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L’UE échoue à protéger les abeilles et leur rôle crucial pour l’agriculture


Les représentants des gouvernements de l’Union européenne ont échoué vendredi à adopter une proposition de la commission visant à interdire certains insecticides de la famille des néonicotinoïdes. En raison de divergences d’opinions, les représentants des gouvernements n’ont pas atteint la majorité qualifiée nécessaire pour confirmer l’interdiction. C’est la deuxième fois qu’un tel vote échoue.

« Le nouvel échec de ce vote revient à ignorer avec entêtement les avertissements de la communauté scientifique et à céder à la pression des industriels qui défendent un modèle agricole intensif pour leurs seuls intérêts », déclare Anaïs Fourest, chargée de campagne agriculture durable. « Ce comportement est irresponsable et préjudiciable pour les agriculteurs européens qui dépendent énormément des abeilles et des insectes pollinisateurs. »

M. Le Foll doit interdire tous les néonicotinoïdes

La France, premier pays agricole en Europe, ne peut pas se contenter de soutenir la proposition de la commission mais doit s’impliquer activement pour une interdiction de l’ensemble des néonicotinoïdes et convaincre les autres pays européens.

« Greenpeace demande à Stéphane Le Foll de prendre ses responsabilités afin de protéger l’agriculture française « , continue Anaïs Fourest. « Faute de quoi, la proposition de la Commission, déjà insuffisante, va être progressivement affaiblie et son vote sans cesse reporté alors qu’il y a urgence à accorder un répit immédiat aux abeilles et autres pollinisateurs. »

Les néonicotinoïdes : qu’est-ce que c’est ?

Les néonicotinoïdes sont des insecticides dits systémiques, c’est-à-dire qu’ils pénètrent dans les tissus de la plante et se diffusent par la sève. Ils se répartissent alors dans les tiges, les feuilles, le nectar et le pollen de la fleur. Les insectes pollinisateurs y sont exposés directement lorsqu’ils butinent la fleur mais aussi en buvant les gouttes d’eau produite par la jeune plante à l’extrémité de ses feuilles. Les effets des néonicotinoïdes sur les abeilles sont connus et dévastateurs : malformations, troubles de la croissance, troubles du comportement (orientation, apprentissage…).

En Europe, la valeur de la pollinisation des cultures par les abeilles et autres pollinisateurs est estimée à environ 22 milliards d’euros pour l’agriculture. Les néonicotinoïdes sont parmi les insecticides les plus utilisés au monde, ils représenteraient 24% du marché des insecticides en France, utilisés sur plus de 3 millions d’hectares. Des interdictions partielles de néonicotinoïdes sont déjà en place en Italie, en France (Cruiser OSR, Régent et Gaucho), en Allemagne et en Slovénie, sans impact négatif pour la production agricole.

La nécessité d’un premier pas

La commission proposait une interdiction temporaire et partielle. D’une durée de deux ans, celle-ci concerne seulement trois néonicotinoïdes et se limite à certaines cultures et certains usages.

« L’adoption de la proposition de la commission constituerait un premier pas nécessaire mais clairement insuffisant« , poursuit Anaïs Fourest. » Seule une interdiction de tous les néonicotinoïdes pour l’ensemble des cultures représenterait une étape déterminante pour contribuer à enrayer le déclin des abeilles et autres pollinisateurs. »


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