En ouvrant le champ des possibles de la rencontre, Meetic, premier réseau de célibataires, est au cœur des changements de la vie personnelle et amoureuse. Ultraconnectés, mobiles et gérant chaque jour nos agendas professionnels avec pragmatisme et raison, n’avons-nous pas tendance à faire de même pour nos affaires de cœur ? Existe-t-il, à l’instar des “business plans”, un “Love Plan” ? (extraits de la Table Ronde Meetic du 14 juin 2012)
Pour ouvrir cette réflexion, Meetic a interrogé les Français via l’institut Opinion Way :
« Diriez-vous qu’aujourd’hui on gère de plus en plus sa vie amoureuse comme sa carrière ? »
« Selon vous, pour qu’une relation amoureuse fonctionne, vaut-il mieux être pragmatique/rationnel(le) ou passionné(e) dans le choix de son partenaire ? »
Les résultats sont à la fois éloquents et étonnants :
• 47 % des sondés estiment que la vie amoureuse se gère de la même manière que sa vie carrière. En revanche, ils sont à peine 52 % à penser le contraire.
• Si c’est la plus jeune génération – 18/24 ans – qui envisage sa vie amoureuse comme sa vie professionnelle, pour 58 % d’entre eux, les 35-49 ans, appuyés des plus de 50 ans, refusent cette idée à 55 % en moyenne.
• Mais en parallèle, à la seconde question, 56 % des 18-24 ans privilégient la passion, alors que les personnes interrogées de 25-49 ans se montrent finalement plus pragmatiques (près de 50 %).
Interrogés lors d’une table ronde organisée à cet effet par Meetic, le sociologue et chercheur au CNRS Jean-Claude Kaufmann et la psychanalyste Sophie Cadalen ont apporté leurs différents points de vue :
« Le modèle actuel voudrait que l’on soit maître de son existence, notamment chez les femmes. En même temps, on nourrit ce rêve un peu fou de rester soi-même en faisant entrer l’autre dans sa vie, mais sans qu’il ne nous bouscule trop. Or, pour que le couple fonctionne, il faut lâcher prise, afin de créer un monde nouveau, qui va nous transformer. Et ça fait peur. » Explique Jean-Claude Kaufmann.
« Généralement, sur le divan, ce n’est pas le célibat qui pose problème, mais le regard des autres. Les copines se marient et font des bébés, les parents s’impatientent d’avoir des petits-enfants… C’est le paradoxe de notre époque : dans ce choix, nous sommes tout de même tenus par des attentes très précises. » Renchérit Sophie Cadalen.
Retour sur les points qui ont été développés lors de cette rencontre.
UNE SI COURTE MAJORITÉ POUR L’ÉMOTION
« Il y a encore un siècle, ce sont les familles qui choisissaient le partenaire conjugal, commente Jean-Claude Kaufmann. On s’entretenait dans une tradition remontant à Platon, celle d’une moitié, qui nous attendrait quelque part. Or nous avons pris conscience qu’il n’y avait pas une, mais plusieurs personnes qui pouvaient nous convenir. On entre donc dans le monde d’aujourd’hui, celui du choix, avec des questions de plus en plus nombreuses et des réponses de moins en moins évidentes. »
Sophie Cadalen abonde dans ce sens, ce choix étant, selon elle, la particularité de notre époque : « On est tiraillé, car on veut choisir, mais on veut aussi se laisser emporter par l’évidence : c’est elle, c’est lui. Nous sommes renvoyés à notre complexité d’être humain, souligne-t-elle. Ce choix se pose aussi dans la vie professionnelle : avant, on ne pouvait pas sortir de son milieu comme ça. Ce n’est donc pas si évident et nous continuons à en appeler à une certaine évidence, qui nous indiquerait quel métier faire et quelle personne aimer. »
