Après les 90 ans du Quadrifoglio Verde, Alfa Romeo fête cette année les 50 ans de la création d’Autodelta, son département compétition officiel né en mars 1963. Cette écurie de compétition a largement contribué à bâtir la légende sportive d’Alfa Romeo pendant plus de vingt ans, de 1963 jusqu’au début des années quatre-vingt. C’est également sous l’égide d’Autodelta que la Marque Italienne a réalisé quelques-uns des modèles parmi les plus prestigieux de son histoire, telles les Alfa Romeo TZ et TZ2, Giulia GTA ou GTAm, Alfa 33, 33TT12 ou 33 SC12.
Ces modèles ont permis à Autodelta de se constituer un palmarès sportif de premier ordre avec notamment deux titres de champion du monde Marques (1975) et Sport (1977), neuf titres de champion d’Europe Tourisme Marques et cinq titres pilote, de très nombreuses victoires de classe dans les plus grandes épreuves : 24 Heures du Mans, de Daytona, de Sebring et de Spa Francorchamps ou lors des 1000 km du Nürburgring pour ne citer que les plus célèbres. Les dernières années de l’écurie seront marquées par le retour de la Marque en Formule 1.
Les 50 ans de la création de l’écurie Autodelta
Alfa Romeo fête cette année les 50 ans de la création d’Autodelta, son département compétition officiel né en mars 1963. Il avait pour objectif de gérer le retour officiel d’Alfa Romeo à la compétition après que la marque ait cessé toute activité sportive suite aux deux titres de champion du monde de Formule acquis avec Farina en 1950 puis Fangio en 1951 au volant de l’Alfetta 158/159. Dans ce but, l’entreprise automobile italienne décide de créer une organisation dédiée à la compétition, séparée du siège et disposant d’une autonomie suffisante pour prendre rapidement les décisions techniques et sportives appropriées. La personne marquante de l’épopée Autodelta est sans aucun doute possible le charismatique ingénieur Carlo Chiti.
Carlo Chiti est né à Pistoia en 1924. Ingénieur aéronautique de formation, Chiti débute chez Alfa Romeo en 1952 au département expérimentation, en charge à cette époque des activités compétition de l’entreprise. Il entre ensuite chez Ferrari en 1957 où il contribue à l’obtention de deux titres mondiaux de Formule 1 avant de quitter l’écurie en 1961. Bien qu’il ait fondé la société ATS en 1962, cette expérience s’interrompt l’année suivante lorsqu’il met en place Delta-Auto qui devient par la suite Autodelta, le département compétition d’Alfa Romeo qu’il dirige jusqu’à 1985. Au cours de ses dernières années, il créée Motori Moderni, spécialisé dans la préparation de moteurs de course. Il meurt à Milan en 1994.
L’histoire sportive de l’écurie Autodelta et les victoires les plus importantes (1963 – 1983)
1963 : Création de l’Ecurie Autodelta S.p.A dirigée par l’ingeniere Carlo Chiti
1964 : début de l’activité sportive d’Autodelta
1965 : Transfert du siège à Settimo Milanese (Milano). Alfa Romeo engage la Giulia TI Super Quadrifoglio, les TZ et TZ2. Début de la fameuse Giulia GTA
1966 : Reprise des participations officielles en course à travers Autodelta. La Marque remporte le Championnat d’Europe Tourisme avec la GTA 1600 (1er : Andrea de Adamich), dominant les 4 heures de Monza, les 500 km de Snetterton, les 6 heures du Nürburgring et le Grand Prix de Zandvoort. Les TZ et TZ2 dominent la classe 1600 Sport en Championnat du monde des marques.
1967 : nouvelle victoire en championnat d’Europe Tourisme avec la GTA 1600 (1er : De Adamich) : succès en Belgique, au Tourist Trophy (GB), à Budapest et aux 6 heures du Nurburgring. Puis c’est le grand saut en catégorie Prototype avec la 33/2 qui remporte notamment le Trophée Bettoja à Rome
1968 : la 33/2 remporte les 2 premières places aux 24 heures de Daytona dans la classe 2000 Sport. Victoires de classe également aux 1000 km du Nürburgring, aux 24 heures du Mans et aux 500 km de Monza. Lancement de la GTA 1300 Junior
1969 : participation au Mondial des Marques avec la 33/3 et victoire en championnat d’Europe Tourisme Marques et pilotes
1970 : titre pilote dans le championnat d’Europe Tourisme et victoire aux 1000 km de Zeltweg avec De Adamich au volant de la 33/3. Arrivée de la GT Am, future reine de la catégorie Tourisme.
