Alors qu’une information de qualité en matière de santé est une attente majeure des consommateurs, l’UFC – Que Choisir publie les résultats préoccupants d’une enquête de terrain d’une ampleur inédite en France(1), menée auprès de 672 cabinets médicaux. Celle-ci met en évidence la prédominance de la publicité parmi la documentation présente dans les cabinets des médecins généralistes. L’UFC – Que Choisir demande par conséquent à la Ministre de la Santé d’y interdire les prospectus commerciaux, pour ne maintenir dans les salles d’attente que les seuls messages d’information sur la santé.
De la mi-mai à la mi-juillet 2013, les bénévoles des associations locales de l’UFC – Que Choisir ont visité plus de 670 cabinets de médecins généralistes, récoltant près de 3500 prospectus présents dans les salles d’attente. Nos enquêteurs ont relevé des dépliants dans pas moins de 59 % des cabinets médicaux visités, avec en moyenne 9 documents différents par cabinet. L’analyse de ces brochures souligne l’emprise des intérêts commerciaux dans la documentation à disposition des patients.
Une majorité de brochures à visée commerciale
Cette surabondance d’informations est d’abord une déferlante commerciale. En effet, seuls 40 % des brochures émanent d’acteurs institutionnels (ex : Assurance maladie, autorités sanitaires) ou associatifs (ex : associations de patients, sociétés savantes des professionnels de santé). A l’inverse, 53 % des documents présents dans les salles d’attente des médecins servent directement des intérêts commerciaux : 20 % sont par exemple édités par des laboratoires pharmaceutiques, et 13 % par l’industrie agro-alimentaire. On y trouve par ailleurs de nombreuses publicités pour des établissements thermaux, des sociétés de service à la personne ou encore des produits d’hygiène.
L’information santé, souvent un faux-nez pour les industriels
Bien que majoritaire dans les salles d’attente des médecins, la publicité avance trop souvent masquée, sous l’apparence trompeuse de documents d’information sur la santé. Ainsi, d’après notre analyse, seuls 29 % des documents commerciaux affichent ouvertement leur vocation publicitaire, quand 71 % d’entre eux la masquent derrière une apparente mission d’information (par exemple sur le cholestérol pour une marque de margarine, ou sur la déficience auditive pour un distributeur d’audioprothèses). Certains laboratoires trouvent là une possibilité de contourner l’interdiction de la publicité touchant les médicaments remboursables.
Préserver les salles d’attente des intérêts commerciaux est un impératif de santé publique
Par leur seule présence dans la salle d’attente de médecins, les prospectus – même commerciaux – profitent de la crédibilité et de l’autorité scientifique du professionnel de santé. Pourtant, les intérêts lucratifs qui les guident peuvent biaiser le message délivré. Ainsi, alors que la brochure « Choisir sa contraception » de l’INPES(2) accorde une place égale à la pilule et au stérilet, le prospectus sur le même sujet d’un laboratoire fabricant de pilules, n’accorde à celui-ci qu’une ligne sur 12 pages !
Devant l’inquiétant constat que l’information présente dans les cabinets médicaux est majoritairement à visée commerciale, l’UFC – Que Choisir demande à la Ministre de la Santé de se saisir de la prochaine Loi de Santé publique pour garantir aux usagers la qualité de l’information mise à disposition dans les cabinets médicaux, en la réservant aux seuls acteurs institutionnels.
(1) Résultats complets disponibles dans les numéros de janvier de Que Choisir et de Que Choisir Santé
(2) Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé
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