Un choix permanent donc, qui serait alimenté, selon Jean-Claude Kaufmann, par la société de l’information : « Nous sommes des individus de plus en plus informés, autonomes, responsables et, dans tous les domaines, nous comparons, nous évaluons… Mais, l’amour dans tout ça, est-ce un choix ? Toute décision fait intervenir un certain degré d’émotion : il n’existe pas un univers uniquement rationnel et un autre uniquement émotionnel. »
LES JEUNES : LA GÉNÉRATION DU PARADOXE
Sophie Cadalen souligne la contradiction de la réponse des jeunes par rapport à leur première prise de position : « Ce sont les mêmes qui disent que l’on peut gérer sa vie amoureuse comme sa carrière, puis qui déclarent se laisser guider par la passion. De plus, le pragmatisme serait attribué au monde du travail et la passion à celui du sentiment, mais ce n’est pas aussi simple. »
Ainsi pointe-t-elle un véritable paradoxe : « Chez tout humain, on retrouve une tension entre la volonté de maîtrise et la pulsion de vie, avec un dosage propre à chacun, plus catégorique lorsqu’on est jeune. En psychanalyse, le moi est une chose précaire, en construction permanente, qui évolue au contact de l’autre. Et c’est aussi vrai dans le travail : jeune, on a une idée précise du métier que l’on veut faire, puis, avec l’expérience, on se découvre, on se remet en question, on confronte ses idéaux à la réalité. Le travail n’est donc pas uniquement affaire de pragmatisme. »
Faire le choix de la raison pour être acteur de sa vie, plutôt que de subir une passion incontrôlable ? Jean-Claude Kaufmann tempère l’idée : « Le modèle actuel voudrait que l’on soit maître de son existence, notamment chez les femmes. En même temps, on nourrit ce rêve un peu fou de rester soi-même, en faisant entrer l’autre dans sa vie, mais sans qu’il ne nous bouscule trop. Or, pour que le couple fonctionne, il faut lâcher prise, afin de créer un monde nouveau, qui va nous transformer. Et ça fait peur. »
ÂGE ET ENTOURAGE : LA PRESSION DE LA NORME
Si l’âge est synonyme d’expérience dans la vie professionnelle, qu’en est-il dans la sphère sentimentale ? La question se pose notamment pour les 50-59 ans, qui sont 56 % à favoriser la passion, à l’image des 18-24 ans, qui enregistrent le même résultat.
« Je ne crois pas aux amours différentes selon les âges, affirme Sophie Cadalen. En revanche, avec le temps, on nous invite parfois à être moins exigeants, mais il ne faut pas confondre l’exigence et la disponibilité, qui s’acquiert avec l’expérience. » De plus, l’entourage nous enjoint souvent à être dans la norme, à une certaine stabilité de vie, comme elle le souligne : « Généralement, sur le divan, ce n’est pas le célibat qui pose problème, mais le regard des autres. Les copines se marient et font des bébés, les parents s’impatientent d’avoir des petits-enfants… C’est le paradoxe de notre époque : dans ce choix, nous sommes tout de même tenus par des attentes très précises. »
Jean-Claude Kaufmann poursuit en remarquant qu’il y a un siècle, à 50 ans, on était considéré comme très âgé : « Aujourd’hui, à 50-60 ans, on a moins de charges familiales et une nouvelle vie peut commencer. De même, vers 30-35 ans, certaines femmes qui ont réussi craignent parfois de vivre moins bien en étant en couple. On sent alors le poids du jugement de la société et son double langage : si l’on admet que chacun peut faire ce qui lui plaît, il reste tout de même des normes, discrètes, mais présentes. Plus on s’interroge, plus la pression de l’extérieur est ressentie et perçue comme critique. » D’ailleurs, selon lui, le terme qui revient le plus souvent dans les enquêtes sur les célibataires est bien celui de “norme” à travers la question : « Est-ce normal ? »
ESPRIT DE COMPÉTITION, ES-TU LÀ ?
