Agglotv.com

Pièces automobiles : Les constructeurs ont aussi le monopole de l’intimidation !


A quelques semaines de la publication du second avis de l’Autorité de la Concurrence (ADLC) sur l’entretien et la réparation automobile, les membres de la plateforme « Libère mon Auto » dénoncent la véritable campagne d’intimidation et de mystification orchestrée par les constructeurs contre l’ADLC et décident d’intervenir auprès du Conseil d’Etat et du gouvernement pour que l’indispensable libéralisation des pièces détachées soit enfin réalisée.

Ayant comme seul objectif de maintenir une anormale rente de monopole, les représentants des constructeurs et de leurs réseaux tentent à présent d’intimider l’ADLC en introduisant un recours devant le Conseil d’Etat contre son premier diagnostic courageux, objectif et argumenté, qui n’est pourtant qu’un simple avis provisoire sur les défaillances de la concurrence dans le marché de l’entretien et de la réparation automobile.

Cette action fait suite à une tentative d’instrumentalisation du Conseil Economique et Social et Environnemental (CESE) par ces mêmes représentants, qui, chargés d’un rapport sur l’automobile intitulé « La filière automobile, comment relever les défis d’une transition réussie », ont omis savamment de faire référence à ce premier avis de l’ADLC. Face à la fronde de différents membres du CESE, ce réquisitoire a heureusement été repoussé sine die.

Les motifs invoqués par les auteurs de ce recours ne sauraient cependant masquer la réalité des faits, notamment concernant l’augmentation très forte du prix des pièces sous monopole et l’écart de prix avec les pièces alternatives mis en évidence tant par les études de l’INSEE, que par celles du SRA, de l’UFC-Que Choisir et de la FEDA et les enquêtes réalisées par de nombreux média.

L’exception française qui maintient le monopole sur les pièces visibles destinées à la réparation n’est plus justifiée ni juridiquement ni économiquement ni socialement. Au moment où le pouvoir d’achat des consommateurs est mis à mal par ces tarifs injustifiés (l’entretien et la réparation représente 40% du budget automobile des ménages), l’ouverture du marché s’impose comme une nécessité. Et contrairement à ce qu’affirment les constructeurs, la libéralisation n’est pas destructrice d’emplois. Bien au contraire, elle permettrait de développer l’activité de petites structures françaises, empêchées aujourd’hui par la règlementation. Une production locale et sa commercialisation sont compatibles avec les intérêts des consommateurs. C’est dans cette vision qu’a toujours travaillé la plateforme « Libère mon Auto ».

Par ailleurs la perspective annoncée d’un rapprochement entre équipementiers et constructeurs, visant à se répartir le privilège du monopole, démontre bien l’anomalie de la situation et la faiblesse de l’argumentation juridique des constructeurs mais ne parait pas de nature à répondre pleinement aux attentes des consommateurs et des professionnels de la filière indépendante. Seule une intervention législative serait de nature à atteindre cet objectif.

Par conséquent, l’ANEA, la FEDA, la FNAA, la FFC, et l’UFC-Que Choisir :

– Interviennent volontairement dans la procédure initiée par les représentants des constructeurs et de leurs réseaux auprès du Conseil d’Etat ;
– Demandent au nouveau gouvernement d’envisager sans délai la libéralisation des pièces détachées automobiles, le monopole des constructeurs étant une exception préjudiciable aux professionnels de la filière de l’Après-Vente automobile comme aux consommateurs.

Rappel de quelques chiffres-clés :

– Le prix de détail moyen des pièces alternatives est 34% moins cher que celui des pièces constructeurs (Etude UFC/Que Choisir 03/2011) ;
– Les pièces du panier SRA ont augmenté entre 2005 et 2011 de 30,5%, alors que les prix à la consommation n’ont varié que de 9,8% (source SRA/INSEE).