Ce matin, à 7h40, un militant de Greenpeace, à bord d’un paramoteur, a survolé la centrale du Bugey (Ain, 35 km à l’est de Lyon), pénétrant un espace aérien interdit. Illustrant la vulnérabilité des installations nucléaires à la menace aérienne, il a réussi à déposer des fumigènes sur l’un des réacteurs et a atterri à l’intérieur du site.
“Ce survol illustre la vulnérabilité des sites nucléaires français face à la menace d’une attaque aérienne. Alors que l’Allemagne a pris en compte la chute d’avion dans ses tests de sûreté, la France refuse toujours d’analyser ce risque pour nos centrales“, constate Sophia Majnoni d’Intignano, chargée des questions Nucléaires chez Greenpeace France.
Nicolas Sarkozy et François Hollande unis par leur déni du risque nucléaire
À 4 jours du second tour de l’élection présidentielle, Greenpeace interpelle les deux candidats finalistes, afin qu’ils s’engagent à lancer une analyse approfondie des risques d’agressions extérieures d’origine humaine sur les centrales nucléaires, dont la chute d’avion fait partie.
“Il y a 60 ans, au moment de leur conception, la chute d’un avion de ligne sur les centrales nucléaires françaises, qu’elle soit accidentelle ou intentionnelle, était à peine envisagée. Dans un monde “post 11 septembre”, ce risque doit être sérieusement étudié“, poursuit Sophia Majnoni. “Par ailleurs, Fukushima nous a enseigné que le plus improbable peut arriver. La prise en compte de l’ensemble des risques nucléaires en Allemagne a abouti à la conclusion que le nucléaire sûr n’existe pas et à une décision de sortie du nucléaire. En France, pour l’instant, on préfère ignorer ces risques et persister aveuglément dans le nucléaire, au mépris de la sécurité des Français.”
Les centrales françaises, pas conçues pour résister à la chute d’un avion de ligne
Greenpeace publie ce jour une étude réalisée par un expert britannique sur la vulnérabilité des centrales nucléaires françaises aux chutes d’avion (résumé en français ; texte intégral en anglais : http://bit.ly/JWmidV).
La chute d’un avion de ligne sur une centrale nucléaire, jugée peu probable par les autorités de contrôle, n’a jamais été prise en compte ni dans la conception, ni durant l’exploitation de nos installations. Pourtant, dans ce cas, les confinements primaires des 58 réacteurs seraient confrontés à un risque de défaillance. De même, les bâtiments abritant les piscines de refroidissement des combustibles irradiés seraient soumis à un risque de perforation ou d’effondrement de leur structure. Ces piscines, qui contiennent souvent plus de combustibles radioactifs que les réacteurs eux-mêmes, peuvent être à l’origine d’un accident nucléaire majeur.
Les 34 réacteurs de 900 MW, ceux du Bugey, mais aussi ceux de Fessenheim, Gravelines, Dampierre, Blayais, Chinon, Saint-Laurent et Cruas, sont particulièrement vulnérables aux agressions extérieures en raison d’un confinement primaire en béton simple doublé d’une paroi métallique intérieure.
Une accumulation de preuves : une vidéo d’un survol de… l’usine de La Hague
Greenpeace publie aussi une vidéo inédite montrant des images aériennes de l’usine de retraitement de la Hague. Ces images, tournées en novembre 2011 par un engin volant équipé d’une caméra, sont une autre preuve que rien n’a été fait pour prendre sérieusement en compte la menace d’une attaque aérienne sur les installations nucléaires françaises.
Sur le site de la Hague, sont stockés plus de 10 000 tonnes de combustibles irradiés dans des piscines de refroidissement, ainsi que 64 tonnes de plutonium. Ces matériaux hautement radioactifs ne sont protégés que par des bâtiments simples sans renforcement spécifique contre la menace aérienne.