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Le bien-être des enfants dans les pays riches : des progrès en péril ?


Michèle Barzach, présidente de l’UNICEF France : « La France doit améliorer l’efficacité de son action en direction des enfants et des jeunes ».

L’UNICEF publie aujourd’hui Le bien-être des enfants dans les pays riches. Cette étude comparative exceptionnelle, réalisée par le centre de recherche Innocenti de l’UNICEF, analyse la situation des enfants et adolescents dans 29 des économies les plus avancées du monde et établit un classement autour de cinq dimensions passées au crible : le bien-être matériel, la santé et la sécurité, l’éducation, les comportements et risques, le logement et l’environnement.

« Cette année encore, le rapport Innocenti de l’UNICEF fournit un outil d’analyse très puissant pour évaluer les performances des politiques publiques des Etats industrialisés dans les secteurs de l’enfance et de la jeunesse. C’est un véritable baromètre international », selon Michèle Barzach, présidente de l’UNICEF France.

Occupant le 13e rang sur 29 au classement général, entre la Slovénie et la République tchèque, la France enregistre des performances très inégales.

Education : l’enseignement secondaire mal noté
Même si elle occupe la meilleure place dans le champ de la scolarisation des enfants de 4 à 6 ans, la France est globalement en recul au plan du « bien-être scolaire ». C’est en matière de réussite scolaire à l’âge de 15 ans et de scolarisation dans l’enseignement secondaire que la France obtient les résultats les plus critiques (respectivement 15e et 19e place). Par ailleurs, la France fait partie des pays qui comptent le plus d’adolescents de 15 à 19 ans qui ne sont ni à l’école, ni en formation, ni sur le marché du travail.

Pauvreté des enfants : la France en 12e position
Avec un taux de pauvreté relative des enfants de 9,5%, en augmentation constante, la France se situe au 12e rang, loin derrière les pays nordiques, mais largement devant les Etats-Unis, l’Espagne et l’Italie et quasiment à égalité avec l’Allemagne et la République tchèque. En ce qui concerne le taux de privation des enfants (plus de 10%), la France chute en 16e position.

Comportements et risques : les adolescents français, gros consommateurs de cannabis
Dans cette catégorie qui couvre différents aspects, la France est bien classée en matière de prévention de la natalité chez les adolescentes et de consommation d’alcool -avec un taux deux fois plus faible qu’au Royaume-Uni. En revanche, plus de 20% des jeunes déclarent consommer du cannabis, une proportion importante qui place la France en bas de classement.

L’opinion des jeunes : un regard sévère porté sur les adultes
Originalité de l’étude UNICEF/Innocenti : elle met en lumière les opinions des adolescents sur leur propre satisfaction à l’égard de la vie. Avec 85% d’entre eux qui se déclarent satisfaits ou très satisfaits, la France se place en 18e position mais elle occupe le dernier rang en matière de dialogue parents/adolescents : seuls 50,3% trouvent qu’il est facile de parler avec leur père et 71,2% avec leur mère.

« En France, la montée de la pauvreté des enfants et du chômage des jeunes, les comportements addictifs auxquels s’ajoute le sentiment des adolescents de ne pas être entendus par les adultes constituent un cocktail explosif qui appelle à un réel plan national pour la jeunesse renforçant la prévention, l’écoute et l’intégration des jeunes dans la société », alerte Michèle Barzach.

A l’échelle internationale, le rapport Innocenti révèle que les Pays-Bas et quatre pays nordiques (Finlande, Islande, Norvège et Suède) occupent les premières places du classement en matière de bien-être des enfants et des adolescents, tandis qu’Etats Unis, Lituanie, Lettonie et Roumanie figurent en queue de classement. Il met en lumière d’importants écarts entre le haut et le bas de l’échelle mais montre aussi que l’écart entre certains pays d’Europe centrale et de l’Est et les économies industrielles plus établies tend à se réduire.

L’étude montre également qu’il n’y a pas de rapport direct entre le niveau global de bien-être de l’enfant et le PIB par habitant. La Slovénie par exemple est globalement mieux placée que le Canada, la République tchèque est plus performante que l’Autriche, et le Portugal obtient de meilleurs résultats que les États-Unis.

« La question qui est posée à la France, comme à chacun des pays étudiés, est celle de l’efficience de leur politique en direction des enfants et des jeunes. Notre pays dépense beaucoup pour des résultats encore très mitigés, explique Michèle Barzach. Des progrès restent à faire dans le champ de la lutte contre la pauvreté des enfants, la réussite scolaire des adolescents et l’écoute des enfants et des jeunes par les adultes. Le gouvernement a donné des signes positifs dans ces différents domaines mais nous attendons maintenant la mise en œuvre effective des mesures annoncées pour des résultats tangibles pour les enfants ».

Malgré le recul de certains pays sur des indicateurs spécifiques, de nombreux domaines du bien-être des enfants enregistrent une amélioration continue au cours de la première décennie des années 2000. Ces progrès sont gravement compromis par les conséquences directes de la crise sur les enfants. Le rapport n’en mesure pas encore l’impact du fait de la non-disponibilité des données.


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