Alors que s’ouvre samedi le salon de l’automobile à Paris, l’UFC-Que Choisir rend publique ce jour une étude exclusive menée auprès de 1 440 enseignes(1) qui souligne que le consommateur n’est toujours pas en mesure de bénéficier des effets positifs de la concurrence de l’après-vente automobile.
Malgré les actions répétées de l’UFC-Que Choisir pour libérer les consommateurs de l’emprise des constructeurs (clauses abusives pour l’entretien automobile, marché des pièces détachées, etc.) et alors que la législation européenne est très ferme sur le sujet -l’Europe vient de rappeler une nouvelle fois les constructeurs à l’ordre dans des lignes directrices- l’enquête de l’association souligne que les automobilistes continuent de payer plein pot le caractère sclérosé de ces marchés.
Réparation et révision, ces très chers constructeurs : Sans aucune surprise, en moyenne, que ce soit sur des prestations généralistes ou la révision(2), les constructeurs français sont plus chers que les autres structures. Cependant, alors qu’une très relative concurrence se dessine sur les premières(3) (en moyenne ils sont environ 22 % plus chers), il en est tout autrement pour la révision (autour de 50 % de plus). En effet, non seulement les constructeurs sont systématiquement les plus chers pour la révision, mais aussi, pour les véhicules enquêtés(4), il est plus coûteux d’entretenir son véhicule dans le réseau de la marque. Il est, par exemple, plus cher d’entretenir une Peugeot 207 chez Peugeot que chez Renault ou même Ford et Volkswagen. De plus, Peugeot facture la révision des 60 000 km en moyenne 70 % plus cher que les centres auto et 110 % plus cher que le plus compétitif d’entre eux(5).
Constructeurs : coup de frein à la concurrence
Malgré leurs tarifs prohibitifs, les constructeurs ont une tactique bien rodée pour garder le consommateur dans leurs structures : 40 % d’entre eux affirment ainsi qu’il est risqué ou anti-économique d’entretenir son véhicule hors du réseau et ont refusé de prendre en charge un véhicule d’une marque concurrente. Par exemple, ils trompent le consommateur en lui faisant croire qu’il perdra le bénéfice de la garantie s’il n’entretient pas le véhicule chez un professionnel de la marque. Autre stratégie répandue : affirmer que seul le constructeur X a les capacités techniques et humaines pour entretenir le véhicule de la marque X.
Ces inadmissibles verrous à la concurrence expliquent que les constructeurs détiennent 83 % de part de marché dans la réparation et l’entretien pour les véhicules de moins de deux ans.
Plus que jamais décidée à accélérer l’effectivité de la concurrence sur cet important poste de dépense automobile, l’UFC-Que Choisir met à disposition des consommateurs un carte interactive des prix des enseignes enquêtées et demande :
Que les constructeurs soient obligés d’informer les consommateurs sur la possibilité d’entretenir leur véhicule en dehors du réseau, notamment en insérant cette information dans leurs contrats et dans le carnet d’entretien des véhicules ;
Que la DGCCRF réalise des contrôles et sanctionne, le cas échéant, les dérapages des professionnels ;
Que l’Autorité de la concurrence maintienne sa position ferme dans la version finale de son rapport sur l’automobile.
(1) 845 affiliées aux constructeurs, 566 centres auto et 29 garages indépendants.
(2) Préconisée par les constructeurs (carnet d’entretien).
(3)Par exemple, sur ces prestations, Renault est aussi compétitif que certains indépendants.
(4) Renault Clio (III), 1.5 dCi, 90 ch, Dynamique tomtom – 5 portes. Première mise en circulation en septembre 2011 – 16 000 km environ au compteur. Peugeot 207,1.6 HDi, 90 ch, Fap Premium. Première mise en circulation en octobre 2011 – 11 000 km environ au compteur.
(5) Renault facture l’entretien de la Renault Clio plus cher que Volkswagen et Ford et en moyenne jusqu’à 49 % plus cher que les Centre auto.