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Record négatif pour la glace hivernale dans l’Arctique


Il manque plus de dix fois la surface de la Suisse à la banquise arctique – un record négatif. Cette évolution s’accélère d’elle-même et touche aussi notre pays.

Le réchauffement climatique apparaît toujours plus clairement: le Centre national américain de données sur la neige et la glace (NSIDC) annonce que la banquise de l’océan Arctique présente l’étendue de glace hivernale la plus faible jamais mesurée. Comparé au maximum moyen du manteau de glace, cela représente une perte de 450 000 km2 ou plus de dix fois la surface de la Suisse. L’étendue maximale saisonnière est toujours mesurée à la fin de l’hiver. C’est en septembre, après la fonte estivale, que la surface de glace est la moins importante de la saison.

A la faveur d’un soi-disant effet de rétroaction, le record hivernal négatif mesuré cette année devrait encore favoriser la fonte estivale: la glace blanche reflète la lumière du soleil, alors que les plans d’eau sombres l’absorbent. Puisque la glace claire se fait plus rare, l’énergie solaire est absorbée en plus grandes quantités, ce qui réchauffe davantage l’eau et l’air. La glace plus fine fond en outre plus vite. Les dérèglements climatiques s’emballent. Une étude récemment publiée a montré que la glace de l’océan arctique s’était déjà affinée de 65%.

Environ 70 à 90% de la fonte des glaces polaires est due aux changements climatiques induit par l’activité humaine. Comme les Alpes, l’Arctique se réchauffe particulièrement vite. «Cette valeur récemment mesurée est un signal d’alarme, car le réchauffement climatique ne fait pas halte aux confins du cercle polaire», affirme Elmar Grosse Ruse, spécialiste du climat au WWF Suisse. «La perte dramatique de la glace polaire modifie le climat de tout l’hémisphère nord: les étés deviennent pluvieux, les hivers plus durs et les conditions météorologiques extrêmes plus fréquentes.»

Nous ne sommes pas seulement concernés, nous avons aussi surtout une part de responsabilité dans les modifications de l’Arctique, qui placent la nature et les êtres humains face à divers problèmes. Avec nos émissions de gaz à effet de serre, nous contribuons au réchauffement climatique. En consommant du pétrole et du gaz, nous augmentons la pression pour que des forages en vue de l’exploitation des énergies fossiles soient aussi effectués dans l’Arctique. Pour Elmar Grosse Ruse, ce n’est pas nécessaire: «La Suisse peut mettre un terme à sa dépendance face aux énergies fossiles d’ici 2050. Elle se rendrait un grand service, comme au reste de la planète.» Les objectifs climatiques récemment présentés par le Conseil fédéral n’y contribuent toutefois pas de manière adéquate. «Avec sa politique climatique, le Conseil fédéral marche sur de la glace particulièrement fine, pas seulement pour l’Arctique.» Avec une pétition, le WWF et d’autres organisations de l’Alliance-Environnement demandent des améliorations dans ce domaine.


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