La ligne consumériste ne doit pas être coupée
Alors que le secteur des télécommunications est en pleine phase de restructuration, l’UFC-Que Choisir dévoile aujourd’hui son étude exclusive sur l’état du marché de la téléphonie mobile et les perspectives à moyen terme. Si le bilan consumériste de l’arrivée effective d’un quatrième opérateur est incontestablement bénéfique, de sérieuses craintes se font jour quant à la préservation de cette intensité concurrentielle, ce qui exige anticipation et action de la part des autorités de régulation.
2012-2014 : la moitié des abonnés délivrés de l’engagement et du poids de la subvention
Depuis l’arrivée du quatrième opérateur de réseau, le paysage français de la téléphonie mobile se caractérise par un heureux épuisement du modèle de la « subvention » au terminal. En effet, fin 2013, près d’un abonné sur 2 (49,3%) avait une offre sans engagement, soit deux fois plus qu’en janvier 2012. Avec cette croissance, le « sans engagement » devrait devenir la règle en 2014. Une bonne nouvelle lorsque l’on constate que le modèle de l’engagement avec subvention occasionne un surcoût pour le consommateur qui peut aller jusqu’à 50% pour les smartphones entrée de gamme. Par ailleurs, face aux incertitudes sur la capacité des opérateurs à offrir la technologie mobile de dernière génération (4G) et aux qualités de services hétérogènes proposées par ces derniers, il est bienvenu que les consommateurs puissent tester in situ, s’ils le souhaitent, l’ensemble des réseaux. Libérés, les consommateurs n’hésitent d’ailleurs pas à jouer leur rôle de régulateur, et à faire jouer la concurrence puisque la portabilité a explosé (un triplement depuis 2012).
Baisse des prix : en 2 ans, 7 milliards d’euros de pouvoir d’achat libérés pour les consommateurs
L’arrivée d’un quatrième opérateur a permis une baisse moyenne de la facture mensuelle mobile de 30 %. Notre étude met ainsi en évidence qu’en l’espace de deux ans (2012 et 2013), les utilisateurs de services mobiles ont économisé pas moins de 6,83 milliards d’euros. Résultat : ancienne championne européenne de la cherté avec des prix 25 % plus élevés que dans le reste des pays de l’Europe en 2010, la France est désormais un pays où il fait enfin bon téléphoner : les prix y sont désormais deux fois moins élevés !
Si le bilan consumériste est sans appel, force est également de couper court aux arguments partiels, voire partiaux, opposés à l’encontre de la quatrième licence : l’emploi dans le secteur a progressé depuis 2012 et le pouvoir d’achat libéré est susceptible d’avoir créé 50.000 emplois tous secteurs confondus. L’impact sur les finances publiques est plutôt bénéfique et celui sur les revenus des opérateurs à relativiser au regard de la saturation du marché.
La restructuration à venir : une intensité concurrentielle au service des consommateurs menacée ?
Si à court terme le rachat de SFR maintient 4 opérateurs, la fragilité de Bouygues Telecom ne garantit pas – et les tractations actuelles le confirment – son maintien sur le marché à moyen terme. Pour éviter que le retour à 3 opérateurs n’occasionne, comme en Autriche où les prix ont bondi de 10% en raison d’une telle restructuration, une inacceptable marche en arrière, il est indispensable de préparer dès à présent ce scénario. Dans ce cadre, il est essentiel de réformer la tarification de gros appliquée par les opérateurs de réseaux aux opérateurs virtuels (Virgin Mobile, NRJ Mobile, etc.) afin de permettre à ces derniers d’être les garants de la concurrence. De même, l’enchère et les surenchères de Numericable pour racheter SFR sont indéniablement porteuses d’interrogations sur sa capacité d’investissement dans le réseau et la 4G. Alors que le développement du réseau 4G de SFR est au point mort, comment ne pas craindre pour la qualité de service proposés aux abonnés SFR ?
Au vu de ces éléments, l’UFC-Que Choisir, soucieuse de garantir aux consommateurs le maintien d’un niveau concurrentiel élevé sur le marché de la téléphonie mobile avec des prix compétitifs et une qualité de service satisfaisante, demande aux autorités de régulation (Autorité de la Concurrence et ARCEP), appelées à se prononcer sur la restructuration en cours :
De se positionner sur le court et moyen terme s’agissant de la restructuration du secteur et notamment de fixer toutes les conditions propres à la sauvegarde d’une intensité concurrentielle au service des consommateurs ;
De faire baisser dans les plus brefs délais les tarifs de gros appliqués par les opérateurs de réseau aux MVNO pour les orienter vers les coûts réels, afin que les MVNO puissent jouer le rôle d’agitateurs du marché.
Retrouvez l’étude et les propositions de l’UFC-Que Choisir sur « La concurrence dans la téléphonie mobile »
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