ajustée sur le corps d’une dame déjà âgée »

Au Carreau du Temple, à Paris, « la rénovation de l’un des rares témoins de la grande tradition des architectures métalliques parisiennes du XIXe siècle, classé Monument historique, est un bon exemple de cette architecture ajustée au millimètre sur la structure existante. » StudioMilou a livré aux Parisiens un lieu apaisé, ouvert de toute part sur le quartier où circule librement le regard des visiteurs et la lumière du ciel de la capitale. « C’est un travail délicat que d’introduire une couche architecturale contemporaine sans remettre en cause l’authenticité, sans compromettre les qualités architecturales du monument. Lorsque les visiteurs poussent la porte, ils doivent avoir le sentiment qu’on leur restitue le bâtiment inchangé, mais embelli, sous une lumière nouvelle….», insiste Jean-François Milou.

Un pied à Singapour, jusqu’à l’achèvement du chantier de la National Gallery, un autre en France, il travaille sur d’autres projets, notamment dans le cadre de Réinventer Paris. Cet appel à projets innovants, lancé par la mairie de Paris, propose rien de moins que d’imaginer le Paris du XXIe siècle…

www.studiomilou.fr