1971 : victoires aux 1000 km de Brands Hatch (1ers : De Adamich / Pescarolo), à la Targa Florio (1ers : Vaccarella/Hezemans) et aux 6 heures de Watkins Glen (1ers : De Adamich / Peterson). Titre en Championnat d’Europe des Marques et Coupe du Roi à Spa
1972 : Alfa Romeo remporte la 2ème place au Championnat du Monde des Marques avec la 33TT3 et gagne le Championnat d’Europe Tourisme
1974 : Succès aux 1000km de Monza et à la Coupe du Roi à Spa
1975 : Alfa Romeo s’adjuge le Championnat du Monde des Marques avec la 33TT12 et remporte la Coupe du Roi à Spa. Arrivée en Rallye avec l’Alfetta GT
1976 : retour en F1 avec la fourniture du moteur 12 cylindres Boxer à l’écurie Brabham
1977 : la 33SC12 remporte 8 victoires et empoche le titre mondial Sport. En F1, John Watson est en pole position au Grand Prix de Monaco avec la Brabham BT45
1978 : grande année pour Alfa Romeo avec la meilleure saison pour l’écurie Brabham Alfa romeo et ses pilotes Watson et Lauda qui réalisent un doublé au GP d’Italie. Première place pour Lauda au GP de Suisse (déclassé car la voiture est jugée non-conforme)
1979 : après 28 ans, retour d’Alfa Romeo en Formule 1 avec sa propre monoplace équipée d’un moteur 12 cylindres en V. Fin de la collaboration avec brabham. Autodelta conçoit et assemble l’Alfetta Autodelta qui fait son entrée en Rallye
1980 : après une année décevante, Alfa Romeo compte sur Patrick Depailler et Bruno Giacomelli. Mais le pilote Français se tue à Hockenheim. Giacomelli obtient la pole position aux GP des USA. Andrea de Cesaris rejoint l’écurie. Succès en championnats d’Europe et d’Italie de Formule 3
1981 : Alfa Romeo engage l’ingénieur Français Gérard Ducarouge qui conçoit une nouvelle voiture équipée d’une monocoque en carbone. Mario Andretti rejoint Giacomelli. Celui-ci termine 4ème au Canada et 3ème aux USA
1982 : victoire au Championnat d’Europe Tourisme, à la Coupe du Roi (Spa) et aux Championnats d’Europe, d’Italie et de France de F3 avec la Scuderia Euroracing
1983 : Autodelta cède la place à la Scuderia Euroracing en Formule 1
1985 : Carlo Chiti quitte Alfa Romeo
Les faits marquants du palmarès d’Autodelta
Champion du Monde des Marque (1975)
Champion du Monde Sport (1977)
Champion d’Europe Tourisme des Marques 1966, 1967, 1968, 1969, 1971, 1972, 1982, 1983 et 1984
Champion d’Europe Tourisme pilote 1966, 1967, 1969, 1970, 1971
14 titres nationaux en catégorie tourisme entre 1966 et 1974
Victoires à la Targa Florio 1971 et 1975
Victoires de classe à la targa Florio de 1966 à 1974
Victoires de classe aux 24 Heures du Mans 1964 et 1968
Victoires de classe aux 24 Heures de Sebring 1964, 1965, 1966, 1971
Victoire de classe aux 24 Heures de Daytona 1968
Victoires de classe aux 24 Heures de Spa-Francorchamps de 1965 à 1971
Victoire aux 1000 km du Nürburgring 1975
Victoires de classe aux 1000 km du Nürburgring 1965, 1966, 1969, 1970 et 1971
Victoire à la Temporada Argentina 1970
Victoire aux 1000 km de Brands-Hatch 1971
Victoires au 6 Heures de Watkins-Glen 1971 et 1975
Les modèles emblématiques
Parmi les modèles marquants de l’histoire Autodelta, cinq d’entre eux sont devenus incontournables et ont contribué à bâtir la légende sportive de la marque au Biscione : la Giulia TZ, la 33/2 litres Daytona, la GTA (1600 et 1300 Junior notamment), la 33 TT12 et la 179 F, monoplace expérimentale de Formule 1.
Giulia TZ (1963) : c’est la première voiture de compétition réalisée par Autodelta : le logo de l’Ecurie, le fameux triangle bleu sera appliqué sur les flancs de ce modèle compact de grand tourisme très aérodynamique dessiné par Zagato. Elle dispose de la motorisation et de la mécanique de la nouvelle Giulia mais reçoit un inédit châssis tubulaire, lui ayant valu son surnom de »Tubolare Zagato ». La TZ s’avère tout de suite gagnante, grâce notamment à ses dons mécaniques originels : Dès ses débuts en 1963, elle remporte la Coupe FISA à Monza puis la saison suivante, elle s’adjuge en particulier la victoire au scratch dans la coupe des Alpes (Rolland-Augias) et le Tour de Corse en plus de nombreuses autres victoires de classe dans la plupart des compétitions internationales majeures, y compris à la Targa Florio ou aux 24 Heures du Mans.
