Dans son discours d’ouverture François Hollande a, comme l’année dernière, fait des promesses, fixé des caps, comme il le fait depuis sa campagne. Mais au fond, il n’a donné que très peu de concret sur la transition énergétique. Le président de la République a même conditionné sa promesse d’atteindre 50% de nucléaire dans le mix électrique français au développement hypothétique des énergies renouvelables sans annoncer un chemin précis pour aider à ce développement. Sur la question de la réduction du nucléaire, il a bien évoqué le fait que le politique devait pouvoir prendre les décisions qui s’imposent. Mais il a aussi parlé du « plafonnement de la capacité nucléaire » sans apporter aucune précision. François Hollande parle donc maintenant de ne pas augmenter la part du nucléaire plutôt que de la réduire.
« Le président de la République fait dans le flou et s’empresse de ne rien faire. Certains vont encore applaudir à bras raccourcis. En réalité, François Hollande ne prend pas la main sur la politique énergétique. Il doit ouvrir les yeux et prendre conscience qu’il a face à lui deux options opposées et inconciliables : nucléaire ou transition« , analyse Sébastien Blavier, chargé de campagne nucléaire. « S’il choisit l’immobilisme et la prolongation du tout nucléaire, il envoie la France et son système énergétique dans le mur. »
Le président de la République a réaffirmé la fermeture de Fessenheim d’ici fin 2016 mais c’est loin d’être suffisant : la promesse faite de faire baisser la part du nucléaire à 50% passe forcément par la fermeture de 10 réacteurs d’ici 2017 et 20 réacteurs d’ici 2020.
Deux options pour l’avenir de l’énergie
L’avenir du système énergétique français ne tient qu’à un fil. 80% du parc nucléaire français aura 30 ans en 2017 et 40 ans en 2027. Dimanche 15 septembre dans le JDD, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire a très bien résumé ce que cela signifie : un risque important d’anomalie générique qui peut conduire à l’arrêt brutal de nombreux réacteurs et de faramineux travaux de sûreté pour allonger la durée de vie de ces réacteurs. Dans cette même interview, le président de l’ASN écarte d’ailleurs la possibilité d’allonger la durée de vie à 60 ans en sommant EDF de réfléchir en urgence à une autre solution. C’est pourtant l’option défendue par l’électricien français, contre laquelle François Hollande doit se battre.
Face à ce choix conservateur qui rimerait avec inaction, il est possible dès aujourd’hui d’enclencher une vraie transition énergétique en investissant et en développant rapidement les énergies renouvelables et des économies d’énergie. C’est possible techniquement et cela ne coûtera pas plus cher que la prolongation de la durée de vie de nos centrales. Retrouvez ici la comparaison entre le scénario de Greenpeace et l’option nucléaire : www.greenpeace.fr/E
Nucléaire et transition : l’équilibre impossible
Financièrement, il est impossible de développer les renouvelables et les économies d’énergie tout en payant toujours plus cher pour la prolongation de nos vieilles centrales. Un euro ne peut être investi dans deux endroits en même temps. Techniquement, le système électrique des renouvelables et celui du nucléaire sont totalement différents et incompatibles. En savoir plus : http://act.gp/14a64sS
« Dire qu’on pourra faire « un peu de tout « , des économies d’énergie, les énergies renouvelables tout en maintenant le nucléaire, c’est mentir aux Français. Un choix clair doit être fait. » conclut Sébastien Blavier.
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