Les autorités camerounaises ont arrêté jeudi Symphorien Sangha, l’un des plus notoires braconniers d’éléphants et contrebandiers d’ivoire opérant en Afrique centrale, une étape importante dans la lutte régionale contre la criminalité faunique. Le WWF exhorte les autorités compétentes à donner suite à cette étape et poursuivre Sangha et le condamner aux peines maximales prévues par la loi.
Selon les autorités locales, Sangha a été arrêté jeudi soir par la gendarmerie camerounaise dans la ville de Yokadouma dans le Sud Est du Cameroun, où il est actuellement détenu.
«Le WWF félicite le Gouvernement camerounais et les forces de l’ordre pour avoir capturé l’un des braconniers d’éléphants les plus notoires de la région d’Afrique Centrale», a déclaré Bas Huijbregts, responsable de la politique pour le WWF Afrique Centrale.
«Mais Symphorien Sangha a l’habitude de disparaitre suite à ses arrestations. C’est donc maintenant une chance pour le Cameroun de montrer qu’il accorde une grande importance à la lutte contre le braconnage et le commerce illégal d’espèces sauvages, des activités qui compromettent la sécurité et le développement économique de la région», commente Huijbregts.
Originaire de la République centrafricaine et naturalisé citoyen camerounais, Sangha s’est spécialisé dans l’abattage des éléphants pour leurs défenses, et est accusé d’avoir servi de guide aux braconniers soudanais, qui en 2010 ont traversé la République Centrafricaine pour massacrer 25 éléphants avant d’être arrêtés par les autorités locales.
«Symphorien Sangha est notre Kony», a souligné Huijbregts.
Sangha était surtout actif dans le complexe Tri-national de la Sangha (TNS), un réseau d’aires protégées qui chevauchent les pays du Cameroun, la République Centrafricaine et la République du Congo. En juillet 2012, ce complexe de 7.542 kilomètres carrés riche en biodiversité et avec d’importantes populations d’éléphants de forêt a été déclaré site du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Etant l’une des dernières forêts tropicales d’Afrique encore intacte, le TNS est un important sanctuaire pour la protection des espèces menacées.
En vertu d’un accord tri-national, les policiers sont autorisés à opérer dans les trois pays qui englobent le TNS. Un mandat d’arrêt qui avait été délivré par un procureur centrafricain révèle que Sangha ‘opérait sur le sol Centrafricain à partir du territoire du Cameroun.’»
Connu localement sous le nom du ‘braconnier légendaire du TNS’, Sangha est également accusé d’avoir ouvert le feu sur des écogardes en 2010, handicapant sérieusement l’un d’eux. Il a aussi déjà été arrêté au moins deux fois, dont une fois en 2007, avant de s’échapper pour fuir la république Centrafricaine vers le Cameroun.
«Cet individu a échappé à la justice pendant plusieurs années. Il est essentiel que les autorités fassent tout leur possible pour s’assurer qu’il reste en prison», a déclaré Basile Yapo, Directeur National du WWF-Cameroun.
«Les gens comme lui sapent les avantages économiques qui peuvent découler de l’écotourisme lié à l’abondance des éléphants et des grands singes dans le TNS.»
«Nous exhortons les autorités camerounaises à poursuivre cette personne et le condamner aux peines maximales prévues par la loi.»
Le commerce illégal d’espèces sauvages – évalué entre 8 et 10 milliards de dollars par an – se classe au cinquième rang des activités illégales transnationales les plus lucratives du le monde.
En conséquence, la faune sauvage du Bassin du Congo est en crise; le commerce illégal de ces espèces s’est dramatiquement intensifié ces dernières années et a atteint des niveaux critiques; ainsi, 2011 a été l’année de tous les records en matière de saisies d’ivoire à grande échelle et de braconnage d’éléphants. Ce commerce illégal est largement reconnu comme impliquant des réseaux criminels organisés, agissant au niveau transfrontalier, avec des exemples de grandes bandes de braconniers lourdement armés qui s’infiltrent dans les pays à la seule fin de se procurer illégalement des produits de la faune sauvage. De ce fait, cela constitue une menace pour l’intégrité territoriale et la sécurité régionale.
Aux Nations Unies, à la fin de septembre, les Etats-Unis se sont prononcés contre le dommage causé par le braconnage et le trafic, notamment dans les domaines de «la conservation, l’Etat de Droit, la gouvernance et le développement économique.»
Le WWF et TRAFFIC appellent les gouvernements et les institutions internationales à traiter le commerce illégal des espèces sauvages comme crime grave, à adopter les moyens de dissuasion efficaces, et à mener leurs efforts pour réduire la demande pour des espèces sauvages menacées.