33/2 litres Daytona (1968) : en 1967, Alfa Romeo décide de faire le grand saut dans la catégorie »prototypes », à l’époque la plus en vue en compétition automobile. La 33/2 fait ses débuts à Fléron en Belgique et remporte l’épreuve avec Teodoro Zeccoli, le pilote-essayeur de l’entreprise. S’ensuit une saison à succès pour la voiture. L’année suivante, la voiture s’adjuge les victoires de classe aux 24 Heures de Daytona (Vaccarella-Schultz), aux 1000 km du Nurburgring (Galli-Giunti), aux 500 km d’Imola (Vaccarella-Zeccoli) et aux 24 Heures du Mans (Giunti-Galli). La 33 et son moteur V8 domine la classe »deux litres » et sa ligne effilée avec ses deux phares superposés est un classique du milieu des années soixantes. Au cours de la saison 1969, le V8 passe à 3 litres et voit sa structure de châssis modifiée. Cette nouvelle 33/3 remporte un succès prestigieux : la Targa Florio de 1971 (Vaccarella-Hezemans).
GTA 1600 (1965) / GTA 1300 Junior (1972) : LA voiture la plus naturellement associée par les passionnés à Autodelta est sans conteste la mythique Giulia GTA qui apparaît en 1965 avec son moteur double arbre de 1570 cm3 à deux bougies par cylindre. Elle évolue en 1968 en GTA 1300 Junior et terminera sa carrière en versions 1750/2000 GT Am. Si ces dernières versions ne sont plus à proprement parler des GTA, elles font partie de la saga au cours de laquelle tout un ensemble d’évolutions techniques seront apportées au coupé Bertone de course pendant sa carrière. La GTA 1300 Junior de 1972 est l’ultime évolution qui permettra à Autodelta de dominer deux années durant le Challenge Tourisme Européen. Le palmarès de cette voiture disposant d’un moteur de seulement 1300 cm3 dont la puissance finira par attendre 170 ch, en toute fiabilité, est réellement impressionnant. A noter que la GTA 1600 est la première voiture de tourisme à être descendue sous la barre des 10 minutes au tour sur la fameuse Nordschliefe du Nurburgring.
33 TT 12 (1975) : L’année 1975 est très certainement la plus prestigieuse pour Autodelta : la 33TT12 remporte en effet le Championnat du Monde des Marques, doublant la mise deux après avec la 33 SC12. Ce bolide repose sur un châssis tubulaire et reçoit un moteur 12 cylindres »boxer » de 3 litres et plus de 500 ch (d’où sa dénomination TT12) qui lui permet de remporter 7 courses sur les 8 au programme, dont la Targa Florio (Merzario-Vaccarella). Les meilleurs pilotes de l’époque se retrouveront à son volant : Merzario -son meilleur interprète, Brambilla, Pescarolo, Bell, Laffite, Mass, Andretti, Ickx, Schckter et Vaccarella. La TT12 innove également par son design : large, basse, elle se reconnait à son périscope derrière le pilote qui la rend si agressive et caractéristique. La 33SC12 de 1977 inaugurera le moteur 12 cylindres boxer turbocompressé.
Formule 1 – 179 F (1982) : à la fin des années soixante-dix, après quatre saisons de fourniture moteur à l’écurie Brabham, Alfa Romeo décide de réaliser sa propre Formule 1, celle que l’on appelle parfois l’Alfa-Alfa ». Le moment du retour est symbolique puisqu’Alfa Romeo avait quitté la Formule 1 vingt ans auparavant après en avoir dominé les deux premières saisons de la discilpline avec l »Alfetta ». L’Equipe de l’ingénieur Chiti conçoit une voiture qui se montre puissante dès le départ mais manque de fiabilité. En 1980, l’écurie Autodelta dispose d’une voiture pour commencer à jouer un véritable rôle dans le championnat. En 1981, le pilote américain d’origine italienne Mario Andretti rejoint Bruno Giacomelli mais le changement de réglementation n’est pas favorable à Autodelta. Pour 1982, le staff technique décide de modifier radicalement la conception de la voiture. Carlo Chiti choisit d’expérimenter, pour l’une des premières fois en Formule 1, la monocoque en carbone. La 179 F test car, qui rejoindra par la suite le Museo Storico Alfa Romeo, est très instructive sur le plan technique.