Aujourd’hui, en disant parfois beaucoup sur soi, en affichant même sa situation amoureuse sur Internet et les réseaux sociaux, n’affiche-t-on pas un certain esprit de compétition dans sa vie sentimentale ?
Si Sophie Cadalen exprime des réserves quant à cette idée, elle constate cependant beaucoup de doutes : « Il existe un discours d’assurance : il faut être à la hauteur, réussir sa vie. Mais beaucoup de personnes se demandent si elles sont à leur place professionnellement, si leur couple leur convient réellement, si elles ne pourraient pas prétendre à autre chose. Donc, je ne parlerais pas d’esprit de compétition, mais, là encore, du poids du regard de l’autre. »
Jean-Claude Kaufmann revient lui aussi sur la formulation “choc” (sic.) de la principale question de l’enquête : « Les termes “gérer”, “de plus en plus”, “comme sa carrière” sont très forts et je pensais que les réponses seraient plutôt négatives. Mais on s’interroge sans cesse, on veut maîtriser, et ne pas répondre à cette question signifierait ne pas avoir d’opinion, ce qui est mal accepté. Or, dans l’alternative entre pragmatisme ou passion, cette dernière fait rêver, tout en générant des craintes. Les avis sont donc très partagés avec une quasi-égalité des réponses, que je trouve frappante. »
De son côté, Sophie Cadalen met également en question le terme “gestion” : « Que signifie “gérer” aujourd’hui ? On parle de gestion du stress, du temps, de sa liberté, de sa sexualité même, avec pléthore de manuels conçus dans un esprit très méthodologique… Alors que les normes s’effritent, on fait de plus en plus appel à elles comme à des repères. »
PAS DE BUSINESS PLAN EN AMOUR
Pour Jean-Claude Kaufmann, « sur un site de rencontres, on jouit d’un grand confort, car on peut se déconnecter, ce qui aide à se livrer et à découvrir l’autre. Puis vient le face-à-face, beaucoup plus impliquant, avec la possibilité de l’engagement. Souvent, en quelques secondes, on a une réaction d’attirance ou de rejet : on fonctionne effectivement au feeling, mais celui-ci n’est pas le même selon qu’on recherche un partenaire pour la vie ou juste pour un soir. Nous sommes au cœur de la complexité de l’amour, ce mélange subtil de réflexion et d’émotion. »
Sophie Cadalen, quant à elle, rejoint le point de vue du sociologue en faisant référence à Freud : « Lorsqu’on lui demandait à quoi servait la psychanalyse, il répondait “à aimer et à travailler”. À mon sens, ce sont les deux domaines de la vie où l’on investit tout, où l’on est confronté aux autres, à soi, à la vie en général. »
Si entre raison et sentiment les Français hésitent parfois, ils ont cependant parfaitement conscience de la place de l’émotion dans leur vie amoureuse : pour preuve, dans un précédent sondage Meetic , ils étaient 69 % à écouter leur “instinct amoureux”…
Sophie Cadalen est psychanalyste, spécialiste du couple et écrivaine. Elle est notamment l’auteure d’“Inventer son couple” (Eyrolles, 2006), “Ni Mars, ni Vénus” (Leduc S Éditions, 2006) ou encore “Tout pour plaire et toujours célibataire” (Albin Michel, 2009). Par ses différents romans, essais et pièces de théâtre, elle bat en brèche les idées reçues et la pensée unique autour de l’amour et des relations hommes/femmes aujourd’hui.
Jean-Claude Kaufmann, sociologue et chercheur au CNRS, scrute la vie quotidienne et s’est plus particulièrement concentré sur la sociologie amoureuse. Il a publié de nombreux ouvrages, dont “Premier matin” (Armand Colin, 2002), “La Femme seule et le prince charmant” (Pocket, 2009), “ Sociologie du couple” (PUF, 2010), “Sex@mour” (Armand Colin, 2010) et, tout récemment, “C’est arrivé comme cela” (JC Lattès, 2012).
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